Il ne se passe pratiquement plus une semaine sans que les stades algériens ne soient le théâtre de violences inouïes. Certains débordements se sont soldés, hélas, par la mort. Le phénomène revêt, du coup, une dimension réellement tragique. C'est l'esprit même de la pratique sportive qui se trouve alors dévoyé et détourné de sa vocation pédagogique et consensuelle. C'est de manière patente le football, réputé sport roi en Algérie, qui est l'otage des excès les plus incontrôlables. Il est paradoxal que les flambées les plus récentes fassent suite aux initiatives de la société civile, en partenariat avec le ministère de la Jeunesse et des Sports, en vue de juguler la violence dans les stades. Cette démarche absolument vertueuse se heurte malheureusement, pour le football algérien, à des atavismes solidement ancrés.Certains habitués des stades, à Alger et dans d'autres villes du pays, en sont venus à propager dans les enceintes sportives le venin de la haine. Les conséquences de leur comportement sont dramatiques sur des jeunes, souvent encore adolescents, manipulés pour commettre des actes de violence. Le résultat d'un match de football, quelle que soit son importance, vaut-il une vie humaine ' Les jeunes entraînés dans les plus effroyables turbulences, sont aussi des victimes, au moins sur le plan moral, de la violence dans les stades. Les traumatismes d'affrontements quasi guerriers sont, en effet, difficiles à transcender chez des adolescents démunis de repères culturels et d'expérience humaine. La solution n'est pas dans la répression, qui ne résout pas le problème car elle exonère les autres acteurs de leurs responsabilités. C'est la société dans son ensemble qui est impliquée, à partir du moment où même des enfants en bas âge basculent dans le pire.Reporter des rencontres, annuler des compétitions peut s'avérer nécessaire mais pas suffisant car le recours à la violence restera une menace récurrente. Il en sera d'ailleurs ainsi tant que planeront sur nos stades le spectre du chauvinisme le plus outré mais aussi la tentation malsaine de vouloir affirmer par la force la prévalence des uns sur les autres. Alors que le sport est une opportunité de rencontre humaine et de partage. Le gain d'un match ne doit pas et ne peut en aucun cas tailler à vif dans une cohésion nationale acquise au prix des plus âpres luttes de la collectivité. En outre, le football ne pourrait constituer indéfiniment un exutoire pour compenser l'absence d'idéal chez des jeunes, qui ont un avenir à construire pour devenir des citoyens pleinement responsables. Ce sont ces effectifs de la population que les acteurs les plus compétents de la scène footballistique doivent protéger en les préservant d'errements qui tournent désormais, dans les stades, au drame fatal.
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Posté Le : 16/02/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : Amine Lotfi
Source : www.elwatan.com