Algérie

Gouvernement : Rumeurs d'été


La rumeur d'un changement «imminent » du gouvernement refait encore surface à un moment où il est fait état du départ de responsables d'institutions.

 La sortie sur terrain, mercredi dernier, du directeur général de la Sûreté nationale a permis à certains quartiers algérois de souffler quelques heures du poids pesant et étouffant des encombrements de véhicules. Sur la rocade ouest ou le périphérique menant au littoral algérois ouest, la circulation routière était, en cette matinée-là, bien fluide, y compris au niveau des barrages de gendarmerie dressés à longueur d'année au milieu de routes de grande affluence. Ces espèces d'entonnoirs mis en place par les services de police et de gendarmerie, c'est selon la compétence territoriale, ont été desserrés quelque peu, le temps que Ali Tounsi inaugure de nouvelles sûretés urbaines. Celle ouverte à Sidi Fredj s'était faite avec tous les honneurs de la République. Des policiers en tenue des grands jours, bottes et gants blancs, s'étaient mis sur les abords des routes pour attendre le cortège de leur patron. Pour une fois, il n'y avait pas d'embouteillage. Et si les responsables du trafic routier ont pu, en ce mercredi matin, désengorger les routes, c'est qu'il leur est possible de le faire tout au long des autres jours au lieu de faire vivre le calvaire aux usagers. Du côté du périphérique est menant de l'aéroport vers la côte ouest, les véhicules s'agglutinent sur tout le parcours en raison de la présence, parfois séparée d'à peine une centaine de mètres, en même temps de barrages de police et de gendarmerie. Comme si les deux corps de sécurité se concurrençaient entre eux.

 D'ailleurs, beaucoup d'usagers ont entendu certains de leurs agents se targuer d'avoir bloqué, cette fois sur un autre itinéraire, la circulation plus longtemps que ne l'ont fait d'autres de leurs homologues. « Hier, je l'ai fait arriver jusqu'au Hamiz », s'est vanté un policier à son confrère à propos de la file de voitures dont le début était au niveau du quartier des Bananiers à Bab Ezzouar.

 Au niveau de ce tronçon, on a même vu un soir un vendeur ambulant circulant entre les voitures bloquées et prendre tout son temps pour leur servir un thé.

 Il faut reconnaître que la sortie de Ali Tounsi n'était nullement pour fluidifier le trafic routier. L'important pour le DGSN était certainement de faire voir à l'opinion publique qu'il est toujours en fonction.

 

Le cercle vicieux



 Ali Tounsi a été donné, il y a quelques jours par des journaux, pour partant de son poste. Et bien qu'il ait démenti lui-même l'information, d'autres journaux ont récidivé la semaine dernière pour noter qu'il avait remis sa démission au président de la République.

 Des sources proches du ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales assurent même que son remplaçant est l'un des responsables, du même grade que lui, qui est actuellement en service auprès de Yazid Zerhouni. Ce genre d'information n'est jamais distillé sans qu'il ait une arrière-pensée bien précise. Les observateurs se référent à la probable restructuration des services de sécurité que Zerhouni serait habilité par le chef de l'Etat à entreprendre durant ce troisième quinquennat.

 Il faut croire que la réforme des structures et des missions de l'Etat n'est pas une vue de l'esprit au sein de la Présidence de la République. Le rapport de la commission Missoum Sbih portant une profonde réflexion sur la question dès l'intronisation de Bouteflika au palais d'El-Mouradia est, selon des sources sûres, toujours valable. Sauf que selon nos interlocuteurs, la restructuration des services de sécurité ne dépend pas d'un document mais de rapports de forces dont les empreintes pourraient être indélébiles au niveau des institutions et des hommes. L'on s'interroge dans ce cas sur ce qui pourrait être opéré comme changements sans trop de bouleversements sur le terrain et ce qui ne pourrait l'être parce que ces mêmes forces auraient encore leurs forces de frappe intactes. Il est difficile de projeter quoi que ce soit dans le domaine en l'absence d'une remise à niveau de toutes les instances concernées.

 

Des faits qui devraient avoir une suite

 

 C'est de ce cercle vicieux que « les réformateurs » doivent assurer leur sortie sans trop de dégâts. En attendant, il est pour certains milieux plus facile de parler de restructuration de ministères que les services de la Présidence pourraient entreprendre. Encore une fois, la rumeur d'un changement de gouvernement s'implante, le temps d'une étape, dans le microcosme algérois.

 « L'étape » est certainement ce moment de « froid » qu'on dit installé entre le président et son gouvernement depuis le dernier Conseil des ministres. Il est même avancé un changement de ministres pour, dit-on, « le 20 du mois en cours ou un peu plus tard ». Il est cependant curieux que l'on puisse parler de l'arrivée de nouveaux ministres à la veille des congés du gouvernement et même de celui du chef de l'Etat pour qui, dit-on, un changement de gouvernement ne serait pas une priorité de l'heure. Que l'on parle de Barkat qu'on dit en mauvaise posture « parce qu'il n'a pas ordonné la reconstitution des stocks de vaccins ou de produits pharmaceutiques de première nécessité », ou de Dahou Ould Kablia qu'on donne pour être « en total désaccord avec Zerhouni », beaucoup de ministres, nous dit-on, verront leur département remanié ou restructuré. Cet été semble être la période propice pour entrelacer des informations qui, de prime abord, pourraient n'avoir rien en commun l'une avec l'autre. Dans le fond, les observateurs leur trouvent cependant un lien assez solide. Des déclarations du général français à la retraite sur l'assassinat des moines de Tibhirine, aux réactions des responsables français, à celles qui n'ont pas été faites de ceux algériens en passant par la source militaire du général français, le tout laisse un arrière-goût d'inachevé et de complexe.

 De tels événements produiront, sans nul doute, leurs effets à des moments où l'on s'y attend le moins. A garder à l'esprit la remise sur scène (judiciaire, politique et médiatique) de l'affaire Abdelmoumène Khalifa et de son extradition vers Alger, qu'on semble agiter avec beaucoup de doigté. L'on n'oubliera pas non plus que le président fut de mauvaise humeur quand il est monté aux Tagarins le 4 juillet dernier et son évocation lors de sa campagne électorale d'une amnistie générale au profit des terroristes et des politiques islamistes. La probable création d'un parti politique pour Saïd Bouteflika. L'implosion des partis politiques existants et leur scission en dissidences... Tant de faits qui devront avoir indéniablement une suite.


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