Algérie

Grande-Bretagne : Nouveau budget de rigueur, mais l'impôt des riches devrait baisser



Le gouvernement britannique dévoile, aujourd'hui, un nouveau budget de rigueur, le troisième d'affilée, qui devrait s'accompagner d'une baisse hautement symbolique et controversée du niveau d'imposition des plus riches. Pour justifier la poursuite de l'austérité, le ministre des Finances George Osborne répète qu'il n'y a pas d'alternative à sa stratégie visant à réduire à marche forcée un déficit qui devrait encore approcher 7% du produit intérieur brut (PIB) en 2012/2013. M. Osborne pourra aussi rappeler la récente mise en garde de l'agence d'évaluation financière Fitch Ratings sur un abaissement de la note du Royaume-Uni en cas de relâchement de la politique budgétaire. Or la sauvegarde du sacro-saint "AAA" reste pour Londres une priorité absolue afin de financer sa dette au meilleur coût. Les nouvelles prévisions officielles divulguéesaujourd'hui devraient écarter un retour en récession, mais la croissance reste en berne, autour de 0,7% pour 2012. Faute de recettes, les coupes se poursuivront donc dans tous les budgets publics. Alors que le pays est appelé à continuer à se serrer la ceinture et que le chômage bat des records, c'est la contribution des plus riches à l'effort général qui focalise l'attention. Selon une décision donnée comme acquise par la presse, le taux marginal d'imposition de 50%, décidé par le précédent gouvernement travailliste sur les revenus annuels supérieurs à 150'000 livres (180 000 euros), devrait être ramené à 45%. Le Premier ministre conservateur David Cameron et son ministre des Finances répondraient ainsi à une demande pressante des milieux d'affaires, quitte à conforter leur image d'"amis des riches". En baissant l'impôt, ils estiment encourager l'esprit d'entreprise, et donc la croissance, tout en ouvrant les bras aux investisseurs étrangers. Cette décision pose pourtant un sérieux problème aux libéraux-démocrates, membres de la coalition au pouvoir, qui ont placé la lutte contre les inégalités en tête de leur agenda politique. A l'issue de négociations serrées, les "libdems" semblent une fois encore avoir perdu la partie face à leurs alliés, à tel point que certains députés de base auraient menacé de ne pas voter le budget lors de sa présentation au Parlement. Le vice-Premier ministre Nick Clegg, chef des libéraux-démocrates, avait demandé en échange l'instauration d'une taxe spéciale sur les "belles demeures" de plus de 2 millions de livres. Demande rejetée par les conservateurs, car elle toucherait de plein fouet leur électorat. Le gouvernement semble finalement avoir retrouvé un minimum d'unité en approuvant une série de mesures contre l'évasion fiscale. M. Osborne a promis d'être "extrêmement combatif" sur les taxes immobilières auxquelles échappent rock-stars, banquiers ou joueurs de football en établissant des sociétés offshore. Mais il n'est pas certain que cela suffise à convaincre l'opinion, à l'heure où les centres sociaux et les bibliothèques publiques ferment par centaines. Selon un sondage publié dimanche, 52% des Britanniques sont opposés à la suppression de la tranche d'imposition pour les plus riches, contre 29% qui l'approuvent. Un leader syndical, Bob Crow, a même prédit "le retour des émeutes" si la mesure est adoptée. De l'avis général des experts, le plan de rigueur draconien engagé par M. Cameron depuis son arrivée au pouvoir n'a encore fait connaître qu'une petite partie de ses effets. Sans équivalent parmi les grands pays européens, il prévoit 81 milliards de livres (90 milliards d'euros) de coupes budgétaires entre 2011 et 2015.
L'inflation poursuit son ralentissement à +3,4% en février
L'inflation au Royaume-Uni a poursuivi son ralentissement au mois de février, à 3,4% sur un an après 3,6% en janvier, mais à un rythme un peu inférieur à celui attendu par les experts, selon des chiffres officiels publiés, hier. C'est le taux d'inflation sur un an le plus bas depuis novembre 2010, a précisé l'Office des statistiques nationales (ONS). Sur le seul mois de février, les prix ont augmenté de 0,6%, alors que les économistes misaient en général sur +0,5%. Mais, sur une base annuelle, la tendance à la baisse se confirme, une bonne nouvelle pour le pouvoir d'achat des ménages en pleine période d'austérité, mais aussi pour la Banque d'Angleterre (BoE) en quête de marge de manoeuvre pour poursuivre sa politique de relance monétaire. L'inflation avait connu un pic à 5,2% en septembre. Le ralentissement des prix est aussi favorable aux exportations britanniques. Il permet à l'inflation britannique de se rapprocher du niveau de celui de la zone euro (+2,7% en février) alors qu'elle était encore récemment deux fois plus élevée. Certains experts, comme Vicky Redwoods de Capital Economics, évoquent néanmoins une "pause" ce printemps dans le ralentissement de l'inflation, liée à la hausse des cours du pétrole et à la sécheresse qui devrait peser sur ceux des fruits et légumes. Malgré de possibles contre-temps, "nous pensons que l'inflation se situera avant la fin de l'année sous l'objectif" de 2% fixé à la BoE, a-t-elle ajouté dans une note. Pour Howard Archer, d'IHS Global Insight, la Banque d'Angleterre pourrait effectuer dès le mois de mai une nouvelle relance de 25 milliards de livres de son programme de rachats d'actifs - dit d'"assouplissement quantitatif" - destiné à aider l'économie. Après une première relance de 75 milliards de livres en octobre, un nouveau montant de 50 milliards avait été injecté en février. Ce programme visant à injecter massivement des fonds dans le système avait été lancé en mars 2009 alors que l'économie britannique était en pleine récession. La poursuite de cette politique monétaire est le signe que "l'activité économique devrait rester morose durant le premier semestre 2012", a estimé M. Archer.


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