Malgré les nombreuses polémiques, le road-trip de Peter Farrelly l'emporte face aux souvenirs d'enfance d'Alfonso Cuaron dans Roma. Ce choix couronne une soirée qui a multiplié les surprises dans ses derniers instants.Netflix n'écrira pas encore l'histoire. Grâce à Roma d'Alfonso Cuaron, la plateforme SVOD repart certes de la 91e édition des Oscars les bras chargés de statuettes, avec dans son escarcelle l'Oscar du meilleur réalisateur, de la meilleure photo et du meilleur film étranger mais le trophée suprême lui échappe. L'oscar du meilleur film est allé au plus conventionnel Green Book : sur les routes du Sud, le road-trip de Peter Farrelly dans l'Amérique de la ségrégation des sixties d'un un prodige du jazz et de son chauffeur. Ce choix doit sans doute beaucoup au système complexe de vote préférentiel qui régit la catégorie du meilleur film. Les 8000 membres de l'Académie classent par ordre de préférence cinq films. Mais le gagnant n'est pas forcément celui qui récolte le plus de pôle-position. Tant qu'un film ne regroupe pas 50% des votes, les suffrages sont redistribués.
L'?uvre nommée ayant obtenu le moins de premières places est éliminée. Le film arrivé en deuxième position sur les bulletins concernés prend la première place et son vote est ajouté au total récolté par ce long-métrage lors du premier tour. Cette stratégie favorise un vote de consensus. Et Roma divisait une bonne partie des votants, eu égard à sa distribution en ligne sur Netflix, et non en salle. En outre, aucun long-métrage joué dans une langue étrangère n'a jamais remporté l'oscar du meilleur film. Malgré une pluie de polémiques (désapprobation de la famille d'un des protagonistes, vision historique jugée démodée érigeant le héros blanc en sauveur), Green Book : sur les routes du Sud avait ses défenseurs qui louaient ses grands sentiments et son message appelant au vivre-ensemble.
Le périple de Viggo Mortensen et Mahershala Ali avait remporté le Golden Globe de la meilleure comédie et le prix du syndicat des producteurs qui pratique la même méthode de scrutin que les Oscars. D'ailleurs, Green Book : sur les routes du Sud est aussi reparti avec l'oscar du meilleur second rôle pour Mahershala Ali et l'oscar du meilleur scénario. La victoire de Peter Farrelly couronne une soirée qui a multiplié les surprises dans ses derniers instants après des débuts fort sages. Défiant les pronostics, l'oscar de la meilleure actrice est allé non pas à Glenn Close pour sa performance d'épouse bafouée dans The Wife, mais à Olivia Colman reine triste et capricieuse dans La Favorite. La Britannique, lauréate d'Un Golden Globe et d'un Bafta, n'en revenait pas.
«Glenn Close, tu as été une de mes idoles. J'aurais tellement aimé que tu sois à ma place ce soir». À 71 ans, la redoutable interprète des Liaisons dangereuses est l'actrice totalisant le plus de nominations (sept) sans l'ombre d'une victoire. The Wife constituait peut-être une des dernières occasions d'y remédier.
Spike Lee remet la politique sur le devant de la scène
Sans surprise, Rami Malek a empoché le titre du meilleur acteur. La star de Bohemian Rhapsody a amené à quatre le total de statuettes du biopic controversé. Malgré les déboires du réalisateur Bryan Singer, viré en cours de tournage, le film est devenu le long-métrage le plus titré des 91e Oscars. Les votants ont eu à c?ur de dessiner un palmarès diversifié et engagé. Jamais autant de femmes et d'artistes afro-américains n'ont été présents sur le podium que ce dimanche. Notamment dans les sections meilleurs costumes et décors. Plusieurs films lauréats dénoncent le quotidien fait d'inégalités des afro-américains.
Les superhéros africains de Black Panther sont repartis avec trois récompenses. Mère courage face aux préjugés racistes de la police, Regina King rafle le prix du meilleur second rôle pour Si Beale Street pouvait parler. Spike Lee a empoché le prix de la meilleure adaptation pour BlackKklansman qui raconte l'infiltration du Klu Klux Klan. Le cinéaste a réveillé la salle assoupie après une succession de discours convenus et a donné à la soirée une de ses rares saillies politiques réputées pour faire fuir l'audimat.
«Le 24 février est une date historique comme elle le fut en 1619 pour les afro-américains qui étaient arrachés à l'Afrique et réduit en esclavage», a-t-il déclaré. L'élection présidentielle est à portée de main, nous devons nous mobiliser et faire le bon choix entre l'amour et la haine, et être du bon côté de l'histoire». Le sanguin Spike Lee n'a d'ailleurs semble-t-il guère goûté la victoire de Green Book. Il aurait essayé de quitter la salle de spectacle au moment des discours.
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Posté Le : 27/02/2019
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : C J
Source : www.lnr-dz.com