Le ministre de l'Energie et des Mines, Youcef Yousfi, a annoncé, hier, que des mesures seront prises après que la justice aura tranché sur les scandales financiers qui secouent Sonatrach et la filiale du géant énergétique italien en Algérie, Saipem. Au-delà de la réaffirmation de la détermination du gouvernement à lutter contre la corruption, ce qui, en fait, n'est pas nouveau dans le discours, puisque le président Bouteflika avait lui-même qualifié ce fléau 'de menace à la cohésion sociale", il s'agit de savoir aujourd'hui quelle démarche adopter face à un phénomène qui a fini par gangrener tous les secteurs.
Mais la gravité du scandale qui touche la compagnie publique de pétrole réside d'abord dans le fait que l'Algérie ne possède pas d'économie alternative et que détourner des fonds de Sonatrach équivaut à voler le pays et le peuple tout entier. Ensuite, l'implication de multinationales étrangères dans ces affaires signifie que des injonctions politiques ont été bel et bien données pour laisser passer des contrats douteux dont le bénéficiaire n'est certainement pas le pays et encore moins son économie.
Après les premières révélations en Italie sur les sommes énormes versées au profit de responsables algériens dans le cadre de l'affaire Sonatrach-Saipem, une question se pose d'elle-même. Qui sont-ils ' Comment ont-ils pu agir sans crainte d'être débusqués ' Qui en a assuré la couverture politique ' La justice répondra très probablement à ces interrogations et l'opinion publique devra connaître les tenants et aboutissants d'un processus criminel qui allait faire de Sonatrach la vache à traire au profit de lobbies nationaux et étrangers et dont les desseins occultes ne sont pas encore connus.
Il est peut-être temps de lancer le débat en Algérie sur, non seulement la séparation des pouvoirs, un aspect qui sera, bien entendu, discuté dans le cadre de la future révision de la Constitution, mais aussi sur le modèle de gouvernance et le respect de la hiérarchie. Tant que des ministres s'ingèrent dans la gestion des entreprises au mépris des lois et tant que des DG sont nommés grâce à leur allégeance et non à leur compétence, l'Algérie ne pourra jamais sortir du cycle infernal de la corruption dont les dégâts sont, et de loin, pires que la violence terroriste.
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Posté Le : 21/02/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Salim Tamani
Source : www.liberte-algerie.com