Décidément,
personne ne peut reprocher aux Grecs de manquer d'originalité dans les formes
qu'ils adoptent pour résister aux mesures oppressantes imposées par le FMI, et
les maîtres de l'euro. Il y a quelques semaines, nous avions assisté à la
naissance de ce qui a été spontanément nommé le mouvement de la pomme de terre.
Un groupe de producteurs agricoles de la région de Nefrokopi, au nord de la
Grèce, où on cultive essentiellement de la pomme de terre, s'est entendu avec
les autorités locales de Katerini, une ville non loin de Salonique, pour un
chargement de 5 tonnes de pommes de terre, qui a été revendu sur
place,directement au consommateur,à raison de 20 cents le kilo,créant ainsi un
pont de vente directe production-consommation, interdit d'accès aux différents
revendeurs et intermédiaires...
Il faut dire que
cela représente le double du prix que leur donnent habituellement les
grossistes pour leur production, ce qui est largement suffisant pour la
motivation de ces producteurs !
D'autre part, le
consommateur, habitué à payer le kilo de pommes de terre à plus d'un euro,
même, au marché, y trouve largement son compte surtout en cette période où
l'euro se fait rare en Grèce...Mais voilà,tout le monde n'est pas d'accord: car
le «marché libre» n'est pas aussi libre qu'on le pense...Et plusieurs voix se
sont élevées, pour des raisons souvent différentes, contre ce mouvement: on
parle d'hygiène, de contrôle sanitaire, d'organisation et carrément d'attaque
au système commercial … N'empêche que le mouvement a pris de l'ampleur et il
s'étend maintenant à d'autres denrées de large consommation telles que l'huile
d'olive, légumes de saison, etc.
Il serait bien sûr
assez naïf de croire que ces initiatives peuvent remplacer la distribution
commerciale telle qu'elle est vue par l'économie libre, et les organisations
agricoles elles-mêmes soulignent souvent que ce n'est là qu'un moyen comme un
autre de faire pression sur les rouages du commerce et de faire entendre leur
voix à qui veut bien l'entendre. Pour beaucoup, il s'agit tout simplement de
participer à ce formidable esprit de solidarité nationale naissant qui est
peut-être la seule touche claire au tableau de la crise de l'euro...
Autre initiative
intéressante: la décision du Parti des Chômeurs de participer aux prochaines
élections parlementaires devant se tenir en
Mai ... Ceci est
une première, bien que ce mouvement existe depuis quelques années déjà. Son
président, M.Gabriel Avramides, a déclaré que son parti désirait devenir une
plate-forme réunissant tous les insatisfaits désirant y adhérer,toutes
tendances politiques confondues, autour de questions de base concernant la
détérioration des conditions de vie due aux mesures d'austérité de plus en plus
sévères que vivent les Grecs...Il n'a pas hésité à faire appel à tous les
parlementaires qui sont actuellement indépendants, suite à un choix personnel
ou à une exclusion de leur parti provoquée par une prise de position contraire
à la ligne du parti en question...
Le parti des
chromeurs pourrait représenter une sérieuse «menace» pour les partis
classiques, ne serait-ce que pour une éventuelle baisse de leurs pourcentages,
déjà pas très prometteurs après la dégringolade sociale et économique que
connaît la Grèce voilà maintenant près de 3 ans. Avec un taux de plus de 20% de
chômage, il faut croire que le Parti des Chômeurs n'a pas moins de chances que
les différents partis qui ont vu le jour ces deux dernières années, suite aux
divergences plus ou moins importantes au sein des partis traditionnels face à
la crise...
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Posté Le : 02/04/2012
Posté par : sofiane
Ecrit par : Mekki Fatiha : Athenes
Source : www.lequotidien-oran.com