Algérie

Grand sud : loin des yeux, loin des politiques



Sous d'autres cieux, où le tourisme est une seconde nature, les opérateurs ne sont pas aussi marginalisés qu'en Algérie, plus particulièrement dans le sud.Au Sitev 2019 (Salon international du tourisme et de voyages), qui s'est déroulé du 24 au 26 novembre à Alger, des agences de voyages rivalisaient d'ingéniosité pour mettre en valeur les destinations tunisienne, turque, égyptienne, maltaise, asiatique, voire américaine. D'autres mettant à profit la grisaille de l'hiver, le besoin en vitamine D et, bien évidemment, le potentiel du Sud algérien à offrir une parenthèse ensoleillée en mesure de faire oublier les tracas du Nord. C'est indéniablement la meilleure période pour visiter le Sud algérien. L'arrivée de la fin de l'année est l'un des moments les plus chauds en activité pour les agences de voyages investies dans la promotion des destinations Sud algérien, les "plus spectaculaires au monde", de l'avis de Abdelwahab Adjedid, co-responsable de la start-up Discover Ghardaïa qui, depuis sa création, propose toute une palette de services aux touristes, dont l'organisation des weekend, séjours et circuits à Ghardaïa et au Sud algérien. C'est une start-up qui fait de la promotion du tourisme dans la vallée du Mzab son cheval de bataille. Ils sont quatre cofondateurs à s'investir dans la carte postale du Mzab, dans la douceur de sa culture, de ses monuments et de ses palmeraies ainsi que dans la richesse culinaire de la région. Depuis le début de la saison, Discover Ghardaïa a pu capter entre 50 et 60 touristes étrangers de différentes nationalités (Portugal, Espagne, France, Japon, Corée du Sud, Etats-Unis, Brésil et Allemagne), et environ 200 touristes locaux. Plus au sud, les professionnels d'Oulawen (agence de voyages et de tourisme) tentent de fédérer toutes les énergies pour faire des destinations Tassili-Hoggar, de Djanet et de toutes les merveilles touristiques du Sud des escapades dignes de ce qui se fait le mieux dans cette catégorie de produits. Même si, sous d'autres cieux, où le tourisme est une seconde nature, les opérateurs ne sont pas aussi marginalisés qu'en Algérie, plus particulièrement dans le Sud du pays. Edaber Lahcen, responsable d'Oulawen Tours et président de l'association des agences de voyages de Tamanrasset, estime que, certes, des facilitations sont accordées par le gouvernement au profit des voyageurs à destination des régions Sud, dont des rabais sur les prix des billets d'avion, mais elles ne seraient être une politique de soutien au tourisme local. "Nous voulons qu'il y ait une politique claire en la matière. Les professionnels du secteur sont dans une situation précaire, alors que 8 000 familles vivent du tourisme à Tamanrasset", nous explique Edaber Lahcen, soulignant que la fermeture de certains sites touristiques aux étrangers, pour des raisons de sécurité, a aggravé la précarité des voyagistes locaux. Selon lui, le secteur vit sa dixième année de stagnation, alors que les promesses de relance tardent à se concrétiser. Si le flux des locaux a augmenté, l'affluence des touristes étrangers a, par contre, beaucoup baissé, à en croire notre interlocuteur. Ce dernier ne manque pas de lancer un appel aux responsables du secteur en faveur d'un plan de soutien au bénéfice des voyagistes locaux. Le même appel est lancé par Souidi Yacine, directeur général de Déserts Voyages, soulignant qu'il était important de renforcer et d'enrichir l'offre en matière d'hôtels et de campings. "Outre le soutien à l'investissement, nous demandons des mesures d'aides pour que nous puissions renforcer nos parcs en véhicules adaptés aux régions sud. Celles-ci, réputées être à vocation exclusivement touristique, manquent de formation aux métiers du tourisme et plus spécialement de guide et d'agents de e-tourisme", estime-t-il. A la sueur de leur front, ces voyagistes tentent de faire revivre le Sahara algérien qui est, de l'avis de tous, une destination bien plus qu'une terre pétrolifère. Faute d'une politique de l'Etat en faveur du tourisme, ces voyagistes arrivent à se rémunérer et parfois même à gagner leur vie, mais leur métier demeure précaire et fragile.

Ali Titouche


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