Algérie

Grands choix économiques autour d?un kalbelouz



Chaque année la fin de l?été est le moment de quelques arbitrages stratégiques dans la politique économique de l?Etat. Cette fois les questions sont lancinantes auxquelles doit répondre l?Exécutif. La première a été tranchée de longue date. Le budget de l?Etat continuera en dépit du bon sens à être calculé à hauteur de 19 dollars le baril. La différence ira au fonds d?ajustement pour financer le déficit budgétaire et les décisions hors budget du président de la République, comme les rallonges aux wilayas et autres coups de tête à vif. Point de délibérations ici. La seconde question, récurrente depuis que les prix du baril ont amorcé un redressement historique en 2003, est de savoir s?il faut augmenter les salaires publics et dans quelles proportions. Arbitrage rendu. La nouvelle grille des salaires sera effective à partir du 1er janvier prochain. Des batailles sectorielles, comme celles des enseignants de lycée qui s?annoncent, ajusteront le niveau de l?augmentation. Influence à la marge sur la tendance. Le grand choix d?un bond des revenus salariaux de la fonction publique a enfin été fait, au moment où une étude révèle la présence de fonctionnaires dans les boat people algériens vers l?Europe. Ses retombées sur la conjoncture peuvent être bien plus importants que ce qui y paraît. Dossier à suivre en 2008. Faut-il continuer à déposer massivement ces excédents de la balance de paiement en bons du Trésor américain ? Voilà une question intrus de la rentrée 2007. Le taux de rémunération américain a amorcé un virage à la baisse depuis deux mois pour cause de crise des « subprimes » et de nécessité de soutenir la croissance en assouplissant le crédit. 40 milliards de dollars est un montant astronomique. Partout dans le monde il susciterait un débat à l?assemblée nationale. Faut-il d?ailleurs libeller en dollars toutes les livraisons de pétrole alors que l?Iran a ouvert une brèche en acceptant des euros pour le paiement de son pétrole et de son gaz ? La dépréciation des dépôts algériens en dollars est d?environ 25% depuis trois ans. C?est comme si Sonatrach vendait un bon cinquième - c?est ce qui correspond aux dépôts aux Etats-Unis ? de ses hydrocarbures, tous les ans, 25% en dessous des cours mondiaux. D?autres questions encore alimentent la saison automnale tous les ans. De combien faut-il baisser la pression de la fiscalité ordinaire sur les entreprises afin de faire rentrer dans la légalité un pan de l?économie informelle et de soutenir l?activité du made in Algeria ? Depuis six ans des « mesurettes » sont prises, dans chaque loi de finances, sans que personne n?ait rendu publique une évaluation des retombées sur les taux de recouvrement de l?impôt et sur l?expansion de l?investissement. La question d?une baisse stratégique des niveaux de prélèvement afin de doper la création d?entreprises est devenue pressante, maintenant que les plus sceptiques se sont convaincus que nous sommes rentrés dans une phase de longue durée d?énergie fossile plus chère. Les enjeux de politique économique sont multiples et extrêmement complexes. La machine à délibérer et à décider, elle, est univoque et convalescente. Ce ne sont certainement pas des consultations d?après f?tour entre le président de le République et les ministres que va jaillir la lumière. Sauf à arbitrer entre les projets architecturaux de la grande mosquée d?Alger, une ?uvre surdimensionnée que l?on ne devrait peut-être pas décrier trop vite et attendre les effets induits sur le tourisme dans 30 ans. Bouteflika décidera seul pour un chèque de deux milliards de dollars. Un indicateur de la délibération économique sur les autres dossiers.


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