Algérie

Grande-Poste : Zahouania fait la joie du public



La Grande Poste à Alger-Centre s'habitue peu à peu aux sonorités africaines. Chamarrée, elle ne l'a jamais été autant que ces derniers jours. Des genres musicaux, de toutes les régions du pays s'y retrouvent chaque soir. Mais qui aurait parié pour autant que le centre-ville verra le passage de tel ou tel groupe ou chanteur qui interpréterait tous les genres musicaux, même ceux dont les textes ne devraient pas être chantés en public ' Le raï, genre plutôt audacieux, qui fut toujours refoulé dans des endroits insoupçonnés de la ville, a eu droit de cité, à la faveur de ce 2e Festival panafricain. Le Panaf', de ce côté-là, a été une chance, concédons-le. Il nous a fait découvrir cette part de nous-mêmes que l'on voudrait refouler, dérober, honteux que nous sommes. Mardi, l'atmosphère fut autre, convenons-en. Zahouania a fini par venir, alors qu'elle devait monter sur scène la veille. Elle apparaît enfin dans l'embrasure de la scène métallique. Elle, toujours, avec son regard marqué n'apparaissant qu'à travers ses lunettes. Chaba Zahouania garde toujours sa forme et cette gestuelle qui la distinguent de tous les autres chanteurs raï face auxquels elle s'impose.Et les jeunes, nombreux sur l'espace attenant à l'édifice néo-mauresque d'Alger-Centre, qui en font leur idole incontestée, le savent incontestablement bien. Zahouania reste toujours la « chaba » qu'elle était, malgré les outrages du temps. Native d'Oran, Zahouania a fait son entrée dans le monde du raï en 1986. Le raï de Halima Mazzi, son nom à l'état civil, lui est spécifique. Elle, seule, en garde la marque. Son répertoire reste riche ; ses albums se succèdent, mais ne se ressemblent que par quelques aspects. Surtout sa voix enrouée. D'abord « meddaha », c'est en 1981 qu'elle réalise son premier enregistrement. Cinq ans plus tard, Khâli ya khâli (Mon oncle, oh mon oncle), qu'elle interprète avec Cheb Hamid, l'a fait connaître du grand public, pas seulement de l'Ouest algérien. En 1987, c'est aussi le succès avec El Barraka (Baraque), et c'est Hasni, lui aussi débutant, qui lui donne la réplique. Succès. Son premier passage à Alger à l'été 1987 fut inoubliable. Celui de mardi dernier le restera aussi.


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