Algérie

Ghoul, les auto-écoles et les coiffeurs



Ghoul, les auto-écoles et les coiffeurs
Les chauffeurs sont mis à l'index sur la route. Ils sont la première cause des accidents. Comme pour aggraver la situation, la fédération des auto-écoles vient de demander l'autorisation d'exercer sans «capacité professionnelle». Réponse originale et inattendue du ministre des Transports...Amar Ghoul doit être surmené. Il fait des «cadeaux» à tout-va. Cette semaine, il a déclaré «conformes» les auto-écoles non conformes. Tout a commencé samedi dernier. Ce jour-là, la Fédération nationale des auto-écoles a demandé au gouvernement la révision du décret exécutif n° 12-110 du 6 mars 2012 notamment son article 50. Ledit décret régit l'exercice de cette profession (on peut dire commerce). Quant à l'article 50, celui-ci stipule que «les auto-écoles en activité et les auto-écoles agréées non encore en activité sont tenues, sous peine de fermeture définitive ou de retrait définitif de l'agrément, de se conformer aux dispositions du présent décret dans un délai qui ne saurait dépasser 24 mois à compter de la date de publication au Journal officiel». Lequel délai arrive à expiration le 6 mars prochain. Et si la fédération s'est fait entendre, c'est bien évidemment qu'il y a des auto-écoles qui n'ont pas mis à profit les 24 mois pour se mettre en conformité. En quoi consiste cette mise en conformité' Il s'agit simplement de remplir les conditions exigées par l'article 9 de la loi pour l'agrément. Parmi ces conditions, celle qui «gêne» la fédération et qu'elle voudrait voir réviser est la «justification d'une capacité professionnelle» exigée de tout postulant à un agrément. Et là, il y a un petit jeu de la fédération. Elle parle d'exigence de «licence» et de «diplôme supérieur» au lieu de «capacité professionnelle». Or la capacité professionnelle s'obtient après une petite formation en «200 heures dont 101 à distance et 99 heures en cours «présentiels» (comprenez en présence d'un formateur)», le tout réparti sur «3 mois en alterné»dispensée par le Cnepd (centre de formation à distance) dépendant du ministère de la Formation professionnelle. Comme on le voit, ce n'est pas le bac+10. Pour être encore plus précis, le niveau requis pour cette «formation qualifiante» est celui de la «ex-9ème AF ou 4ème AM» précise le Cnepd. Un petit jeu d'embrouille de la fédération que le ministre a accepté de jouer puisqu'il a répondu deux jours après, soit lundi dernier que «ce décret n'entraînera pas la fermeture des auto-écoles dont les gérants ne possèdent pas de diplôme supérieur». De deux choses l'une, soit il a remarqué, il a retourné l'embrouille à ses auteurs en affirmant que ce décret n'a aucun effet en cas d'absence d'un diplôme supérieur. Ce qui est une évidence. Soit, il a marché «tête basse» et pris «pour argent comptant» les affirmations de la fédération en pensant qu'il pouvait à son gré transgresser un texte de loi. Jusque-là, cela à l'air d'une blague pour se distraire le week-end sauf qu'il s'agit du premier maillon qui mène vers la sécurité routière qui enregistre chaque année plus de 4000 morts. Plus de 10 morts chaque jour. Ce qui ne laisse aucune place à la plaisanterie. Ce qui oblige à revenir sur cette «formation qualifiante» des moniteurs d'auto-écoles. Est-elle suffisante' En seulement quatre jours de pratique (99 heures) donnée à des personnes âgées d'au moins 25 ans et qui ont le permis de conduire «catégorie B» depuis 3 années, la réponse est donnée. Et on comprend vite la «dextérité» de nos chauffeurs sur les routes. Ensuite, les statisticiens découvriront que la majeure partie des accidents de la route est provoquée par «l'élément humain», c'est-à-dire le conducteur auquel ils ajoutent le piéton pour «noyer» et atténuer l'accusation. A-t-on le droit, face à une telle hécatombe d'être permissif quant aux conditions exigées à tous les maillons de la chaîne' Non, personne n'a ce droit! Car les accidents de la route ont d'autres causes également. La défaillance mécanique est rarement citée. Tout le monde sait qu'à l'étranger il arrive que des marques d'automobiles rappellent leurs clients pour réparer un défaut de fabrication constaté après coup. Et chez nous' Une seule fois! C'est la firme Peugeot qui a eu cette honnêteté et ce respect vis-à-vis du consommateur algérien. Elle a lancé une campagne sur un lot de voitures vendues en Algérie en priant leurs propriétaires de se présenter pour un «remplacement des poulies d'arbre à cames». Gratuitement, cela s'entend. Cette firme mérite à son tour, pour cette marque d'intérêt et son niveau de responsabilité, notre respect. D'autant plus que certaines marques offrent des modèles low-cost qui sont très écoulés chez nous et c'est dans ce genre de véhicule que les défections sont plus répandues. Entre les textes de lois, la formation des formateurs, les marques déficientes et certaines négligences dans l'état des routes, il y a là, avec un peu plus de rigueur, de quoi diminuer de manière drastique le nombre des victimes de la route. L'exigence de la fédération des auto-écoles risque de faire des émules comme par exemple les coiffeurs. Et si on les dispense, eux aussi, de toute formation on pourra se préparer à établir des statistiques de leurs victimes. De tous ceux qui tendront les joues et le cou à leurs rasoirs pour se faire la barbe. Pas d'affolement, ce corps de métier ne dépend pas des transports!zoume6@hotmail.com




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