Les activités de la pêche occupent une
place importante dans la wilaya de Tlemcen, compte tenu de leur participation à
la création d'emplois et de richesses. Ces activités, économiquement et
socialement ancrées à la vie sur le littoral, recèlent d'innombrables atouts et
sont fortement appréciées chez ses habitants.
Le marché de gros de poisson de Ghazaouet
joue un rôle important, non seulement dans l'économie locale, mis aussi dans
l'approvisionnement du marché national en poissons, crustacés et céphalopodes
de qualité. Les expéditions sous le label de Ghazaouet sont quotidiennement
effectuées vers Alger, Oran, Sétif, Constantine, Béchar, Tizi Ouzou, Sidi Bel
Abbès, Saïda, Tiaret… et vers l'Europe. Le négoce informel s'occupe même des
livraisons du poulpe et pièces nobles vers le Maroc.
La matinée de mercredi passé, tout devait
se jouer pour les marins pêcheurs de Ghazaouet. Le nouveau gestionnaire de la
pêcherie, l'Entreprise de gestion des ports de pêche, devait recevoir une
vingtaine de professionnels membres de la Chambre de pêche et d'aquaculture
pour arrêter les nouveaux tarifs liés à l'exploitation des espaces au niveau de
la halle à marée.Vu le système d'association particulier utilisé dans la région,
qui lie les différents groupes professionnels en matière de partage des
recettes et des charges, toute la corporation, donc toute la population, se
trouvait par conséquent concernée devant une situation nouvelle.
Les pêcheurs, et pour beaucoup d'entre eux,
craignaient les conséquences des ponctions qu'aura à effectuer le nouveau
gestionnaire sur le budget de leurs familles. «Les enfants de Ghazaouet sont,
de tradition, des pêcheurs. Ils tiennent à la mer comme on tient à sa propre
mère. Ils tiennent à préserver leur métier contre vents et marées»,
murmurait-on ces derniers jours dans les cafés de la ville pour réprimer sa
colère.
La détresse est plus que tangible dans les
propos des pêcheurs: «On est soumis au rôle, aux droits d'accostage, au plan
d'eau, aux impôts sur le chiffre d'affaires et l'IRG. Il y a aussi les taxes de
la radio VHF et du domaine qu'il faut payer pour le permis de pêche. Les taxes
relatives à l'achat de pièces de rechange. En plus, il y a le mazout, les frais
d'entretien et de carénage… La profession croule sous ces lourdes charges.
Multiplier d'un seul coup par 4 la taxe sur les volumes débarqués avec les
rendements que nous réalisons et les intempéries de plus en plus fréquentes ces
derniers temps…». Et d'enchaîner sur le même ton: «Pour y faire face, la
solution aurait été de mettre le poisson sur le marché avec un prix plus élevé,
avec l'amertume pour le consommateur, ou s'adonner à l'illicite, au pillage
dans les zones interdites et à la pêche aux engins interdits».
Coupant court aux rumeurs véhiculées ça et
là, auxquelles ils se seraient habitués, disent les responsables de la chambre
de pêche locale, ces derniers réunissent les représentants des pêcheurs,
armateurs, mandataires et ramendeurs pour examiner la situation. Ils prennent
les doléances auprès de tous les intervenants, se concertent et se mettent
d'accord pour entamer les négociations avec le nouveau gestionnaire de la
pêcherie, non sans avoir identifié les lignes minima qui ne devraient pas être
franchies.
Aussi et d'après les échos reçus auprès de
mandataires sur le déroulement des négociations auxquelles ils ont participé,
l'entame des discussions aurait été très difficile. Se cramponnant chacune à sa
position, les deux parties ne voulaient pas lâcher prise. Par moment, le doute
s'installa: ni les représentants de la chambre de pêche, ni ceux de l'EGPP
n'acceptent de faire la moindre concession. Pour cause, l'écart est important
entre les tarifs présentés par le gestionnaire du port et ceux proposés par les
représentants de la corporation. L'EGPP voudrait taxer la vente au gros du
poisson de premier choix à 200 dinars la caisse, ceux de deuxième catégorie à
120 dinars et le bleu à 60 dinars.
La
chambre de pêche propose 30 dinars/caisse pour la première catégorie, 15 dinars
la deuxième catégorie et 07,50 dinar le poisson bleu. L'EGPP voudrait également
soumettre l'exploitation des espaces au sein de la pêcherie à 20.000 dinars par
mois par mandataire. Sûre des démarches qu'elle entreprend, l'EGPP expose
l'ensemble des textes règlementaires en relation avec la gestion des halles à
marées. Forte du soutien de l'ensemble des professionnels, la chambre réplique
par la présentation de toute une batterie d'arguments basés sur les
spécificités des métiers de la pêche et du commerce au gros des ressources
halieutiques au niveau du port de Ghazaouet.
Les
mêmes explications revenaient chaque fois. Les professionnels ne se lassaient
pas de réitérer leur thèse, ne cessant de rappeler la vision de la corporation,
lorsque les représentants de l'EGPP décident de lâcher du mou. Ces derniers
acceptent de baisser la redevance mensuelle fixe du mandataire à 5.000 dinars.
C'était le premier pas. Le premier pas nécessaire au rapprochement des points
de vue. Enfin une lueur ! Affichant sa volonté d'en finir avec ce problème et
en réponse au premier pas fait par l'EGPP, les représentants de la chambre de
pêche acceptent de revoir à la hausse leurs propositions liées aux opérations
de vente au gros. Aussi, elles ont été fixées autour d'un gâteau offert en
cadeau d'anniversaire au doyen des négociateurs, M. Abdi Mohammed; armateur de
pêche et président de l'association des chalutiers El-Wiam, à 60 dinars/caisse
pour le poisson de première catégorie, 30 dinars celui de deuxième catégorie et
15 dinars pour la troisième catégorie.
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Posté Le : 13/07/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Belbachir Djelloul
Source : www.lequotidien-oran.com