Ghoul, TAJ et la couronne nouvelle

Même si ça fait un moment qu'il n'est pas revenu au-devant de l'actualité, même s'il est en prison et qu'il fait plutôt partie des gens dont les Algériens veulent qu'il y reste, même si l'ensemble de son ?uvre ne l'aide pas vraiment à susciter quelque compassion, tout le monde se souvient de Amar Ghoul. Quand il a estimé qu'il n'avait pas les égards dus à son rang dans sa fonction de second couteau au sein du MSP, il avait décidé, à moins qu'on ne lui ait soufflé ça, de voler de ses propres ailes. Enfin, ses « propres ailes »... C'est qu'au sein du MSP, Ghoul manquait terriblement d'ancrage et souffrait de faiblesse de légitimité en raison de ses maigres états de service... islamiste. Et puis, les « enjeux » d'alors étant ailleurs, il s'est dit que pour la nature du « programme » qu'il avait à défendre, il pouvait parfaitement le faire tout seul comme un grand. Il n'avait pas besoin de « canal historique » pour être dans la cour des courtisans. S'étant à la base «fait tout seul» dans l'entrisme clientéliste, il avait peut-être commencé par aller là où on lui a dit d'aller, avant qu'on lui demande d'en sortir pour faire cavalier seul. S'agissant de soutenir Bouteflika, il valait mieux avoir son destin en main. Et en cueillir les dividendes sans avoir à les partager avec un état-major rodé et dans lequel il ne jouait pas les premiers rôles. En plus, la « cour », si elle n'est pas l'inspiratrice de son « transfert », devait bien l'accueillir, la multiplication des structures d'appoint étant toujours la bienvenue. Personne n'a donc oublié Amar Ghoul mais ce ne sont pas vraiment ses pérégrinations organiques qui ont fait qu'on s'en souvienne. On se rappelle de lui d'avoir été au c?ur du plus grand scandale de corruption et de détournement, sans doute le plus ruineux avec l'affaire Sonatrach dans ses deux saisons, pour l'économie du pays : l'autoroute Est-Ouest. Sans doute la plus emblématique du désastre aux yeux des Algériens, du fait qu'ils la voyaient tous les jours et vivaient directement la douleur prolongée de ses conséquences. Et s'il faut absolument quelque chose de croustillant sans être vraiment anecdotique dans le « souvenir », le voilà: pour l'Algérien ordinaire, Amar Ghoul est celui qui jouait au foot avec « Toufik ». Amar Ghoul est en prison mais on n'est peut-être pas au bout de ses casseroles. Mais qui se souvient de « son » parti, TAJ ' Il paraît qu'il tiendra incessamment sous peu son... congrès. Il paraît qu'il a même obtenu l'autorisation pour la réunion et pas que. Il y a une opposition qui conteste la légalité du congrès, la légitimité de ceux qui l'ont convoqué, l'identité et le nombre des congressistes, la conformité de la procédure... et tout et tout. Un vrai parti donc, respectable et au-dessus de tout soupçon, qui doit régler ses problèmes internes et ne satisfaire qu'aux formalités légales pour installer la... couronne nouvelle. La vie est belle, finalement.S. L