Les dirigeants grecs devaient entamer hier une tournée européenne destinée à rallier le plus possible de pays contre les politiques d'austérité, face à une Allemagne toujours aussi intransigeante et après avoir joué l'apaisement.Le Premier ministre Alexis Tsipras a demandé samedi, dans un communiqué transmis par son bureau, du temps pour respirer, et a assuré ne pas chercher le conflit. Comme il l'avait dit pendant sa campagne, le chef du parti de gauche radicale Syriza a promis de ne prendre aucune décision unilatérale concernant le sujet très épineux de la dette de son pays. Irresponsable ' Dans une interview parue dans la matinée, la chancelière Angela Merkel lui a à nouveau signifié son refus de tout effacement, même partiel, de la dette grecque, détenue pour l'essentiel par les Etats européens. Le président du Parlement européen, l'Allemand Martin Schulz, a même qualifié l'attitude du gouvernement grec d'irresponsable. C'est contre cette ligne dure incarnée par Berlin que le parti antilibéral espagnol a mobilisé samedi à Madrid des dizaines de milliers de partisans, galvanisés par la victoire électorale de leur allié Syriza.Pendant ce temps à Athènes, le bouillant ministre des Finances Yanis Varoufakis a tenté d'éteindre l'incendie qu'il avait allumé vendredi en rompant sèchement avec la troïka. Cette délégation d'experts du FMI, de la BCE (Banque centrale européenne) et de l'Union européenne valide le versement des aides à la Grèce en évaluant sa politique économique et budgétaire.Dans un entretien à paraître dimanche dans le magazine To Vima, M. Varoufakis adoucit son propos et dit ne pas vouloir faire perdre son temps à la troïka, parce qu'elle n'est pas habilitée à discuter du fond et de la logique du dispositif d'aide de 240 milliards d'euros mis en place à partir de 2010 pour la Grèce.Or, c'est cette logique que la Grèce veut revoir par un New deal européen, en commençant par effacer une partie au moins de sa dette de 315 milliards d'euros, l'équivalent de 175% de son produit intérieur brut. La banque Lazard recrutée Athènes prendra pour ce faire conseil auprès de la société franco-américaine Lazard, dont le vice-président pour l'Europe Matthieu Pigasse a plaidé publiquement vendredi en faveur d'un effacement de 100 milliards d'euros de cette dette.C'est pour défendre aussi un vaste programme de relance (réembauche de fonctionnaires, hausse du salaire minimum, aide aux ménages pauvres) et la fin des privatisations, dont celle de l'emblématique port du Pirée, que MM. Tsipras et Varoufakis entament une tournée dans les capitales européennes.Le ministre des Finances part dès samedi pour Paris.Il rencontrera dimanche à 17H00 (16H00 GMT) son homologue Michel Sapin, qui a déjà dit son intention de jouer les traits d'union entre la Grèce et l'Allemagne, puis le ministre de l'Economie Emmanuel Macron. Il verra ensuite ses homologues britannique George Osborne à Londres lundi, et italien Pier-Carlo Padoan à Rome mardi.M. Tsipras commencera, quant à lui, dimanche par Chypre. Il ira ensuite lui aussi à Rome mardi, et à Paris mercredi.Pour l'instant, les ministres grecs n'ont pas prévu de se rendre à Berlin, et le dialogue de sourds se poursuit donc par voie de presse.Le ministre des Finances Wolfgang Schäuble a assuré dans une interview samedi : Si j'étais un homme politique grec responsable, je ne mènerais pas de débats sur un allègement de la dette.Le camp de la rigueur donne de la voix L'Allemagne n'est pas seule: le Premier ministre portugais Pedro Passos Coelho a refusé toute conférence qui serait proposée afin d'annuler ou de restructurer la dette. A Berlin, on croit savoir que les pays baltes sont eux aussi partisans de la fermeté à l'égard de la Grèce.Ce camp de la rigueur a reçu samedi le soutien du gouverneur de la Banque centrale de Finlande Erkki Liikanen, membre de la direction de la BCE. Il a rappelé samedi que le plan d'aide à la Grèce arrivait à échéance à la fin février, par conséquent une solution doit être trouvée, sinon nous ne pourrons continuer à prêter. A cette date, le plan prévoit le versement de 7,2 milliards d'euros, si Athènes a rempli ses engagements. Mais elle ne fait rien en ce sens. Ainsi samedi soir le ministre de l'Economie George Stathakis a annoncé une loi instaurant un allègement radical de la dette des Grecs pauvres ne pouvant rembourser leurs emprunts bancaires, avec de robustes critères sociaux. Or la Grèce ne semble guère pouvoir se permettre d'être lâchée par la BCE, qui soutient ses fragiles banques, elles-mêmes seule source de financement de l'Etat grec. Merkel exclut une réduction de la dette grecqueLa chancelière allemande Angela Merkel a exclu dans un entretien à la presse un nouvel effacement de la dette de la Grèce comme le souhaite le nouveau Premier ministre grec Alexis Tsipras.Il y a déjà eu un renoncement volontaire des créanciers privés, les banques ont déjà renoncé à des milliards de créances sur la Grèce, a justifié la dirigeante allemande dans un entretien au Hamburger Abendblatt. Je ne vois pas de nouvel effacement de la dette, a ajouté Mme Merkel dans le quotidien de Hambourg (nord).Il s'agit de la première interview de la chancelière depuis la victoire de la Gauche radicale Syriza en Grèce dimanche. Jusqu'à présent, la chancelière, très décriée en Grèce pour l'orthodoxie budgétaire qu'elle prône depuis le début de la crise de la dette en zone euro, avait réagi par communiqué à la nomination de M. Tsipras ou par la voix de son porte-parole.Début 2012, la Grèce avait procédé à une opération d'échange de dette: les créanciers privés avaient vu leurs titres remplacés par d'autres moins rentables. Quelque 100 milliards d'euros de dette ont ainsi été effacés. Mais le pays, sous assistance financière internationale depuis 2010, croule toujours sous le poids d'une dette qui atteint quelque 175% de son Produit intérieur brut (PIB). L'Europe va continuer de montrer sa solidarité à la Grèce comme aux autres pays particulièrement touchés par la crise si ces pays entreprennent des réformes et des mesures d'économies, a poursuivi la dirigeante, adepte de l'austérité rejetée par les nouvelles autorités à Athènes.Interrogée sur les premières annonces du gouvernement de M. Tsipras comme l'augmentation du salaire minimum et l'embauche de fonctionnaires, Angela Merkel a souligné: Nous, c'est-à-dire l'Allemagne et les autres partenaires européens, nous attendons de voir avec quel concept le nouveau gouvernement grec vient vers nous. M. Tsipras, qui a prévu de se rendre en Italie et en France mardi et mercredi, souhaite une renégociation de la gigantesque dette de son pays. Mais il s'oppose à une fin de non-recevoir de dirigeants européens qui ne cessent de rappeler la Grèce à ses engagements, en particulier l'Allemagne. Aucune visite du nouveau Premier ministre grec n'est pour le moment prévu à Berlin. Je me réjouis de continuer à renforcer l'amitié de nos deux peuples, a souligné la chancelière dans le quotidien local qui l'interrogeait sur le ressentiment de nombreux Grecs en difficultés à l'égard de son gouvernement. Je souhaite que la Grèce connaisse le succès, a-t-elle insisté. De nombreuses personnes là-bas ont vécu des temps difficiles, je le sais. Et la plupart des Grecs ne peuvent rien contre le fait que durant des décennies tant de choses ont été mal faites dans le pays. Le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, s'est montré intraitable sur un effacement même partiel de la dette grecque. Si j'étais un homme politique grec responsable, je ne mènerais pas de débat sur un allègement de la dette, a-t-il souligné dans un entretien à Die Welt samedi. Quand on connaît le financement de la dette grecque, on sait qu'il n'y a pas de problème jusqu'en 2020, a-t-il poursuivi en s'appuyant sur les prévisions du FMI qui table sur une réduction de la dette à 112% du PIB d'ici 2020.Selon un récent sondage, 76% des Allemands sont contre un effacement de la dette grecque et 79% estiment qu'Athènes doit s'en tenir aux mesures d'économies décidées.
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Posté Le : 02/02/2015
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Mustapha S
Source : www.lemaghrebdz.com