Une forêt de mains aujourd'hui au Palais des nations pour dire oui aux cinq amendements constitutionnels proposés par Bouteflika, en réalité un seul qui compte, celui de la levée du verrou de la limitation des mandats présidentiels, les autres n'étant que des faire-valoir. Dans leur écrasante majorité, les députés vont enterrer un des plus grands acquis de l'édifice constitutionnel algérien : l'alternance au pouvoir, fixé par une des constitutions légitimes car adoptée par référendum, celle de 1996, 'uvre pourtant d'un militaire dont on ne finit pas de découvrir son potentiel démocratique, bien plus élevé que celui de la plupart des dirigeants politiques qu'a connus le pays.En s'ajoutant à la poignée d' Etats qui, dans le monde, notamment arabe, ont constitutionnalisé des présidences à vie et consolidé des pouvoirs personnels ou héréditaires, l'Algérie fait un bond en arrière alors même que sa société a considérablement évolué, se montrant extrêmement sensible aux libertés individuelles et collectives, aux droits de l'homme et à la justice, des attributs démocratiques qu'elle a découverts dans l'adversité, ayant affronté en seulement un demi- siècle trois immenses épreuves, celles du joug colonial, du parti unique et du terrorisme. Quel citoyen n'aurait pas, aujourd'hui, aimé que la refonte de la Constitution porte précisément sur ces grands idéaux démocratiques au lieu qu'elle se fourvoie dans des ambitions de pouvoir 'Le temps était pourtant venu pour que l'Algérie se normalise dans le bon sens, mette fin aux transitions et se stabilise définitivement en laissant le jeu politique se faire dans la transparence et l'alternance entre les forces les plus représentatives. Hélas, ce n'est pas le cas, les intérêts des individus, des partis et des clans l'ont emporté sur le seul intérêt qui vaille la peine : celui de la Nation algérienne. Celle-ci devra attendre encore longtemps pour renouer avec des jours meilleurs, en espérant que d'ici là la mince cohésion nationale, chèrement acquise, ne soit pas gravement fissurée et que le découragement et le désintéressement des Algériens vis-à-vis de la chose publique et surtout de la politique ne viennent pas gangrener le fragile esprit de citoyenneté.Reste que la pièce de théâtre qui se joue aujourd'hui au Palais des nations apparaît bien dérisoire par rapport aux lourds nuages qui assombrissent l'horizon économique du pays. Même le CNES, pourtant sagement rangé, prédit de mauvais jours pour l'Algérie si la rente pétrolière en vient à être durablement et sérieusement affectée par la crise. Ce ne sera pas le régime politique d'aujourd'hui, usé par dix années de pouvoir, certainement reconduit dans six mois par lui-même qui sera en mesure de dessiner un avenir meilleur au pays.
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Posté Le : 12/11/2008
Posté par : sofiane
Ecrit par : Ali Bahmane
Source : www.elwatan.com