Algérie

Gouvernance et gouvernement


L'objectif de développement et d'avancement de tous les secteurs de notre pays, où la notion d'un développement durable doit viser à appliquer à notre pays le célèbre principe du bon père de famille, attentif à l'avenir, économisant et investissant tant pour faire face à l'imprévisible que pour assurer une vie meilleure à ses enfants aujourd'hui et demain. L'idée, si elle est logique et sage, doit être réfléchie et réalisée à travers un passage obligé du management public traditionnel dans le cadre de la notion du gouvernement effectif à une gestion des affaires publiques dans le cadre de la gouvernance. Le passage et l'atteinte de cette bonne gouvernance a une ambition à la fois descriptive, de caractérisation des formes émergentes de l'action publique et normative, de détermination de l'orientation des changements nécessaires. Mais cela nécessite des procédés d'intervention internes qui peuvent se trouver dans l'exact et le légitime en voulant régenter le développement économique par des stratégies rationnelles et les modes d'organisations politiques, tout en ayant des connaissances approfondies sur la complexité des dynamiques sociales de ce pays. Dans ce sens, et dans leurs essais de réalisation d'une approche de la gouvernance, Guy Hermet, Ali Kazancigil et Jean-François Prud'homme évoquent quelques dimensions entourant ce concept: la gouvernance met en jeu un ensemble d'institutions et d'acteurs qui ne font pas tous partie de la sphère gouvernementale; en situation de gouvernance, les frontières et les responsabilités sont moins nettes dans le domaine de la politique sociale et économique; la gouvernance a pour conséquence une interdépendance entre les pouvoirs des institutions associées à l'action collective; la gouvernance fait intervenir des réseaux d'acteurs autonomes. En plus de cette tendance plus ou moins centrifuge produite par la logique d'une action publique qui devrait davantage être taillée sur mesure, se profile dans la gouvernance contemporaine positive une seconde tendance, inverse, celle de la gestion horizontale. Au fur et à mesure que le vaisseau de l'Etat devient semblable à une flottille, l'établissement d'un bon pilotage dans tous les secteurs et à tous les niveaux d'une coordination plus poussée dans l'action publique devient nécessaire. Cette notion de gouvernance offre donc une grille d'interprétation nouvelle du politique et des relations entre les institutions et le politique non institué. Ceci nous laisse dire que gouvernance n'est pas synonyme de gouvernement. Ces deux notions se réfèrent à des comportements exprimant une volonté, à des activités guidées par un but, à des systèmes de règles. L'idée de gouvernement implique une autorité dotée de différentes capacités garantissant la bonne exécution de la politique adoptée. La gouvernance, elle, couvre des activités sous-tendues par des objectifs communs qui peuvent s'inscrire dans des mécanismes légaux et formels de responsabilité et d'action. En effet, on peut dire aussi que les notions de gouvernement et de gouvernance sont connexes. Leur domaine est le même: l'organisation et la gestion des structures collectives (entreprises, Etat...). Mais ce qui sépare ces deux notions, c'est d'abord l'univers dans lequel elles se déploient. Les problèmes majeurs d'un gouvernement sont ceux de rareté et d'unité. Pour la gouvernance, l'abondance et l'unité doivent être acquises; il faut maîtriser les embarras et les obstacles, tout en stimulant la diversité, facteur de créativité et de renouvellement. Le champ du gouvernement est les affaires publiques, celui de la gouvernance est les affaires collectives. Les décisions du gouvernement sont sous forme d'ordres et d'instructions, mais celles de la gouvernance sont au contraire un processus basé sur la négociation. En tout cas, à l'ère de la gouvernance, le politique ne sert plus qu'à surveiller que le jeu social ne se déroule pas trop mal. Il s'agit de passer d'un esprit vertical, hiérarchique, gouvernemental à un esprit horizontal, démocratique de gouvernance. Mais la problématique importante ici est de mettre en oeuvre des politiques publiques implicites visant surtout à changer la société sur les plans des mentalités, de l'éducation, de la culture, du nationalisme, de la croyance au travail... Avec la gouvernance, l'intérêt général n'est plus donné ou arrêté d'en haut. Au contraire, il se construit et circule. La gouvernance, comme le souligne M. Defarges, ce serait tout bonnement de l'action publique en réseaux, une pratique relationnelle de coopérations non prédéfinies et toujours à réinventer, à distance des armatures hiérarchiques du passé et des procédures routinières. Cette bonne gouvernance aurait besoin d'abord de la foi des acteurs politiques pour subsister indemne. Elle doit passer ensuite par la création de partis politiques qui participent activement dans le développement, à travers leur positionnement idéologique. Qu'ils soient au pouvoir ou dans l'opposition, les partis politiques doivent être comme des entreprises qui fabriquent des idées... Cela doit être complété par les rôles efficaces attendus des secteurs privé et de la société civile, et même des individus en tant que citoyens. Cette adhésion profonde de la population et de la société tout entière à la manière dont les secteurs de l'Etat sont dirigés est une dimension essentielle de la gouvernance. Enfin, la gouvernance se déploie au carrefour de trois sphères qui constituent autant de critères nécessaires pour l'évaluer: la légitimité (le domaine des représentations), l'efficacité (le domaine du fait et de la performance) et la légalité (le domaine du droit). Le concept de gouvernance doit devenir un outil idéologique pour une politique d'un gouvernement animateur, propulsif, réflexif, superviseur, réalisateur... L'objectif est donc de comprendre et d'améliorer en permanence l'action gouvernementale pour la concrétisation d'une bonne gouvernance et d'un éventuel développement durable. * Docteur en Sciences politiques (politologue)


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)