Au-delà des organes classiques du gouvernement, gouverner par l'action est un chantier fonctionnel qui concerne l'efficacité des formes de coordination, de pilotage et de direction des secteurs, des groupes et de la société. Il est clair que dans le domaine des politiques publiques, la question de la gouvernance par l'action est liée à celle de gouvernement et notamment à celle de sa qualité.En effet, la notion de gouverner par l'action doit émerger face au diagnostic d'une incapacité des secteurs du gouvernement à répondre aux problèmes qui leur sont soumis et à s'ajuster à de nouvelles formes d'organisation sociale, économique et politique. Il s'agit d'évoquer l'efficacité du gouvernement en différenciant les règles et la constitution, les organes de gouvernement, les processus d'agrégation et de direction et les résultats de l'action. Dans ce sens, Jean Leca, cité dans un ouvrage intitulé dictionnaire des politiques publiques, signale que « gouverner, c'est prendre des décisions, résoudre des conflits, produire des biens publics, coordonner les comportements privés, réguler les marchés, organiser les élections, extraire des ressources, affecter des dépenses ». Â Mais pour atteindre un développement avancé, cette question de la manière de gouverner doit être tranchée ici dans notre pays et dans notre société à chaque fois qu'il y a un remaniement gouvernemental : le gouvernement qui est plus précisément la partie spécialisée au niveau de l'Etat pour se charger du changement et de l'ajustement, doit être en charge totale de la direction efficace de la société et de l'agrégation des différents intérêts pour la définition de l'intérêt général. Il s'agit de permettre une remise en cause et une restructuration de l'Etat face aux processus de différenciation interne, de développement intérieur et d'intégration dans cette globalisation qui pourraient justifier l'intérêt pour cette exigence de gouverner par l'action. En effet, la question du bon gouvernement signifie problème d'efficacité de l'action publique ou tout simplement problèmes à résoudre. Dans un cadre qui présuppose l'existence d'un optimum et d'un équilibre, la gouvernance par l'action est pensée comme levier essentiel pour corriger les défaillances existantes dans la société sectorielle. Dans ce domaine, il est souvent dit qu'il n'existe pas de pluralité des finalités et qu'il faut définir les règles de la « bonne gouvernance par l'action et l'efficacité » « dépolitisée » qui permettent le jeu le plus efficace du marché, du politique et de leurs acteurs. Il y a là l'impératif de l'action par conviction ou sous la contrainte. Â Autrement dit, les questions du gouvernement sont limitées à la coordination et à l'efficacité de l'action collective pour trouver des solutions à tous les problèmes sectoriels qui sont en réalité des problèmes politiques à prendre en considération. Â Il s'agit de mettre en route un mécanisme qui permet aux acteurs d'arriver à des décisions mutuellement satisfaisantes et contraignantes et de résoudre des conflits par la négociation, la coopération et l'action : l'objectif ici est de mobiliser tous les réseaux et même toute la citoyenneté des différents acteurs. Â Dans ce cadre, le gouvernement classique, confronté aujourd'hui à la complexité croissante de la société, qui ne voit plus comment dégager une normativité du vivre avec un confort économique et social, doit se tourner vers la gouvernance par plus d'action et de rigueur. Ce qui fait dire qu'il n'y a pas de gouvernance politique sans gouvernement efficace. Cette gouvernance politique peut être la volonté d'améliorer « l'efficacité » de l'action publique de deux façons. Â La première s'inscrit dans le processus de la valorisation du débat public, tandis que la seconde consiste plutôt à vouloir augmenter la « productivité » de l'action. Â La problématique de la gouvernance par l'action trouvera son origine dans la quasi-disparition des défaillances du gouvernement. Les objectifs qui peuvent répondre à cette problématique tourneront autour de la capacité à mettre en vigueur la réglementation, à permettre le non-refus de groupes de reconnaître la légitimité, à approuver la bonne appréciation des relations entre les moyens et les fins, et à opiner la présence de compétence et d'instrument du gouvernement. Â En effet, dans une perspective plus proche de la « political economy », ce mode de gouvernance peut être compris comme l'articulation stabilisée de régulations. Dans ce sens, la régulation est précisée à partir de trois importantes dimensions : l'amélioration du mode de coordination de diverses activités ou de relations entre acteurs; l'allocation équitable et productive de ressources en lien avec ces activités ou ces acteurs; la structuration des conflits (prévention, résolution, sanction...). On peut donc parler de régulation dans une société lorsqu'on peut mettre en évidence des relations stabilisées entre des acteurs et des groupes sociaux qui permettent la répartition de ressources et les sanctions selon les normes et les règles explicites ou implicites : l'intervention de la société politique est attendue - y compris l'option de beaucoup faire pour régler les problèmes de la société. Enfin, gouverner par l'action, voire la « new governance », n'est pas seulement une articulation entre les réseaux, ou une question de coordination compétente d'acteurs multiples au moindre coût avec une amélioration nette, claire et transparente. Ce type de gouvernance soulève des questions de choix collectifs, de valeurs, de débat contradictoire, d'affrontement constructif entre intérêts divers, d'intérêt général, de concrétisations économiques et sociales, de légitimité, de démocratie, bref de politique. Plus généralement, gouverner par l'action constitue désormais la grille à travers laquelle, de plus en plus, les sociétés modernes vont définir l'étendue et la portée des problèmes qu'elles se posent, ainsi que la nature des instruments qu'elles se donnent pour les prendre en charge. Il est souvent dit que l'action et les politiques publiques sont le lieu où les sociétés définissent leur rapport au monde et à elles-mêmes. Â Force est de dire que le gouvernement en Algérie doit savoir qu'il est un acteur public qui a forcément un rôle central et primordial dans le développement du pays. Au sein de la gouvernance politique de ce gouvernement quels que soient son origine et son mandat, il est important de favoriser les interactions Etat-Société, en offrant un mode ingénieux de coordination entre les acteurs sociaux caractérisés par la multiplicité et la fragmentation. Il s'agit de dire que l'entité gouvernementale doit vouloir augmenter en permanence la « productivité » de l'action. L'existence gouvernementale devra être toujours dans une logique technique, instrumentale sur les finalités et les résultats de l'action, ou dans une vision gestionnaire de l'action, ou bien dans une approche « management » de l'agir politique. *Docteur En Sciences Politiques (Politologue)
Posté Le : 21/06/2007
Posté par : sofiane
Ecrit par : Riadh Bouriche*
Source : www.lequotidien-oran.com