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Grèce : le talon d'Achille de l'UE



Grèce : le talon d'Achille de l'UE
Et voilà le couvert remis pour les Grecs. Ne se seraient-ils pas finalement bien serré la ceinture ' C'est vraisemblablement la conclusion à laquelle sont parvenus les experts qui leur avaient dicté une conduite lors des harassantes tractations d'octobre dernier, dans une UE menacée de «désagrégement» en raison des divergences des Etats «pour» et d'autres «contre» la proposition de réduire fortement la dette grecque.Depuis mardi, les rues d'Athènes sont, à l'annonce de la visite des experts de la troïka et la très possible, voire inévitable, autre cure de minceur d'un train de vie extrêmement austère déjà, ébranlées par une ire populaire que ne démentiront certainement pas les dimensions mythologiques de l'histoire de la Grèce antique. Pourtant, peuple dans la rue et grève générale dans le secteur privé ne risquent pas d'émouvoir les représentants de l'UE, lesquels, somme toute, pourraient laconiquement convaincre ceux qui les ont mandatés de l'impossibilité de sauver un pays d'abord et un nouveau gouvernement jouant aux pompiers qui s'évertue à éteindre un gigantesque feu de forêt à l'aide de seaux d'eau. Autrement dit, une manière comme une autre d'apporter la preuve de son incapacité à réagir à toutes les turpitudes dans lesquelles il a été presque d'autorité plongé.Le risque de faillite se préciserait encore plus si les négociations n'aboutissent pas entre les différents acteurs du tour de table et confirmerait donc la mesure défendue, il y a trois mois, par le couple franco-allemand consistant à forcer la main aux banques créancières et arracher la décote à hauteur de 50% de la dette détenue auprès de l'Etat grec. Mais jugée crédible à l'époque, la riposte à ce qui semblait constituer l'élément moteur de la crise financière européenne ne semble plus l'être jusqu'à renforcer chez les bailleurs de fonds l'intime conviction de garder bien au chaud le nouveau prêt de 130 milliards d'euros qu'ils auront à débloquer incessamment si les conditions requises sont remplies. Mais tout cela ne le sera qu'une fois connu, après un audit, le déficit de 2011 et l'évaluation des réformes imposées depuis des mois faite. Quoi qu'il en soit, les premières indications pencheraient pour plus d'austérité encore et donc plus d'instabilité sociale dans le pays.La réalité d'aujourd'hui fait alors voir clairement que la situation est bien loin d'être aussi idyllique que l'avait laissé entendre George Papandréou avant qu'il ne quitte ses fonctions de Premier ministre. «Une nouvelle ère s'est ouverte pour la Grèce», s'était-il alors félicité suite à la mesure européenne de sauvetage laborieusement acquise à la fin du mois d'octobre 2011. Quant à un «nouveau départ» ajouté par celui-ci, un éphémère avenir l'a superbement contredit. La population grecque encore active est, depuis hier, face à un énième ultimatum, celui de concéder de nouveau des restrictions salariales dont l'élément essentiel serait la réduction du salaire minimum garanti et la suppression du 13e et 14e mois (sic), une concession qui, semblerait-il, et toujours selon les experts, restaurerait la compétitivité du pays. En fait, il s'agit d'un préalable pour le secteur privé exclusivement dans la mesure où les fonctionnaires publics ont déjà subi des réductions de salaire. Cette exigence est fondamentale pour le représentant du FMI, l'une des institutions financières membre de la troïka avec la BCE et l'UE. Le Fonds monétaire international reprochant notamment aux dirigeants grecs de n'avoir jamais soutenu une flexibilité du marché de l'emploi se contentant d'une massive suppression des postes d'emploi et ce faisant d'un exil tout autant massif d'une main-d''uvre qualifiée de jeunes élites vers l'étranger au lieu de réduire les salaires. «S'il n'y a pas de flexibilité sur les prix et les salaires, le chômage va continuer à gonfler et la croissance va sombrer (') elle doit se transformer en une économie tirée par les investissements et les exportations», juge un économiste.Mais il y a unanimité sur un constat : le risque d'effondrement définitif si les excès qui ont conduit la Grèce à une telle situation ne sont pas à jamais bannis. Les syndicats ont, vraisemblablement, répondu positivement en acceptant pour certains une réduction des rémunérations, le gel des négociations collectives même si ces concessions difficilement imaginables en d'autres temps ne semblent pas rassurer le FMI et ses partenaires européens de plus en plus exigeants au motif que «plus la Grèce mettra du temps à restaurer sa compétitivité et plus longtemps durera leur soutien». En conclusion : le peuple est le premier et seul à payer les erreurs des gouvernements qu'ils soient de droite ou de gauche qui se sont succédé. Nul n'ignorait les graves dérives du pays mais toutefois aucune partie n'a jugé honnête l'idée de se remettre en cause. C'est pour cette désinvolture qui ne dit pas son nom que le reste des pays européens n'hésiteraient pas à lâcher un des leurs. Au risque d'être victime d'un effet boule de neige qu'ils s'éviteraient volontiers.
A. L.


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