La section de Tlemcen de la fondation
«Emir-Abdelkader», présidée par Mme Nouria Rostane, a organisé le samedi
dernier une journée commémorative au sein de la salle de conférences de l'EGP
de Ghazaouet à l'occasion du 167ème anniversaire de la hidjra (exil) de l'Emir
Abdelkader (25 décembre 1847). Dans sa communication étayée par des documents
d'archives intitulée «Départ vers l'Exil de l'Emir Abdelkader», M. Chemil
Boutaleb, président de la section d'Oran, remettra les pendules à l'heure à
propos de la thèse de la reddition en brandissant d'emblée un fac-similé de la
lettre portant le sceau de l'Emir adressée par ce dernier au général
Lamoricière (une archive précieuse provenant du centre de Chinon). La teneur de
la fameuse correspondance se résumait en quatre exigences en vue d'une
armistice, à savoir son «exil» vers Akka (Saint-Jean d'Arc) ou Alexandrie, la
jouissance de ses biens, la liberté pour ses compagnons d'armes et le sort de
Bouhmidi (son lieutenant emprisonné alors à Fès). L'orateur soulignera dans ce
contexte que trois options se présentaient à l'Emir à partir du Maroc : se
diriger vers le Sahara (avec sa deïra affaiblie), affronter l'ennemi avec ses
12.000 hommes (un choix jugé suicidaire contre 126.000 soldats français) ou
négocier avec l'aval de son madjlis choura l'arrêt des hostilités, soit la fin
de la guerre. Une guerre sainte marquée par 17 ans de résistance qui verra
l'éclatement de 116 batailles impliquant 142 généraux français, 16 ministres de
la Guerre et 5 princes présidents. Quant à l'intervention (improvisée), M.
Mohammed Negadi, universitaire (UABT) qui suppléera à l'absence du Dr Ali
Hikmet Sari (qui devait parler de la mystique de l'exil par rapport à l'Emir
Abdelkader), elle sera justement axée sur la dernière option. Le clanisme
tribal (appel au djihad), la propagande militaire (affaire des Koulouglis) et
la politique de la terre brûlée (stratégie adoptée après la bataille de Sidi
Brahim) représentent les causes logiques ayant amené l'Emir à troquer son sabre
(djihad asghar) contre la plume (djihad akbar), selon cet historien qui soulignera
dans ce sens que l'Emir prit conscience des composantes de la puissance de
l'ennemi, d'une part, et de l'inexistence de soubassements culturels,
économiques et sociaux sur son territoire, d'autre part. Prenant la parole, le
Dr Abdelmadjid Mebarki, responsable du bureau de Ghazaouet, président de
séance, suggèrera à cette occasion l'organisation d'une journée en hommage aux
femmes des Ouled Ziri avec à leur tête l'héroïne El Afia Bent Sidi Kaddour. A
ce titre, Me Doubla (avocat) d'Oran fera remarquer que 10 femmes d'origine
étrangère (converties à l'Islam) accompagnaient l'Emir dans sa hidjra qui verra
le départ de quelque 80 personnes à bord du Soulon (Ghazaouet) puis l'Asmodée
(Mers El-Kebir). En guise d'animation, un montage poétique sera dédié à la mémoire
de l'Emir signé par M. Abdelaziz Hamza Cherif, vice-président au sein de la
section locale. Le débat qui s'ensuivra aura permis à l'assistance de poser
quelques questions se rapportant, entre autres, au traité de Tanger, à
l'écriture de l'Histoire (cinéma), l'enseignement (livre scolaire), le rôle du
Maroc, la thèse de la reddition… Au titre des recommandations, la présidente de
la section de Tlemcen insistera sur l'enseignement de l'épopée héroïque aux
enfants. A ce propos, ladite fondation devrait penser à la construction d'un
site web, d'autant que le public ciblé représente «une génération digitale». Un
hommage symbolique sera rendu à cette occasion au tandem Mebarki (Mustapha,
ancien commissaire) et Abdelmadjid (médecin) qui sont à l'origine du «déclic»
mémoriel au niveau de Ghazaouet. Auparavant, les participants seront invités à
visiter la maison des Armes (du Duc d'Aumale où l'Emir passa la dernière nuit)
qui fait actuellement l'objet de travaux de restauration au titre de
l'événement de 2011 et dont une dépendance sera destinée au futur musée (le
président de la section d'Oran promettra d'ores et déjà d'y contribuer avec une
vasque du tombeau des braves et d'autres archives). La banale stèle, érigée sur
la place éponyme où une «fatiha» sera prononcée pour la circonstance, devrait
être remplacée par une statue à la mesure de la stature de l'Emir Abdelkader,
sera-t-il suggéré. A noter la présence effective du chef de daïra et celle du
représentant de l'APC de Souahlia, outre la participation des sections d'Oran,
Aïn Témouchent, Saïda et Naâma alors que la mairie de Ghazaouet et la direction
de la culture (partenaire) brilleront par leur absence. Il convient de
mentionner que cette date historique est passée a priori inaperçue auprès de la
population d'Ad Fratres (le non événement sera relevé la veille même à
l'occasion de la prière du vendredi et à travers les artères de la ville
dépourvues de banderoles pourtant promises par l'APC). Par ailleurs, ladite
commémoration historique sera à l'honneur la veille (soit le vendredi dernier)
«extra muros» au sein de la khalwa de Cheïkh Senouci de Derb Beni Djemla
(Medress) sous la houlette de M. Mohammed Baghli qui en est à sa 824è séance.
Projection de documents archives (textes, photos), commentaire sémiologique et
esthétique d'un tableau de peinture (L'Asmodée) livré par deux artistes
plasticiens, en l'occurrence Krimo Belhrazem et Abdelaziz Hamza Cherif, seront
en autres au menu de cette cérémonie culturelle qui sera mise en ligne sur le
site web de la khalwa (en voie de construction).
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Posté Le : 27/12/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Allal Bekkaï
Source : www.lequotidien-oran.com