Ghoul et Saâdani en désaccord

Des sourires de façadeDepuis l'élection présidentielle d'avril dernier, les deux hommes politiques n'ont plus d'atomes crochus et n'hésitent pas à se jeter des peaux de bananes.La coalition n'est pas sur la même longueur d'onde. Le clan présidentiel est divisé sur la manière de faire aboutir le projet de la révision de la Constitution. Censés être unanimes sur cet important chantier politique, les partis sont diamétralement opposés dans leur vision. Ni concertation ni aucune coordination entre les formations proches du pouvoir. Alors que la Constitution n'a même pas dévoilé son contenu, les divergences s'installent déjà. C'est le cas entre Amar Saâdani et Amar Ghoul. Les deux chefs de file proches du cercle de décision, ne parlent plus le même langage. Depuis l'élection présidentielle d'avril dernier, les deux hommes politiques n'ont plus d'atomes crochus et n'hésitent pas à se jeter des peaux de bananes. L'un dit une chose et l'autre dit son contraire. Entre eux, c'est du tac au tac. Premier désaccord: le timing. Le parti majoritaire du FLN veut presser le pas pour entériner le projet de la Constitution. Son secrétaire général, Amar Saâdani, ne rate aucune occasion pour appeler à la révision de la Constitution dans les délais les plus brefs. Il le crie haut et fort: «Nous espérons que la Constitution soit adoptée dans les plus brefs délais», a-t-il affirmé, lors de la réunion du bureau politique tenue mercredi dernier. Une thèse complètement rejetée par son partenaire de la coalition Amar Ghoul. Ce dernier soutient qu'il faut prendre tout le temps pour élaborer une Constitution consensuelle qui repondra au défi de l'heure et de l'avenir. Lors d'une conférence de presse qu'il a animée samedi dernier, à l'issue de la clôture de l'université d'été de son parti, le patron de TAJ a renouvelé son appel à la tenue d'une conférence nationale pour l'élaboration d'une Constitution «consensuelle». «L'organisation d'une conférence nationale permet d'élargir la sphère de la cohésion nationale, de rapprocher les points de vue et d'unir les forces pour faire face aux défis à relever par l'Algérie, au triple plan national, régional et international», a affirmé M.Ghoul, tout en soutenant que rien ne presse pour bâcler ce projet. Ces deux versions démontrent clairement l'absence de concertation au sein du clan présidentiel sur la Loi fondamentale du pays. Deuxième différend: la voie d'adoption du projet. Le FLN persiste et signe que la Constitution passera par voie parlementaire. Intervenant devant les députés, Amar Saâdani a assuré que la Constitution passera devant le Parlement. «Cela a été notre revendication et nos revendications sont légitimes», a-t-il martelé. Le chef de file du parti majoritaire ne voit pas l'utilité d'aller vers un référendum. Sûr de lui, l'homme est le seul à s'avancer sur un terrain sensible et se montre même intransigeant dans ses déclarations, en réitérant à chaque sortie médiatique que le projet passera par les deux chambres et non pas par référendum. Une opinion complètement rejetée par le patron du TAJ, M.Ghoul qui met l'accent sur la nécessité de donner la parole au peuple. «Le peuple algérien est le seul qui peut donner son aval sur la Constitution», a-t-il martelé lors de la conférence de vendredi dernier. Le patron du TAJ fait de cette question son cheval de bataille. «La nouvelle Constitution devra être adoptée par l'ensemble des Algériens, afin d'éviter tout dérapage au cas où un parti majoritaire voudrait s'éterniser au pouvoir», avait expliqué Amar Ghoul, lors d'une conférence de presse au siège de son parti à Alger. Pour lui, «seul un référendum national peut assurer un meilleur ancrage politique qui devra rassembler et réunir toutes les parties algériennes, sans distinction». Les deux hommes politiques se lancent ainsi dans une véritable course contre la montre. Devant l'absence de la moindre information sur le processus en question, Saâdani et Ghoul s'amusent à animer la galerie. Contrairement à Bensalah et Benyounès qui gardent le silence, Ghoul et Saâdani multiplient les activités sur le terrain.