La confiance des entreprises britanniques s'est fortement dégradée depuis les élections législatives de jeudi dernier qui ont affaibli la Première ministre Theresa May à quelques jours du début des négociations sur le Brexit, montre une enquête de l'Institute of Directors (IoD) publiée lundi.L'enquête réalisée auprès de quelque 700 membres de cette organisation professionnelle met en évidence une profonde inquiétude face à l'incertitude politique et à son impact sur l'économie.Theresa May, qui avait convoqué des élections anticipées pour renforcer sa majorité et arriver en position de force aux négociations avec l'Union européenne, est désormais contrainte de courtiser une poignée de députés unionistes d'Irlande du Nord (DUP) pour gouverner."Le Royaume-Uni jouissait d'une réputation, forgée au fil des générations, de stabilité et de prévisibilité de son gouvernement", a déclaré à Reuters, sous couvert d'anonymat, un cadre supérieur d'une multinationale cotée à Londres. "Cette réputation en 12 mois a été détruite, vraiment détruite, d'abord par le Brexit et maintenant à travers cette élection", a-t-il poursuivi. L'IoD a noté une nette aggravation du pessimisme des entreprises par rapport à son enquête du mois de mai, avec un repli de 34 points. Si 20% des membres restent optimistes pour la situation économique sur les 12 prochains mois, environ 57% sont assez ou très pessimistes. La baisse de la confiance, entamée en réalité dans la foulée du vote sur le Brexit en juin dernier, coïncide avec le ralentissement de l'économie dans son ensemble qui a pris de l'ampleur depuis le début de cette année, en raison notamment de la hausse de l'inflation. Les données publiées par le géant américain des cartes de paiement Visa ont montré que les consommateurs britanniques affichaient déjà une certaine prudence avant même le résultat des élections anticipées, les ménages ayant réduit leurs dépenses le mois dernier pour la première fois en près de quatre ans. Risques sur l'investissementLa fédération patronale CBI (Confederation of British Industry) met en garde à présent sur le risque d'une réduction des investissements des entreprises, qui ont fait le dos rond depuis près d'un an. L'association britannique des fabricants (EEF), la principale fédération patronale de l'industrie britannique, juge par exemple que ses membres traversent la période d'incertitude politique la plus importante depuis des décennies. L'EEF tout comme la CBI ont invité le gouvernement à repenser son approche du Brexit, affirmant que le pays avait besoin d'un accès sans droits de douane au marché unique et d'un flux régulier de travailleurs migrants. "(...) C'est l'occasion de recentrer l'économie sur les emplois, la croissance et la prospérité future", a déclaré la directrice générale de la CBI, Carolyn Fairbairn, lors d'une conférence organisée par la Resolution Foundation. Les dirigeants d'entreprises estiment que l'incertitude politique pourrait affecter plusieurs secteurs d'activité. Les dirigeants de la pharmacie ont par exemple mis en garde contre les risques d'un flou politique à un moment critique pour un secteur hautement réglementé, expliquant que les entreprises avaient besoin de règles claires sur l'après-Brexit. Andy Bruce, le directeur général de Lookers, l'un des plus importants concessionnaires automobiles du pays, a dit ne plus être en mesure de prédire l'évolution de son marché. Martin Sorrell, le directeur général de WPP, la première agence de publicité au monde, a déclaré à Reuters redouter une incertitude économique accrue qui se traduirait par des "budgets en baisse et des reports de décisions". "Les besoins des entreprises et les débats sur l'économie ont été en grande partie absents de la campagne et cette chute de la confiance souligne l'urgence qu'il y a à changer cela dans le nouveau gouvernement", a commenté Stephen Martin, directeur général de l'IoD. Les entreprises membres de l'IoD ne voient pas comment résoudre rapidement le problème politique, estimant qu'une nouvelle élection cette année aurait de toute façon un impact négatif sur l'économie. Elles plaident pour un accord rapide avec l'UE sur les modalités de sortie du pays et une clarification du statut des travailleurs européens en Grande-Bretagne.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 14/06/2017
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Mustapha S
Source : www.lemaghrebdz.com