Grand nettoyage de PRINTEMPS !

Vaste opération de ratissage et descente des forces de sécurité dans tous les... MAK-Burger du pays !Ils vont déguster !
J'étais en train de lire La Séparation de Dan Franck. J'ai vite fait d'en refermer les pages, de fourrer le bouquin dans le bac à papier de mon imprimante et d'enterrer le tout, imprimante et littérature subversive dans le jardin. À côté de tous les autres cadavres qui en jonchent le sous-sol. Mon Dieu ! Pourvu que la police dézédienne ne soit pas équipée du fameux sondeur, robot capable de déceler par rayons la présence de corps suspects à plusieurs mètres de profondeur. Y en avait des trucs suspects ! Rien que les lettres de rupture avec mes ex, écrites, rédigées fébrilement, dans un style ampoulé, mais jamais envoyées parce que me faisant généralement larguer avant ! À chaque ligne, au détour de chaque virgule, le mot « séparation » brandi comme une menace. Puéril et boutonneux ! Mais allez expliquer cela à un robot-inspecteur ! Tiens ! Ben, justement, à propos de robot ! Je me suis vite dirigé vers la cuisine, me suis saisi du robot-pétrin à pain et l'ai fourré dans le même sac funéraire que l'imprimante et le best-seller de Dan Franck. Un robot-pétrin tout ce qu'il y a de banal. Sauf que de tous les robots-pétrins exposés à la vente et en super-promo de Ramadhan ce jour-là chez Condor, il a fallu que je choisisse celui arborant les couleurs verte, jaune et rouge. Un truc à te foutre dans le... pétrin dès la première perquisition ! Heureusement que j'avais choisi un grand sac pour y fourrer tout ça. Parce que des objets compromettants, mon appart' en regorgeait ! Comme cette paire de baskets et ce jogging qui portaient encore des traces de mon dernier running. Des herbes collées aux semelles. Et des auréoles de sueur aux aisselles et dans le dos. Allez expliquer au Colombo des m'urs politiques que je ne revenais pas d'un entraînement commando en Turquie ! Comment se termine le roman de Dan Franck ' Mais je n'en sais rien ! Comment voulez-vous que je le sache, maintenant que tout ça est enterré ' Une fois cette tempête calmée, les lampes de tous les phares du pays éteintes, peut-être aurais-je alors le courage de déterrer tous les cadavres dans mon jardin et de terminer La Séparation. Sinon, je me contenterai juste de fumer du thé et de rester éveillé à mon cauchemar qui continue.
H. L.