Algérie

Giuliana Sgrena à la librairie du «Tiers monde» d’Alger



Récit d’un rapt accablant dans un Irak déchiré Dans son ouvrage «Embuscade à Bagdad», la journaliste italienne Giuliana Sgrena, envoyée spéciale du quotidien «Il manifesto» en Irak, raconte les péripéties de sa libération après 28 jours de captivité. Elle livre également un témoignage effarant de la situation désastreuse d’un Irak à feu et à sang sous occupation et à la merci des groupes armés.   Lors d’une vente dédicace, tenue ce week-end à la librairie du Tiers monde à Alger, de son livre-témoignage «Embuscade à Bagdad», Giuliana Sgrena qui a également représenté «Il manifesto» en Algérie et connue pour son livre «Kahina contre les califes. Islamisme et démocratie en Algérie», revient avec un regard hagard et une âme brisée sur les quatre semaines de son kidnapping en Irak, un pays livré à lui même et qui se meurt chaque jour.Son livre qui est surtout une chronologie des évènements depuis son enlèvement par une branche armée le 04 février 2005 à la sortie de l’université Nahrain, ex-Saddam, jusqu’à sa libération le 04 mars suivant au bout de négociations serrées menées par le fameux Sismi (Service pour les informations et la sécurité militaire de la République italienne). Pour rappel, son rapt est survenu juste après une interview à l’intérieur du campus de réfugiés de Falluja. Le point proéminent de son témoignage, est que lors de sa libération aux alentours de l’aéroport, la voiture qui l’a transporté avec deux autres agents du Sismi est ciblée par trois rafales de mitrailleuse tirées par une patrouille mobile américaine. Dans la fusillade, nous raconte Sgrena, l’agent Nicola Calipani est tué et les deux autres blessés. Depuis les deux rapports d’enquête américaine et italienne -qui affirment, pour le premier la thèse de l’accident et du second qui le conteste en inculpant le soldat américain Mario Lazano, d’homicide volontaire- n’ont pas encore tranché l’affaire. Durant les 28 jours de sa captivité, le sort de Sgrena était entre la vie et la mort. «La plupart du temps, je pensais à mon enterrement, je voulais être enterrée avec le drapeau de la paix, celui que m’avait été offert mon amie algérienne Chérifa, et sur lequel il était écrit «Salam».» Dans son témoignage, Giuliana n’a pas cessé de louer toutes la gratitude à la mobilisation italienne pour sa libération. A une question d’un journaliste sur l’action des mouvements démocratiques après la chute de Saddam, Sgrena a répondu que l’alternative démocratique aujourd’hui en Irak est impossible et ce n’est pas pour demain, dans la mesure où la situation se dégrade de plus en plus et que le pays est divisé en trois parties. Les kurdes au nord, alliés des américains, réclamaient une autonomie plus forte en contrôlant les réserves de Kirkouk. Lesquelles représentent 40% des ressources irakiennes, les Chiites au sud qui contrôlent 60% des ressources en hydrocarbures, avec des positions de force, voulaient reprendre le contrôle du pouvoir. Quant aux Sunnites, ils subissent un nettoyage ethnique systématique qui ne dit pas son nom. Sauf que les américains se sont rendus compte après l’enlisement de Irak, que seuls les Baathistes pourraient reprendre le contrôle du pays. D’ailleurs, depuis le début de l’occupation en mai 2003 à juillet 2006 a-t-elle souligné, il y a eu pas moins de 4.500 morts. La recrudescence de la violence a atteint son paroxysme avec l’arrivée des djihadistes sous la coupe des Zarkaoui, qui a profité selon elle, de cette confusion et notamment de l’occupation étrangère pour faire sa propre justice et semer la mort en transformant le pays en une arène de combat. D’autre part, Giuliana Sgrena, avec une note d’amertume, a fait dire que l’occident est devant ses responsabilités et ne peut pas abandonner comme ça l’Irak. Il devrait au contraire l’aider à se reconstruire. Toutefois, la journaliste italienne s’est dit qu’elle «n’est pas convaincue que les américains vont se retirer. La guerre d’occupation a par contre détruit tout le tissu social et économique de l’Irak. En plus, il n’y a jamais eu de processus de démocratisation du pays. Les femmes ne peuvent plus sortir de chez elles. Une fille sur deux ne vas pas à l’école et les otages deviennent des armes de guerre. Enfin, Sgrena a conclu dans son ouvrage que ce qui est arrivé après sa libération, la voiture frappée par le «tir amical» américain, m’a ramené aux origines de la dégradation de la situation irakienne. C’est à dire à la guerre. Avec la guerre, la chute de Saddam n’a pas apporté la liberté, mais provoque un retour à la barbarie en Mésopotamie, berceau de la civilisation, avec les Sumériens, les Babyloniens. C’est cela la réalité. Par Abed T.


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