Algérie

Gouvernement et patronat jouent de leur image dans l'opération Alliance Assurance



300 000 actions au moins ont été souscrites sur les 1.804.511 libérées selon un comptage officieux auprès de trois banques, le lundi 08 novembre à 14 heures au sixième jour de l'opération d'introduction en Bourse de Alliance Assurance. Un bilan jugé encourageant par Hassan Khelifati, le PDG du second assureur privé national monté aujourd'hui sur la ligne de front pour la relance de la Bourse d'Alger. Un challenge où gouvernement et patronat privé jouent gros à travers le sort de la place financière d'Alger.

le PDG de Alliance Assurance a bon espoir de boucler 40% des souscriptions au terme de la seconde semaine, le jeudi prochain en fin de journée : «les retours que nous avons de chez les IOB et du comité de suivi sont très positifs. Nous pensons atteindre ce palier des 40% dans les trois prochains jours». Les observateurs n'ont pas de repères pour une opération d'introduction en Bourse, pour commenter le tableau de marche de l'introduction, inédite pour un groupe privé en Algérie, du titre Alliance Assurance. «Les 10 % d'actions souscrits (180 000) au bout de trois jours peuvent être considérés comme un bon début compte tenu de l'environnement du métier de l'assurance et de la situation de mort clinique de la Bourse d! 'Alger» estime un expert. «Toutefois il faudra attendre et voir. Les grands investisseurs, comme les petits d'ailleurs, se décident sur une tendance. Ce sera à l'accompagnateur de Alliance Assurance dans cette opération de créer du mouvement autour du titre pour dessiner une orientation qui le conforte». Illustration du propos, BNP Paribas Algérie, aurait souscrit pour 50 millions de dinars d'actions (830 dinars l'action) alors que son actionnaire parisien l'aurait autorisé à acquérir jusqu'à l'équivalent de 250 millions de dinars d'actions Alliance en fonction de l'évolution de l'opération. Des réserves d'achat existent donc et posent déjà la question de la durée de la période de souscription. Trop longue ou trop courte ? Les deux avis existent ! dans l'entourage de l'opération : «un délai de 15 jours aurait mis la pression sur les investisseurs et concentré la communication de Alliance dans le temps, alors qu'avec un mois le risque de dilution existe» estime un chef d'entreprise de l'agro-alimentaire. Le cachet totalement inédit de cette opération plaide lui par contre pour un délai plus long selon d'autres «suiveurs» du titre Alliance. La coupure de l'Aid El Adha, laisse déjà suggérer une demande de prorogation du délai de clôture prévu le 1ER décembre prochain. Il est également attendu, avec un délai de souscription plus long que certaines banques publiques, quelque peu lentes à l'allumage, se déploient un peu plus pour placer l'action Alliance auprès de leurs épargnants.

Le gouvernement joue le sort immédiat de la Bourse d'Alger…

La première semaine de l'introduction en Bourse du groupe Alliance Assurance a, en mobilisant les regards, finalement mis tout le monde devant ses responsabilités. D'abord le gouvernement. Il est le premier à avoir, à travers de nouvelles incitations légales, donné le signal pour la dynamisation et la relance de la Bourse. Il ne peut pas se permettre une opération en demi-teinte qui laisse les acteurs de la place toujours dans le doute au sujet de l'avenir de la Bourse d'Alger. 30% du capital souscrit est réservé aux institutionnels. Les décideurs économiques peuvent, sans provoquer de vagues, actionner les fonds d'investissements, les banques publiques et institutions financières pour boucler ce montant. La proposition d'exonérer d''IBS (Imp&ocir! c;t sur le bénéfice), durant dix années, toute entreprise qui entre en Bourse, qui figure dans le projet de loi de finances pour 2011, vient à point relancer le «lobbying» actif de l'exécutif pour ranimer la Bourse d'Alger. «Le gouvernement souhaite non seulement le succès de l'opération de Alliance Assurance qu'il a encouragé à ouvrir son capital à la Bourse d'Alger mais veut susciter un mouvement qui s'enchaîne avec de nouveaux entrants» explique un commissaire au compte.

… et le secteur privé celui de son image

Dans le contexte actuel du très mauvais climat des affaires qui pèse lourdement sur l'action du Premier ministre Ahmed Ouyahia, une opération réussie d'introduction d'un premier groupe privé à la Bourse d'Alger parait presque comme une contre publicité salvatrice. Symptomatique d'un tout autre environnement des affaires et d'une maturité du marché financier, le «confrère» marocain de Alliance, l'assureur Risma, a plié en 03 jours, entre le 03 et le 06 novembre derniers, une émission obligataire remboursable en actions, à la Bourse de Casablanca, pour renforcer son capital. Une nouvelle comparaison, inévitable en l'occurrence, avec notre voisin, que va «apprécier» Ahmed Ouyahia.

 Il manquait à l'appel de cette première semaine de l'opération Alliance Assurance, la mobilisation des collègues chefs d'entreprises de Hassan Khelifati, membres dirigeants du Forum des chefs d'entreprises (FCE). Le secteur privé algérien, joue également une part de son crédit dans le sort de cette première introduction en Bourse d'un pair. Ses organisations ont souvent raison de critiquer «l'enfer» de l'environnement de l'entreprise algérienne, elles sont cette fois interpellées, avec la Bourse d'Alger, par une invitation à la modernisation de leur gouvernance. Réda Hamiani, en président «de tout le FCE» (Hassan Khelifati avait soutenu son rival Slim Othmani lors de l'élection de 2009 ) a apporté son soutien franc et entier dans un entretien accordé à TSA : «…C'est une première par rapport aux investissements spéculatifs habituels notamment dans l'importation. Au Forum, nous nous battons pour qu'il y ait des prises de participation croisées entre les chefs d'entreprises.

 Nous saluons et soutenons cette opération. Nous allons user de toute notre influence pour que cette opération réussisse et se réalise dans les délais. Nous sommes fiers qu'un membre du FCE ait choisi la Bourse pour ouvrir son capital et lever des fonds». Mais peut-être faudra t'il, pour le privé algérien, acheter aussi des actions Alliance pour garantir le succès de son introduction en Bourse.




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