Algérie

Goldstone «israélise» sa copie




Deux ans après la publication du rapport qu'il a défendu contre vents et marées, le juge – juif d'origine – est revenu sur les lieux du crime pour y absoudre l'armée israélienne. Sur les colonnes du Washington Post, Richard Goldstone a écrit samedi que son rapport aurait été «un document différent aujourd'hui». «On en sait bien davantage aujourd'hui sur ce qui s'est passé pendant la guerre de Ghaza lorsque je présidais la commission d'enquête», a écrit le magistrat dans une tribune du quotidien. «Bien qu'Israël ne nie pas, depuis la publication de notre rapport, la perte tragique de vies civiles, je regrette que notre commission d'enquête n'ait pas eu accès aux preuves sur les circonstances dans lesquelles nous estimons que des civils ont été visés à  Ghaza», a estimé le magistrat. «Cela aurait probablement modifié nos conclusions sur l'intentionnalité des crimes et l'existence de crimes de guerre.»
Ces «aveux» ne sont pas tombés dans l'oreille d'un sourd, puisque le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, n'a pas tardé à  appeler l'ONU à  «jeter «immédiatement aux poubelles de l'histoire» le fameux rapport. Et avec les compliments de l'auteur…
Pourtant ce rapport, qui a été commandé par le Conseil des droits de l'homme (CDH) de l'ONU, avait établi clairement la responsabilité d'Israël dans le meurtre de plus de 1400 personnes à  Ghaza, dont plus de 400 enfants. Des crimes qualifiés, à  juste titre, de crimes de guerre, voire de crimes contre l'humanité. Israël, qui a rejeté globalement et dans le détail la teneur de ce rapport qui sort des standards du «machin» onusien, a entrepris alors une propagande contre le juge et son rapport. Un lobbying qui a fini par payer, puisque le comité, créé par le CDH pour assurer le suivi du rapport du juge Goldstone, a reconnu qu'Israël avait consacré d'«importantes ressources pour enquêter sur plus de 400 allégations de mauvaises conduites opérationnelles à  Ghaza».
Un bon point pour Tel-Aviv. En revanche, le magistrat a écrit que le Hamas «n'a pas mené d'enquête sur le lancement d'attaques de roquettes et de mortiers contre Israël». Au final, l'agresseur est devenu l'agressé et l'arroseur de bombes est devenu l'arrosé ! Conclusions revues et corrigées de Richard Goldstone : «Les crimes commis par le Hamas étaient intentionnels parce que les roquettes visaient sans ambiguïté des cibles civiles.» Par contre, «les allégations d'intentionnalité du côté d'Israël sont basées sur le décès et les blessures de civils dans des situations que la commission d'enquête de l'ONU n'a pas été en mesure de déterminer». C'est clair, net et précis, Votre Honneur !
Mais cette confession risque de ne pas suffire à  M. Goldstone pour obtenir la rédemption de son péché ; le président israélien Shimon Peres exige de lui ceci : «Le juge doit s'excuser pour avoir accusé Israël de crimes de guerre et ignoré qu'il s'agissait d'une offensive d'autodéfense.» Ce revirement était attendu, sauf qu'il a, pour une fois, tardé. Trop tardé.


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