«Djamâa Lekbir»est une mosquée de plus de 870 ans, aujourd'hui, «en partie défigurée après unetentative de réhabilitation inappropriée», estiment de vieilles figuresconstantinoises.En effet,l'opération de rénovation de cette mosquée a surtout consisté à ajouter unedalle de béton à la « maida » et à remplacer le mihrab en bois précieux par dubois de charpente. Il était possible de rénover, affirment certaines voixautorisées, sans dénaturer des acquis architecturaux de plus de cinq sièclesd'existence.Il faut savoirque Constantine compte de nombreuses mosquées, aussi renommées les unes que lesautres, ainsi que des zaouïas toutes dispersées dans la médina. Djamâa Lekbirreste l'édifice le plus prestigieux et le plus représentatif de l'artarabo-musulman. La Grande Mosquée (puisque les historiens ont retenu cettedénomination) fut édifiée en 1136 à la dernière période des Hammadites, à uneépoque où Constantine connaissait un développement rarement égalé.Elle prit au fildu temps une importance et une audience confortées par une grande stabilité àtravers le pays. Selon l'archéologue Mercier qui a donné son nom au Musée deConstantine, en 1961 fut découverte une inscription sur laquelle était écrit «ceci est l'oeuvre de Mohamed El Taalabi en l'an 530/1136» au lieu de 633/1236,ce qui lui fait 871 années d'existence.Bien que lacolonisation ait amputé en partie la mosquée, en jetant une «saignée», pourséparer la médina en deux parties, lors de la réalisation de la rue Ben M'hidi,la disposition générale est restée la même depuis l'époque Hammadites. L'ondistingue encore une belle et vaste salle de prières et une cour intérieure(shane) couverte, le tout formant un trapèze dont les bases font 24 mètres et22 mètres tandis que la hauteur atteint 22 mètres. On peut encore contempler leminaret à deux étages, les quatre portes finement sculptées ainsi que quatorzenefs nervurées et de multiples colonnes cannelées, autant d'oeuvres qui ontfait l'admiration des historiens arabes et étrangers.Mais ce qui estégalement mis en exergue c'est le rôle social et économique au sein de la cité.Toujours selon Mercier, des souks se sont implantés autour de ce lieu de culteavec les traditionnels corps de métiers corporatifs.Des «fondouks»offraient le cadre idéal à des réseaux d'échanges commerciaux et culturels,dont il subsiste encore des vestiges et même des édifices témoins, comme celuide «Fondouk El Zeit» ou des places fort connues et encore très courues comme«Rahbat Souf» et «El Batha» de part et d'autre de la rue Ben M'hidi.Aujourd'hui,Djamâa Lekbir a subi des transformations qui, si l'on n'y prend pas garde,risqueraient un jour d'entraîner des dommages irréversibles, capables dedénaturer cet édifice qui reste un des témoins d'un passé plusieurs foiscentenaire.
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Posté Le : 15/07/2007
Posté par : sofiane
Ecrit par : ABenkartoussa
Source : www.lequotidien-oran.com