Algérie

Ghêlila - Veste femme



Ghêlila - Veste femme


Le caraco, ce vêtement traditionnel prisé notamment par la jeune mariée, a un
riche passé. Au début du siècle, la ghlila djabadouli abandonne au début du
siècle ses décorations triangulaires et ovoïdes, trop coûteuses et difficiles à
acquérir après la fermeture de la plupart des ateliers d’artisans algérois.
Le décolleté décoré de passementerie disparaît suite à la
raréfaction des colliers de perles. Les manches brodées qui
distinguent la ghlila djabadouli de la ghlila simple se
maintiennent longtemps. Ce vêtement, désormais cintré à la
taille et dépourvu de son décolleté, n’a plus la forme d’une
ghlila, on le baptise caraco algérois. On lui a conféré à l’époque
le statut de costume cérémoniel. Il se portait avec les manches
de la ghlila djabadouli et de petits boutons de passementerie
sur toute la longueur de sa devanture et présentant de
nouvelles formes de broderie. Si les Européennes se plaisaient
à reprendre des motifs d’inspiration baroque, les Algéroises sont restées fidèles
aux lignes, aux motifs géométriques et aux représentations de végétaux. La
devanture de certains caracos sont brodés de beaux paons. Il va sans dire que
le motif le plus répandu à cette époque-là reste le modèle décoratif
caractéristique d’une veste masculine appelée kabbut (caban). Ce dernier est
agrémenté de rosaces. Les Algéroises relèvent ce motif circulaire sur le caban
pour ses décorations brodées au fil d’or. A cette époque, le velours est
indissociable de la veste de cérémonie algéroise, car moins coûteux que le
brocart et il résiste mieux sur le textile européen. Ainsi, le caraco des années
1930 du XXe siècle « associe un buste dont la coupe est inspirée de la casaque
à basques européenne à des manches issues de la ghlila djabadouli algéroise et
une ornementation inspirée de celle des cabans masculins ». Cent ans après la
conquête d’Alger, la veste de cérémonie a subi des transformations. Elle est de
moins en moins répandue mais perdure tout de même. Le caraco de cérémonie
devient une pièce rare, et vers le milieu du XXe siècle, les décorations circulaires
brodées sont troquées contre de simples broderies avec de petites boutons
lignés sur la devanture. Cependant, le caraco conserve sa forme cintrée qui
s’évase à partir de la taille. On assiste durant ces années-là, à l’apparition d’un
modèle droit et court, nécessitant moins de velours. Il s’agit d’un boléro sans
manches qui remplace parfois le caraco. Entre le XIXe siècle et le milieu du XXe
siècle, la société algéroise a subi des mutations profondes. Le costume algérois
a, lui aussi, subi des métamorphoses. Le caraco, descendant du costume ouvert,
fait de brèves apparitions durant la guerre de Libération nationale. Après
l’indépendance, l’amélioration du niveau de vie de la population s’accompagne
d’un renouveau du caraco algérois. Des variations de formes s’opèrent,
présentant ainsi des manches courtes, des décolletés divers, des décorations
aux motifs de fleurs, de papillons et d’oiseaux ainsi que de paillettes et de petites
perles de couleur claire. Les débuts des années quatre-vingt sont ponctués d’un
modèle de caraco printanier, plus classique et plus imposant. Le caraco retrouve
sa coupe originale, cintrée, évasée à partir de la taille et aux manches longues.
Les broderies, réalisées à la technique de fetla ou de medjboud, sont axées sur
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des motifs végétaux. Des spécialistes reconnaissent aujourd’hui que la qualité de
certaines broderies faites à la main a toutefois perdu de sa finesse et la précision
des ancêtres des siècles précédents. En effet, plus que Tlemcen ou Constantine,
Alger a enregistré la disparition partielle de son artisanat local durant la période
coloniale, ajouter à cela la qualité des velours et des fils dorés ou argentés.
Incontestablement, l’Algérie conserve son costume traditionnel bien qu’il soit
enrichi d’un certain nombre d’éléments nouveaux. Il est aujourd’hui réservé pour
les grandes occasions.
Nassima Chabani. El Watan, 17 Fev 2005



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