Sur le plateau d'un des démembrements de l'ENTV, une émission dont on a du mal à saisir le genre. Dans sa conception, ses « invités », ses « centrages » et son « discours dominant », on pouvait à la fois trouver de la variété à la petite semaine, le « débrief » d'un match de foot victorieux où tout le monde affichait une mine radieuse et quelques « crochets » politiques où le principe entendu consistait en un hilare et hilarant unanimisme dans le propos. Aux quatre coins de l'assistance, manifestement triée sur le volet, quelques écriteaux au contenu bateau. Il y a d'abord l'inusable « Algérie libre et démocratique ». Dans le contexte de son lancement il y a déjà longtemps, il avait un sens, une identité et une portée. Dans cet espace, on en a fait, dans le meilleur des cas, un mot d'ordre d'engagement a minima. Repris dans une ambiance folklorisée à l'extrême, il perd sa quintessence de ne préfigurer aucune clarté dans la perspective. Ensuite le moraliste et manichéen « khawa, khawa ». Lancé dans la rue, il supposait l'union dans le combat pour des objectifs partagés, le respect des différences pour un destin commun et peut-être bien un certain sens du compromis utile. Ici, il n'inspire qu'un dérisoire, sinon grossier « tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil ». Pour terminer en apothéose, il n'y avait qu'à convoquer Rabah Driassa dans son chant mielleusement patriotard et ils l'ont fait ! Au vu de la configuration générale de la « fête », on ne voit d'ailleurs pas ce qui les en empêcherait. Le téléspectateur ordinaire ne pouvait pas vraiment savoir ce qu'on célébrait dans ce moment de grande et généreuse « communion » et avec de tels ingrédients. Néanmoins, ceux qui ont imaginé ça le savaient très bien. S'ils voulaient offrir aux Algériens un moment de télé qui rende les palpitations actuelles du pays, ils s'y prendraient autrement. En organisant le débat libre et contradictoire, en diffusant les chants repris dans la rue, en reprenant ses mots d'ordre les plus significatifs et en ouvrant les portes du futur. Depuis deux vendredis, ce qui tient encore lieu de « pouvoir » nous délivre de sibyllins messages dont l'essentiel tient dans l'invitation à de nouveaux alignements. L'appel des sirènes semble avoir déjà séduit quelques pans d' « élite » qui donnent l'impression de « n'attendre que ça ». Si on ne pouvait pas attendre mieux de leur engagement qu'on devinait au rabais, on pouvait tout de même espérer que l'historique mobilisation populaire, par l'ampleur de son volume et le niveau de sa détermination, pouvait les pousser vers l'intégration de ses grandes ambitions pour le pays. On sait déjà que l'épreuve qui se jouera demain à? Club-des-Pins avec l'option Bensalah est dérisoire même si elle peut susciter de nouveaux ralliements. La rue a déjà délivré ce qu'elle en pense vendredi passé. S'il n'y a pas un sursaut de lucidité avant ça, le mouvement populaire pourrait formuler un autre message vendredi prochain. Si ce n'est avant.S. L.
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Posté Le : 08/04/2019
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Slimane Laouari
Source : www.lesoirdalgerie.com