L?Institut des sciences politiques et de l?information a été, dans la nuit de lundi à mardi, le théâtre d?une violence digne d?une période que l?on croyait à jamais révolue. Alors que les étudiants observaient à l?intérieur de leur institut un sit-in pacifique pour protester contre l?incarcération d?un de leurs collègues voilà plus d?une quinzaine de jours, les forces de l?ordre n?ont pas hésité à charger les étudiants à l?intérieur même de la franchise universitaire, pourtant censée être protégée par la loi. L?intervention musclée des forces de l?ordre s?est soldée par de nombreux blessés et l?interpellation de plusieurs étudiants. La grève qu?observent les étudiants de cet institut depuis plusieurs jours semble avoir eu raison des nerfs des pouvoirs publics qui ont pris la grave décision de réprimer le mouvement de grève sans avoir épuisé toutes les voies du dialogue pour ramener la sérénité au niveau de cette université qui va sans nul doute s?installer, avec ce dérapage que l?on aurait gagné à éviter, dans un climat d?instabilité aux conséquences incalculables. L?empressement mis par les autorités pour faire rentrer dans les rangs par la manière forte les étudiants de cette université est moins le signe de la volonté de l?Etat de rompre avec l?ère du laxisme, qui avait porté un grave préjudice à l?autorité de l?Etat, que l?expression d?un souci d?une « normalisation » de la vie publique par l?éradication de tous les foyers de contestation. A l?heure de la réconciliation nationale et de l?amnistie générale qui s?annoncent avec grand fracas, l?éruption de mouvements sociaux apparaît en effet, aux yeux des autorités, comme un acte de rébellion qui ne mérite pas un autre traitement que celui qui a été réservé aux étudiants journalistes. Au-delà de l?université qui peine à retrouver la sérénité et la quiétude du fait de son instabilité chronique, le message est aussi à l?évidence destiné à toute la société pour rappeler à tous et à chacun que la liberté de manifestation et de réunion ne se conjuguera désormais plus au présent, mais au passé. Après la stratégie du pourrissement par laquelle on s?était efforcé par le passé à régler avec les résultats que l?on sait certains conflits en misant sur l?essoufflement et l?usure des mouvements de contestation, voici donc venu ou revenu le temps de la trique érigée en régulateur de la société au lieu et place des instruments de conciliation, de dialogue et de médiation qui font la force d?un pays.
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Posté Le : 13/01/2005
Posté par : sofiane
Ecrit par : Bensalem Sofiane
Source : www.elwatan.com