Algérie

Grandeur et misère des zaouias



Grandeur et misère des zaouias
La zouia jazoulia, la plus importante du Témouchentois parce qu'elle a un rayonnement national, a célébré sa waâda la semaine écoulée. C'est certainement l'une de ses dernières, car elle vit une situation analogue à celle de ces planètes mortes depuis des lustres et dont la lumière chemine illusoirement à travers l'espace sidéral.Au nombre d'une dizaine, réparties à travers la wilaya, les zoui se distribuent sur trois ordres religieux, les tarikas kadiria, tijania et aïssaouya. Cependant, dans leur mode d'existence, elles relèvent davantage du maraboutisme que de la forme du confrérisme. Avec très peu d'adeptes, elles ont une influence limitée à leur village et parfois même pas au-delà de leur quartier d'implantation. Certaines ne disposent pas d'un siège, tout au plus de la koubba d'un saint-patron comme signe de ralliement.Elles n'ont pas à leur tête de chefs charismatiques ou de personnalités religieuses au savoir théologique qui en imposerait. Paradoxalement, bien que sans pouvoir de mobilisation, sans relais au sein de la population, elles ont repris une vigueur mais toute factice du fait d'avoir été remises au goût du jour par les pouvoirs publics. Cependant, de toutes, le président de la République a rendu visite à la zajoulia de Oulhaça. C'est qu'elle est la principale de la tariqa chadilya en Algérie. Elle a même un moqadem à Aubervilliers.El Bouhmidi, l'un des principaux lieutenants de l'Emir Abdelkader y a étudié. Depuis cette visite, ministres, walis et diverses personnalités mues par l'opportunisme, celui de plaire au prince, se bousculent au portillon, ce qui n'a pas manqué de réveiller les sourdes querelles entre les Jazouli et celui des leurs qui préside aux destinées de la zaouia, en l'occurrence le vieux Abdelkrim Abidine dit chikh El Gazouli, 91 ans.Sous son autorité, la Jazoulia intervient dans des missions de bons offices entre les familles, soigne ceux qui ont été mordus par un reptile venimeux, du fait d'un pouvoir de guérison en la matière et qui ressortirait de la «karama» des Jazouli. La principale querelle entre le cheikh et le dernier de ses frères encore vivant jusqu'à ces dernières années, a porté sur cette histoire de «karama» mise en relief par des pratiques foraines calquées sur les miracles attribués à Si Mohamed Ben Aïssa, le fondateur, au 16e siècle de l'ordre des Aïssaoua, ce qui se traduit, entre autres tours spectaculaires de Aïssaoua, jonglant avec des serpents venimeux capturés la veille de waâda.L'opposant était, selon des témoignages, un érudit en sciences islamiques contrairement au cheikh el Gazouli. Le défunt voulait que l'action de la zaouïa soit centrée sur l'enseignement coranique qui a été perdu de vue jusqu'à aujourd'hui. Le vieux Gazouli, plutôt que de lâcher du lest et d'associer la parentèle qui compte, a fait le vide autour de lui sur la durée. Mauvaise politique, puisque depuis, il y a les neveux qui, eux, réclament le contrôle des ressources de la zaouïa. Face à ces décrédibilisantes querelles, les familles qui comptent à travers le Témouchentois boudent la zaouïa.Déjà, sa fête votive n'attire plus les khouans de toute l'Algérie, du Maroc et de Tunisie. Pour sa part, Mme Zerhouni, l'ex-wali avait coupé les vivres. Du coup, la traditionnelle waâda n'a pas eu lieu le temps que cet ex-chef de l'exécutif de wilaya était là, ce qui dénote de la fragilité d'une zaouia incapable, l'était-elle à ce point ' de réunir des fonds aussi peu importants pour sa waâda. Le nouveau wali a renoué avec le cheikh. Est-ce lui qui a financé la waâda 'Toujours est-il que le cheikh a été, la semaine dernière, à l'accueil du wali lors de sa visite de travail à la daïra de Oulhaça et a déjeuné avec la délégation qui l'accompagnait, délaissant ses invités venus d'ailleurs pour la waâda. Ses neveux n'ont pas apprécié. L'un d'eux, nous faisant le tour de la mosquée, réalisée avec des fonds publics, nous donne à voir la saleté autour : «Imaginez, il y a peu de gens qui y font leur prière. On la fait chez soi où ailleurs le vendredi !». Et l'avenir ' : «Ce sera la curée à la mort du cheikh !»




Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)