Algérie

GOUVERNEMENT



Son petit sourire en coin et sa stature droite n'ont pu y changer grand-chose : Ouyahia est arrivé essoufflé au bout d'un processus électoral qu'il a commenté à sa manière, accentuant ainsi les rumeurs autour de l'avenir incertain que lui prédisent d'aucuns à la tête du gouvernement.Abla Chérif - Alger (Le Soir) - Du coup, sa fameuse phrase «rani taâbane» (je suis fatigué) prononcée face aux journalistes prend une tout autre connotation. A bien y voir, ses propos n'étaient pas faits uniquement pour paraphraser le youtubeur empêcheur de tourner en rond qui produisait récemment une vidéo satyrique intitulée «Rani zaâfane» (je suis en colère). Aux journalistes devant lesquels il s'exprime pour commenter les résultats préliminaires des élections locales, il répond franchement : «Je viens devant vous avec un sourire pour éviter la confusion comme cela a été le cas durant les législatives.»
Par confusion, Ouyahia se dit satisfait, mais surprend en se contredisant le lendemain. Peu de temps après l'annonce des résultats par le ministre de l'Intérieur, il intervient publiquement et à contre-sens du ministre de l'Intérieur. «Je pense, dit-il, que le ministère de l'Intérieur n'a pas reçu toutes les données actualisées. Les derniers chiffres que nous avons, nous donnent vainqueurs dans 463 APC et non pas dans 451.» Il fait également savoir que des recours basés sur des procès-verbaux ont été introduits pour revoir certains résultats qui lui ont été attribués. A cet instant précis, Ouyahia s'exprime en secrétaire général du RND, mais les limites avec son poste de Premier ministre sont mal définies à ce moment. L'homme agit comme un leader de parti mais s'exprime à mi-mot sur une situation globale dans laquelle il se trouve lui-même impliqué. Les résultats jugés «satisfaisants» sont visiblement en deçàdes attentes de l'homme et les commentaires (pour le moins que l'on puisse dire) de Ould-Abbès jettent le trouble dans la sphère politique.
Le patron du FLN semble engagé dans une mission bien précise : celle de l'empêcher de «sortir la tête de l'eau» et le maintenir éternellement à la traîne derrière le parti au sigle historique. Son opposition aux mesures de privatisation des entreprises et au licenciement des travailleurs préconisés par le Premier ministre n'a fait qu'enfoncer le clou dans une situation où Ouyahia apparaît comme étant de plus en plus fragilisé. Le fait a déjà été observé à travers le changement de ton opéré peu de temps après son arrivée à la tête du gouvernement.
Arrivé avec la ferme intention de faire passer des mesures de restrictions très dures à supporter par les Algériens déjà englués dans une rude crise, il a usé d'un discours très fort et de phrases choc qui ont soulevé de grandes craintes dans le pays. A l'inverse de son prédécesseur, Sellal, qui avait, lui, privilégié une méthode plus douce, il s'est engagé dans une bataille frontale dont l'issue devenait de plus en plus incertaine. Son passage devant les deux Chambres où il exposait son plan d'action a d'ailleurs été sévèrement critiqué par l'ensemble des partis d'opposition qui voyaient en son discours une déclaration de guerre aux Algériens. Quelques jours plus tard, des informations relayées par voie de presse annonçaient que des directives avaient été données à ce dernier afin d'éviter «de continuer à jeter de l'huile sur le feu car ses propos avaient un effet très négatif sur la société». Les jours qui ont suivi ont prouvé la véracité des informations révélées.
Lors d'un passage à une émission transmise par la Chaîne 3 consacrée aux élections locales, Ouyahia change carrément de ton et appelle les Algériens à «avoir de l'espoir» et à faire confiance aux dirigeants. Les discours alarmants, les mesures préconisées, les restrictions à venir sont définitivement mis de côté. Depuis un moment, font remarquer des observateurs, Ouyahia n'intervient d'ailleurs que sous la casquette de patron du RND.
Le discours adapté à la mission qui lui a été confiée ne passe plus et semble ne plus avoir lieu d'être puisque les mesures annoncées ne sont plus à l'ordre du jour. Ainsi fragilisé, le Premier ministre subit les rumeurs annonçant que sa mission pourrait être probablement écourtée.


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