Algérie

«Globaméricanisation» (II)



«Globaméricanisation» (II)
Dans le domaine économique, les prétendues multinationales ne sont en fait que des conglomérats qui ne peuvent fonctionner de façon optimale que si leur centre de gravité se trouve aux Etats-Unis ou si l'ensemble du groupe s'adapte aux méthodes en usage aux Etats-Unis.Si l'élément non-américain refuse de se plier à cette loi universelle, il voit son avenir compromis. Daimler Chrysler l'a très vite compris à Détroit, après quelques difficultés initiales. Vivendi-Universal également, malgré des problèmes ultérieurs dus à une tout autre cause. Son ancien patron, un Frenchie modèle dont l'objectif principal était de faire abolir l'exception nationale protégeant encore un peu l'art cinématographique de son pays, a été très conséquent dans l'application du principe de soumission. Au niveau purement culturel - inséparable de l'économique - la globaméricanisation est plus criante encore. Télévision, films, musique, nourriture, etc.: la déferlante souvent bas de gamme étouffe toujours plus les productions nationales. Cela dit, au niveau de la structure de l'univers politique mondialisé, Le leader incontesté du monde considère comme sa chasse gardée certaines parties de la planète, l'Amérique latine par exemple. Ailleurs, comme il ne peut toujours tout contrôler lui-même dans les moindres détails, il délègue à d'autres (en l'occurrence l'Angleterre, la France ou l'Allemagne) la surveillance de certains territoires - comme le suzerain du Moyen Age s'en remettait à ses vassaux pour l'administration de tel ou tel fief. En ce qui concerne les deux premiers pays, ce terrain d'action englobe en gros leurs anciennes colonies; pour ce qui est de l'Allemagne, dont l'entrée en scène est beaucoup plus récente, il s'agit de l'Europe de l'Est et des Balkans. Ces trois vassaux immédiats ont en principe les mains libres dans le secteur qui leur est imparti. Mais cela ne signifie pas qu'ils y agissent en toute liberté; leur action ne doit en aucun cas contrecarrer les plans de leur maître d'outre-Atlantique ou nuire à ses intérêts. Ils s'observent donc les uns les autres et coopèrent aussi souvent que possible en effectuant des actions communes coordonnées avec Washington. L'unité que les trois pays s'efforcent de réaliser dans le cadre de l'Union européenne est loin de menacer la suprématie américaine; le monstre à trois têtes est parfaitement inoffensif. A bien des égards, l'unification européenne est tout à son avantage, car il est plus aisé de dominer une entité confédérale que quinze ou vingt-cinq Etats distincts. L'élargissement à d'autres pays est le bienvenu aux yeux de Washington. Dans le cas de la Turquie, les Etats-Unis poussent même l'UE à accepter l'intégration de cet allié de l'Otan, alors que beaucoup de dirigeants européens sont particulièrement réticents. Comme le fait remarquer Brzezinski, le vieux continent, malgré sa puissance économique, «est de facto un protectorat des Etats-Unis. (...) Non seulement l'alliance entre l'Amérique et l'Europe est inégale, mais l'asymétrie de pouvoir entre les deux devrait probablement s'accentuer encore davantage au profit de l'Amérique». (A suivre)




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