Algérie

Gouvernail gouvernemental


Gouvernail gouvernemental
Et ce qui devait arriver arriva ! Moins d'une semaine après l'investiture de Bouteflika à la tête de l'Etat, les tractations ont commencé pour la formation d'un gouvernement dont on ne sait trop s'il sera renouvelé, remanié, modifié, élargi... Pour la Constitution, c'était prévu de longue date (relativement) et des proches du Président seraient à l'?uvre pour un projet de révision qui ignore le précédent, arrivé au stade de la mouture finale. Mieux, à en croire la porte-parole du Parti des travailleurs reçue en audience par le Président auréolé de son nouveau mandat, la question des législatives anticipées n'est pas gommée des préoccupations. La seule crainte du Président, selon son interlocutrice, serait qu'une consultation électorale pour renouveler la Chambre basse débouche sur une Assemblée «pire» que celle issue des élections de 2012.En un mot, et pour le moment, tout est dans l'air. Ça consulte, cogite, agite, contacte, propose, accepte, refuse...Ce n'est pas non plus la frénésie et encore moins le suspense qui caractérisent l'attente des grands changements attendus. Mais le pouvoir, en habitué des tours de table qui ne tournent pas, ne veut surtout pas lâcher la main que d'autres se proposent de prendre avec lui dans une démarche concertée. Comme si la présidentielle du 17 avril était une parenthèse à dépasser au pas de course, les sherpas et autres éminences grises du Président veulent aller vite en besogne. Sans considération de forme ni de souci pour l'assentiment de ceux qu'ils veulent associer au train des réformes prévues et qu'ils seraient invités à prendre en marche.Ali Laskri, responsable du FFS, s'est empressé de vendre la mèche. Ce n'estcertainement pas sans déplaisir qu'il vient de faire savoir à la cantonade politique que son parti a refusé de faire son entrée au gouvernement avec deux maroquins proposés par le Premier ministre. Ce faisant, Sellal a offert au plus vieux parti algérien d'opposition une double occasion en or, d'abord de clore la polémique sur un prétendu deal avec le pouvoir, ensuite de réaffirmer son attachement à son propre agenda : une transition politique démocratique pour l'avènement d'une deuxième République.Le fait est qu'un gouvernement est en gestation sans qu'on sache la forme qu'il prendra. Rien n'oblige le président de la République à cette formalité, d'autant plus que l'actuel Exécutif n'a pas un an d'âge. L'opération risquerait même de paraître cocasse au-dessus de sa cosmétique. Car, enfin, si c'est pour faire large et renvoyer l'ascenseur à tous ceux qui ont soutenu la candidature de Bouteflika, le prochain cabinet pourrait ressembler à un habit d'Arlequin et sa constitution transiger sur les critères de compétence avérée. La clientèle, tout le monde le sait, est nombreuse et demandeuse, et pour ménager la susceptibilité des uns et des autres, c'est un cabinet à la Prodi qu'il faudrait alors former. Pour l'anecdote, l'Italie, un Etat habitué à fonctionneravec des gouvernements éphémères et même sans gouvernement du tout, s'était retrouvée en 2006 avec un Exécutif de plus d'une centaine de membres entreministres, ministres sans portefeuille et sous-secrétaires d'Etat. Tout professeur émérite qu'il était, Romano Prodi avait eu la faiblesse de composer avec un spectre trop large d'une majorité parlementaire où il suffisait parfois d'une voix pour la perdre.Le peuple croit-il que la solution à ses problèmes est dans un nouveau gouvernement ' On peut en douter. Les citoyens sont surtout attentifs à l'efficacité et la célérité des gouvernants qui feraient un bon usage de la dépense publique et assurent au quotidien un minimum de justice sociale.Un philosophe comme Voltaire, pour ne citer que lui, pense que «le meilleur gouvernement est celui où il y a le moins d'hommes inutiles».A. S.


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