Rallier l'agacement économique à la contrainte politique ne s'établit pas d'usuelles concertations ou des offres de noms. C'est une grosse épreuve mathématique à résoudre dans l'immédiat. Des « inconnues » sérieuses guettent la solution.J'aurais voulu disserter non pas sur le « ministre » mais sur l'aptitude ministérielle. Si la personne est importante, le pouvoir d'exercer le métier est plus important. Dans la situation actuelle, le pays a-t-il besoin uniquement d'hommes compétents sans approche didactique apte à mettre fin à tout le système jusque là régnant sur la gestion des choses de l'Etat ' Ce n'est pas parce que l'on est un bon professeur de médecine que l'on faire faire un bon ministre de la sante. Ce n'est pas parce que l'on a été un studieux journaliste que l'on faire jouer à merveille le rôle du ministre de la communication. Ce n'est pas parce que l'on a été un jour un procureur général rebelle que l'on peut exercer avec justesse et équité la mission de garde des sceaux, ministre de la justice et ainsi de suite. Tout est une question de technocratie et de management et non pas de technicité ou de professionnalisme. Il n'y a pas de ministres professionnels, il n'y a que des hommes politiques à qui échoit le poste ministériel. Ceci est dans le principe de l'orthodoxie des fonctions de l'Etat. En dehors de cela, tout reste possible.
C'est l'engagement pour la rupture sereine, flexible et impassible qui s'élève en ces temps comme exigence vitale. Les ministres, il y en a, à chaque coin d'université, de caisse de retraite, de cafés maures. Le cran, la hargne, le gabarit sont les éléments intrinsèques à rechercher dans le caractère de l'homme profilant l'idéal ministériel. Sinon, la technique, la procédure, la routine de la loi : tout le monde en sait un bout.
Si la Constitution dispose d'un certain mode de gouvernement en cas de majorité parlementaire ou son contraire, en réalité « personne » ne se sent astreint au respect de cette disposition. L'on n'en est pas à une première. Ne dit-on pas que celle-ci (la constitution) n'est pas coranique pour qu'elle soit religieusement respectée ' Des députés de partis classiques et un ensemble d'« indépendants » forment déjà une majorité. Va-t-on y puiser des carcasses de ministres pour les garnir de tout artifice afin qu'ils soient au diapason de l'Algérie dite nouvelle ' Des mains commencent à se frotter. Les téléphones sont à portée de mains. On fait le guet, on est en alerte, tout frais et dispo.
Un gouvernement va être constitué. Une certitude. Quels seront ses membres ' Peu importe. De noms usuels. Car dans le temps, Il y avait des ministres inamovibles, il y a des ministres tout à fait jetables. D'autres d'un gabarit exemplaire. Ils l'ont été une ou plusieurs fois. Il est parfois difficile d'arriver à comprendre aisément la structure mentale d'un chef. Au gouvernement l'unique lien qui devrait regrouper justement tous les membres de ce gouvernement est, dans le principe sacro-saint de la bonne gouvernance, l'intérêt commun, voire l'unicité patente ou latente de la vision politique dans la direction des hautes affaires du pays.
Alternativement aux précédentes compostions, depuis 1999 Bouteflika reste à cet effet insatiable en termes de satisfaction de ses penchants managériaux en matière d'hommes d'Etat. Le président évalue ses ministres selon la grille de lecture des années révolues où le ministre comptait aux yeux des gouvernés au même titre, à l'identique valeur que comptait le président de l'époque. Bouteflika fut certes un ministre hors paire. Son jeune âge, sa frimousse d'archange, sa fougue de globe-trotter et surtout l'acquiescement parraineur boumedieniste, valaient plus qu'une caution ou une certitude pour sa réussite. Etre le ministre de quelqu'un de très fort, ne peut que traduire d'abord sa propre force. Etre le président que l'on veut fort d'un ministre moins fort, exprime un malheur de nomination. Malheureusement, les man?uvres politiques de coulisses ou de laboratoires ne font pas que créer les gènes d'un ministre. Sures et rassurées, elles vont jusqu'à moduler en fonction des besoins pressentis au portefeuille ministériel concerné, l'ossature complaisante du futur et serviable candidat.
La volonté d'être ministrable devra par ailleurs provenir d'une essence de militantisme avéré. L'on verrait mieux les ministres se faire recruter dans le lot d'un effectif ayant au moins une connotation politique, en sus des performances personnelles. Du vivier des sénateurs, des députés ou d'élus locaux à vocation nationale, l'on pourrait toutefois commencer à fabriquer pour des lendemains surs et stables, le f?tus du ministre de demain. Mais comme à ce stade aussi, la compétence se fait chiche, laissant choir en ses lieux et places l'opportunisme grégaire et sournois, l'utilité est de voir grand et bénéfique. Pourtant le pays Algérie, recèle des potentialités avérées. Un ministre est d'abord une compétence dans la créativité et un instrument d'accompagnement. Il est aussi un agissement et une action de contrôle, pour être ensuite une écoute attentive. Loin d'un distributeur de deniers publics, son brio s'accentuera non seulement dans l'exécution d'un programme mais bel et bien dans la conception de celui-ci. La conviction à ce niveau de responsabilité est un gage de réussite. Le problème se situe toujours dans la substance de ce que l'on appelle aléatoirement programme. De quel programme s'agit-il en fait ' Du parti d'où provient ce ministre, celui du président de la république selon ses promesses électorales ou celui d'un « gouvernement » hybride mais que l'on appellera de « consensus » ou « d'union nationale » '
Ce qui produit justement une différence dans la stature d'un ministre en rapport avec celle d'un simple haut fonctionnaire c'est philosophiquement ce raccord ombilical à une borne du système. Sans caution de couverture l'on est loin de le devenir. Ni la compétence, ni la hargne encore moins la notoriété publique ne peuvent par pur hasard donner naissance, pour un commun des mortels, à une ordinaire individualité d'être ministrable. On a vu des ministres mourir par manque d'efficacité tout en étant toujours en poste. Des ministres malades en soins de longue durée à l'étranger, d'autres totalement effacés.
Ainsi le ministre naît et meurt dans les couches du régime. Il ne pourra jamais savoir à quel moment ni dans quelles circonstances les bénédictions seigneuriales lui permettront l'aisance d'accès à l'accomplissement officiel de ce qui fut qu'une extrême ambition. Il oublie le plus souvent que la finalité peut être autre chose. Dramatique. Judicaire. La prison. Le rêve est souvent plus utile que la démesure d'une fausse ambition et la « tranquillité » est meilleure que l'excès de zèle. Tous les walis, presque tous attendent d'être promus à ce rang. Alors que certains d'entre eux n'auraient même pas mérité les grandes villes qu'ils gèrent. Puiser du corps des walis n'est toujours pas une bonne approche.
Quoique que l'on dise, dans un passé récent les ministres étaient connus sinon « sus » par tout le monde. La majorité du monde n'arrive pas à situer certains noms de ministres dans certains départements de ministères. Ou bien la propagande télévisuelle de l'époque (moins de parabolés) ou bien la trompe des bonhommes qui faisait sonner ou fait taire leurs noms. Ou bien à l'époque, le ministre durait en termes de chronologie, pendant que les contemporains ne chauffent pas assez leurs fauteuils. Du moins, sauf pour certains. Les ministres font la ronde et le tour de table là où l'on ose sans impudence à attribuer à ce va-et-vient, la règle de l'alternative politique ou l'obligation du changement. Certes le changement est devenu une règle, pas dans l'outil ou la méthode mais bel et bien dans les patronymes des titulaires de leviers dans certaines commandes du pays.
En dehors du personnel politique duquel en bonne théorie doit être extrait le personnage futurement ministrable, l'usage est en bon train de prendre l'habitude de le choisir dans un registre de la haute loyauté. Le dévouement là devrait être, par principe orienté vers une constante et non une unité ou un groupe de personnes. Le dévouement prend donc une signification d'auto-pourrissement.
La réaction expéditive et immédiate d'un homme pétri aux usages de l'administration, n'est pratiquement pas exempte de doutes ou d'invariabilités. D'autant plus s'il occupe un rang appréciable dans la hiérarchie ; elle ne serait capable que de le transformer en une machine de « travail ». Il y a dans le lot, certains walis qui durant leur fonctions répétitives, n'auraient de but que de se voir, pourquoi pas couronner, en fin de carrière administrative, d'une auréole de personnalité politique. Ministre. Si quelques uns ,très rares pourront bien faire l'exception dans un exécutif « technocrate », du seul fait qu'ils incarnent parfaitement l'autorité et disposent d'une personnalité adéquate, d'autres par contre, croient que bâtir une centaine d'immeubles, donner des coups d'envoi à n'importe quelle opération, paraitre gentil et toujours souriant , puisse leur procurer le droit d'accès à l'équipe gouvernementale.
Le paradoxe de l'Algérie dans la nomination de ses ministres ne semble pas trop s'expliquer par une raison d'Etat, mais strictement par une vision étroitement d'équilibre des forces dont l'action sur l'exercice du pouvoir est devenue légendaire. Il pourrait s'agir d'un arrangement dit politique uniquement dans le cas où une force politique partisane régule le partage du pouvoir, chose qui est inexistante suite aux législatives du 12 juin dernier. Aucun parti n'est sorti majoritaire. Les « indépendants » représentent à eux seuls un parti sans agrément, sans programme ni unicité de vue. Chacun est élu sur ses promesses, chacun est élu sur une idée qu'il a su mettre en évidence auprès de ses électeurs locaux. Encore là, une difficile équation de mise en symbiose de tous ces aspects qui ne peuvent être, logiquement que disparates. Mais comme l'opposition officielle ou celle agissant en dehors du cadre régulier n'a plus de main mise sur le devenir du pays, du moins présentement; l'on voit donc mal comment peut-on parler de majorité. Alors que le taux ayant permis à ces députés d'être au parlement n'est pas fort élogieux ni méritoire. Légal certes, mais manque de légitimité populaire. Et qui se sont abstenus d'aller voter ou votant nul, qui aura à représenter leur voix à l'hémicycle ' La rue, les vendredis interdits, le facebook ' Un problème tangible, tenace et récursif à régler d'une façon ou d'une autre.
Enfin, c'est aussi pouvoir dire que le président, face à cette mosaïque parlementaire mal élue a les mains libres. Tous les sièges et leurs mains lui sont, par obédience acquis, sans tractations fondamentales ni échange d'avantages. Ils n'ont aucune aptitude de pouvoir défier la feuille de route déjà tracée. La couleur partisane du ministre admis au staff n'aura de la valeur que si les difficultés du secteur à occuper arriveront à se dissoudre par la maitrise de mécanismes de traitement et le pragmatisme dans l'action rapide et réelle. A qui sera dévolu le secteur de l'hydraulique, de l'intérieur, de la justice, de l'agriculture, de la communication ' Ce sont ces départements qui auront du pain sur la planche, tant par la survenance de nouveaux défis notamment du robinet à sec- que par le besoin de voir d'autres manières de gérer les sujets à complexité. Les marches, les procès, la liberté d'expression. L'on ne pensera jamais voir un ministre de l'intérieur militant de Bengrina, ou celui de la justice de Hamas ou à la communication un gars de Mostakbel. Les autres l'on n'en parle pas, car leurs députés vont se transformer génétiquement en un corps de fonctionnaires. Malgré tout, gouvernement pour gouvernement, la nécessité de raser des têtes trop impliquées dans la fluctuation houleuses des évènements nationaux, des visages dont la seule vue rappelle un pan de l'enténèbrement d'une actualité durement vécue , serait d'une salubrité républicaine. Des visages nouveaux donneront à défaut d'une fraicheur, une fraicheur d'espoir.
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Posté Le : 01/07/2021
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : El Yazid Dib
Source : www.lequotidien-oran.com