Grève à Naciria (Boumerdès) : Les arrestations font monter la tension

Au moins une vingtaine de jeunes de Naciria ont été interpellés en début de matinée près du tribunal de Bordj Menaïel, où devait être jugés les six manifestants arrêtés au lendemain du référendum pour l'amendement de la Constitution.La police a ratissé large. Les personnes interpellées ont prévu un sit-in devant le tribunal en signe de soutien à leurs camarades, mais elles ont été embarquées dans des fourgons avant leur arrivée sur les lieux. Cette campagne de répression a été vivement dénoncée par la population de Naciria.
Hier, tous les commerçants de la ville ont baissé rideau pour exiger la libération des jeunes incarcérés au lendemain de violents heurts. Certains manifestants ont été poursuivis pour «attroupement armé», «violence contre les agents de l'ordre» et «trouble à l'ordre public». Le procureur a requis hier à leur encontre sept ans de prison ferme. Le verdict sera prononcé le 18 du mois en cours. «C'est une provocation de trop. Nos élus se sont réunis, avant-hier, avec le wali et le chef de sûreté de wilaya en vue de calmer les esprits. Mais ce qui s'est passé aujourd'hui dénote le contraire. Doit-on attendre qu'il y ait des dérapages pour prendre les mesures qui s'imposent '» se demande un jeune.
Malgré les appels à la vigilance, un calme précaire régnait en fin d'après-midi au chef-lieu. Si certains demandaient des nouvelles des personnes arrêtées, d'autres jugent «très sévère» la peine requise par le procureur à l'encontre des jeunes manifestants. Laminée par le chômage et l'oisiveté, la frange juvénile locale voit tous les horizons s'assombrir devant elle. «La situation empire de jour en jour. Il ne nous reste que la harga.
L'espoir de changement s'est évaporé. La preuve, nous n'avons même pas le droit de critiquer nos gouvernants. Cela fait dix ans qu'on parle de la réalisation d'usines à la zone d'activités pour créer de l'emploi, mais on n'a encore rien vu. Comment voulez-vous que nos jeunes ne versent pas dans la consommation de drogue et autres», regrette un quadragénaire qui aspire voir sa localité renouer avec son calme d'antan.
Advertisements