Algérie

goodbye Morocco, adieu Alger Un film de Nadir Moknèche bientôt sur les écrans



Un film de Nadir Moknèche est toujours un événement. Le talentueux réalisateur algérien désespère de son pays. Après cinq années d'absence, il revient avec Goodbye Morocco, prochainement sur les écrans français.
Paris
De notre correspondant
Rien que la bande-annonce donne envie de courir vers la première salle de cinéma. L'histoire commence par une situation burlesque : Dounia (interprétée par Loubna Azabal en femme fatale), divorcée, un enfant, vit avec un architecte serbe à Tanger. Une liaison scandaleuse aux yeux de la famille marocaine.
Le couple dirige un chantier immobilier, où le terrassement met au jour des tombes chrétiennes du IVe siècle, ornées de fresques.
Dounia se lance alors dans un trafic lucratif, espérant gagner très vite de quoi quitter le Maroc avec son fils et son amant. Mais un des ouvriers du chantier disparaît' Du 100% Moknèche. Mais on ne peut s'empêcher de se dire que l'histoire pourrait très bien se dérouler en Algérie, alors pourquoi le Maroc '
Dans un entretien avec l'historien Benjamin Stora, le cinéaste laisse éclater sa déception : «Je suis de facto interdit de tournage en Algérie. Il y a eu un refus de visa d'exploitation pour Délice Paloma. Comme on m'a amputé de ma source d'inspiration, il a fallu que je coupe émotionnellement avec Alger. Je n'y ai plus remis les pieds depuis août 2006.» A l'historien de s'indigner : «Ils ont eu peur d'un film ! Ça en dit long sur l'état de fragilité de l'Algérie aujourd'hui'». «Vous ne vouliez pas vous battre '» «Réaliser un film est un combat. J'ai mis plus de cinq ans à faire Goodbye Morocco. Surtout quand l'histoire se déroule dans cette partie du monde, peu d'argent est disponible. Et puis, il y a toujours le risque de la censure dès qu'on parle de nudité, de religion ; enfin tout ce qui m'intéresse dans un film», répond lucidement, avec une pointe de désappointement, Nadir Moknèche.
Tanger, mes amours
«Tanger en soi n'est pas une belle ville, contrairement à Alger, ou à d'autres villes au Maroc. C'est son site qui est exceptionnel, un cadre idéal pour mon histoire : l'entre-deux, la frontière, la porte de l'Europe, le passé pré-islamique et toutes ces affaires de spéculations immobilières.» Par raccourci journaliste, encore une tare, notre Pedro Almodovar à nous donne cette fois-ci un rôle masculin très fort (Ali, interprété par Faouzi Bensaïdi) aux côtés de Loubna Azabal, qu'il a déjà dirigée dans Viva laldjérie. Après Biyouna, c'est son actrice fétiche. «C'est bien la première fois que j'écris un personnage masculin important et des dialogues dans ma langue maternelle. Ça peut prêter à sourire, mais Ali est rentré dans l'histoire par effraction. Je ne l'ai pas vu venir, jusqu'à ce qu'il s'impose. Au fur et à mesure que le scénario avançait, il s'est hissé à la hauteur de Dounia.»
Nadir Moknèche a toujours cet amour fou, déraisonné pour la femme, les femmes. Des femmes de tempérament, dominantes, «dures». «J'ai remarqué qu'au cinéma, on avait du mal avec les personnages de femmes dures , sauf quand c'est traité en burlesque comme chez Tarantino. C'est encore pire quand c'est une femme arabe ('). On voit bien (comme en Tunisie aujourd'hui) que le statut de la femme est constamment remis en question. C'est l'obsession perpétuelle des sociétés musulmanes».

Pour consulter la bande annonce : http://www.cinemovies.fr/film/goodbye-morocco


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