Algérie

Gloria, La courgette qui vient du sud



Hocine Necib a été agréablement surpris
Ce complexe, le premier du genre en Algérie, utilise la chaleur produite par les forages profonds pour la production agricole, un rendement optimal et une très haute valeur ajoutée. Cette technique, au dehors quasi nulle, permet d'obtenir les conditions idéales pour la production de primeurs. Visite guidée...
Elle est belle et grande, sa taille varie entre 18 et 23 cm. Elle s'appelle Gloria, elle est de Touggourt et porte en elle beaucoup d'espoir! On ne parle pas d'une jeune fille mais d'une courgette, même si elle ressemble à un concombre. En effet, Gloria (nom de cette variété de courgette, ndlr) est le premier légume sorti du mégacomplexe pilote utilisant la géothermie dans la production agricole à haute valeur ajoutée (Touggourt, wilaya de Ouargla) réalisé par l'Office national de l'irrigation et du drainage (Onid) et un partenaire espagnol du nom de Alcantara. Cette courgette à la forme presque parfaite qui a jailli du désert va bientôt prendre la direction de l'Europe, monnayant des devises pour l'Algérie, d'où les espoirs qui sont placés en elle. «La première cargaison va être exportée avant la fin du mois en cours, vers l'Espagne et le Royaume-Uni», fait savoir la jeune ingénieure agronome, responsable de la pépinière de ce projet des plus innovants. Car, il faut le dire c'est un concentré de technologie qui permet en un temps record, sans gaspillage d'énergie, de récolter des légumes «bio». Il dispose de quatre grandes serres pour les cultures maraîchères, une pépinière, un site de stockage de semences, ainsi qu'une station de traitement et de stockage des récoltes. «On prépare les semences dans notre pépinière. Dès que l'on a une commande, on plante nos graines. Pour la courgette, il nous faut attendre entre 10 à 15 jours pour pouvoir faire une récolte», assure la même responsable qui explique que l'exportation ne se fait qu'après avoir récolté un contingent de 25 tonnes. «Quand les quatre serres fonctionnent de façon optimale, on peut exporter tous les sept à 10 jours. Car, on s'arrange pour croiser chaque plantation afin que le contingent des 25 tonnes soit atteint dans une période ne dépassant pas les 10 jours», soutient-elle, non sans rappeler que la difficulté réside dans le respect du cahier des charges signé avec le partenaire espagnol qui exige des légumes qui doivent avoir tous pratiquement la même forme et la même taille (entre 18 et 23 cm). Ce qui fait qu'après leur récolte ces courgettes passent par l'étape fatidique du conditionnement où seules celles qui auront la «bonne taille» pourront traverser la Méditerranée dans les magnifiques cartons blancs qui portent le cigle de l'Onid. Mais cela ne fait pas peur aux ingénieurs et autres travailleurs de ce projet pilote, qui selon certaines sources, devrait rapporter plusieurs centaines de millions d'euros à l'Algérie du fait que toute sa production est destinée à l'exportation.
La géothermie: un trésor inexploité
C'est d'ailleurs ce qui a rendu fier et heureux le ministre des Ressources en eau, Hocine Necib. Car ce projet lancé à l'époque où Abdelmalek Sellal était ministre en charge du secteur voit enfin le bout du tunnel avec de belles perspectives pour le pays en général et l'agriculture en particulier. «Ce projet permet la production de primeurs par l'utilisation de la géothermie au niveau de la vallée de oued Righ. Il ouvre des perspectives immenses de développement régional, notamment agricole, que l'on peut appeler une révolution économique et sociale véritable», a souligné le ministre des Ressources en eau. «L'agriculture n'est pas notre domaine, mais nous avons constaté que nous dispositions d'un trésor inexploité, qui est la chaleur produite par les forages albiens. De l'eau et de l'énergie gratuite qui permettent une agriculture innovante. Alors pourquoi ne pas en profiter'», a rappelé le ministre lors de la visite qu'il a effectuée dans ce complexe, lundi dernier. «Nous avons alors chargé l'Onid de mettre cette énergie au service de l'agriculture d'avenir. Ce projet pilote dont toute la production est placée en Europe doit montrer la voie aux investisseurs locaux», a-t-il ajouté..«Ce complexe, le premier du genre en Algérie, utilise la chaleur produite par les forages profonds pour la production agricole, un rendement optimal et une très haute valeur ajoutée. Cette technique, au dehors quasi nulle, permet d'obtenir les conditions idéales pour la production de primeurs», a expliqué, Hocine Necib.
«Pour le moment quatre serres multichapelles sur 10 ha sont exploitées mais l'argent que vont rapporter ces 10 ha, permettront de financer 40 autres hectares qui porteront à 16, le nombre de serres», a-t-il poursuivi non sans insister sur le fait que c'est un projet pilote qui doit permettre aux investisseurs de s'imprégner de cette expérience.
Ce complexe des plus innovants s'étend sur une superficie globale de 250 ha, dont 40 ha de serre multichapelles pour la production de primeurs avec des techniques de culture hydroponique, Au nombre de 16, les serres seront installées en trois phases (quatre serres pour 10 ha). L'approvisionnement en eau chaude (50 à 80%), avec une salinité comprise entre 2,5 et 3, 5 gr / l, se fait à partir des puits albiens de la région.
Comment ça marche'
L'énergie est récupérée de ces puits pour chauffer les serres grâce à des radiateurs en forme de serpentins déroulés à l'intérieur de ces derniers. Ce qui permet d'avoir les mêmes conditions climatiques tout au long de l'année, notamment durant la période hivernale où l'on enregistre des baisses de températures nocturnes. Le complexe dispose également d'un bloc de déminéralisation qui permet de refroidir et d'adoucir l'eau salée. En fait, ce complexe, au financement global estimé à 1 milliard DA octroyé par la Banque nationale de développement rural (Badr), est un concentré de technologie, où tout est contrôlé à distance à l'instar de la température, de l'arrosage ou de la luminosité... Le conditionnement de la production depuis son arrivée au champ jusqu'à son ensachage final est également automatisé. «La centrale est équipée d'une ligne de réception, de lavage et de transport dans laquelle des opérations automatisées seront effectuées pour obtenir un produit de haute qualité répondant aux normes européennes», indique le responsable chargé de cette ligne. Surtout que cette technique agricole permettra de valoriser la qualité gustative des produits due au chauffage et au programme de fertilisation adapté, et la réduction du risque de contamination du sol et de la nappe d'eau par la culture hors sol, en plus de l'utilisation raisonnable de pesticides et de produits phytosanitaires. Ce qui offrira des produits... «bio». Cette usine agricole aspire donc à donner une autre dimension à l'agriculture nationale, mais aussi à impacter socialement surtout le Sud du pays avec la création d'une centaine d'emplois directs et une multitude d'emplois indirects et saisonniers, où la promotion de l'emploi féminin sera prioritaire. Elle ambitionne également de sédentariser les populations du Sud et réduire ainsi l'exode rural. La «Gloria» de Touggourt est donc incontestablement la courgette de tous les espoirs...
La tomate cerise et le poivron pour bientôt
La courgette «Gloria» ne sera toutefois pas le seul légume cultivé dans cette ferme innovante. D'autres fruits et légumes vont suivre prochainement. On parle notamment de la tomate cerise et du poivron. Il est utile de rappeler que ce projet date de l'époque ou l'ex-Premier ministre Abdelmalek Sellal était à la tête des Ressources en eau. En 2010, il avait chargé l'Onid d'initier un projet d'utilisation de la géothermie dans la production agricole. Des experts étrangers ont visité la région, où ils ont signifié que le périmètre d'irrigation de Oued Righ (Touggourt, wilaya de Ouargla) était l'endroit parfait pour ce complexe qui offre une gestion rationnelle de la consommation d'eau d'irrigation (système du goutte-à-goutte) et l'exploitation de l'énergie naturelle (géothermie), en utilisant des eaux chaudes à partir de forages albiens.


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