Algérie

Ghazaouet : La pêche dans le creux de la vague



À peine sortis du conflit qui les opposait à l'EGPP, concernant la taxe de péage sur les produits halieutiques, les armateurs se trouvent confrontés à un nouveau différend avec les services des impôts. Bien qu'au niveau de la chambre de Pêche et d'Aquaculture, les responsables affirment que la flottille devrait atteindre son rythme de croisière, dès cette semaine, les sardiniers seraient sur le point de déposer leurs bilans. « Si ce n'est pas le mauvais temps, c'est la pleine lune. Sinon, c'est les méduses ou la rareté du poisson. Les frais d'exploitation, taxes et impôts faisant le reste' », argumentent-ils. Des marins, rencontrés au port, se sont montrés inquiets, « Ce bateau que vous voyez », désignant leur barque, « navigue depuis plus de 35 ans ; il emploie vingt deux marins, tous des pères de familles ! » Ils montrent à qui veut la voir une notification émanant des services des impôts. Et d'ajouter : « Si on avait cette somme, on ne voit pas pourquoi on continuerait à pêcher alors qu'on pourrait mettre sur pied des commerces qui nous garantiraient une vie aisée ».L'inspection locale des impôts vient de notifier, à l'ensemble des propriétaires des bateaux, les montants dus en matière de taxes liées aux activités professionnelles depuis l'année 2006. Et c'est à peine sortis de difficiles pourparlers, menés au début du mois précédent avec l'entreprise portuaire, en relation avec les taux de prélèvements sur les ventes brutes de poisson, que les représentants des pêcheurs se retrouvent, une fois encore, sur un fond de contestation général, face à de nouvelles tractations avec les services des impôts. Pour quelle raison la productivité a-t-elle tant baissé dans une région jadis célèbre pour ses sardine, merlan, rouget et surtout ses anchois ' D'ailleurs, les anchois salés, un mets très prisé par les Ghazaouetis, notamment en ce mois de carême, est de plus en plus rare.« Méthodes illicites »« Quand on ne respecte pas les zones de pêche, les mailles des filets et la période du repos biologique, on ne donne pas le temps aux poissons de se reproduire ; c'est ce qui mène à l'anéantissement de la faune halieutique », expliqueront certains patrons de pêche consciencieux. « Il y a aussi la pêche abusive », dit un vieux loup de mer, se donnant tous les soirs, depuis son départ en retraite obligé, à la pêche à la ligne à même le port, pour arrondir ses fins de mois. Rappelant les années 80, il affirmera « qu'à cette période, à Ghazaouet, le poisson mourrait de vieillesse. Maintenant, ce n'est plus le cas. Le poisson se sauve ailleurs.Avec la pêche aux méthodes illicites, on a détruit son nid ». Le vieux retraité est formel, « ce ne sont pas les vrais pêcheurs qui s'adonnent à de tels agissements. Ils sont conscients que, même si ça rapporte énormément aujourd'hui, demain sera un désastre pour l'activité de la pêche ». Toutefois, notre interlocuteur manifeste un certain optimisme expliquant la faiblesse de la production actuelle par deux facteurs, le mauvais temps et la phase de pré-Ramadhan durant laquelle les équipages passent aux travaux de révision, d'entretien, de carénage et de toilettage annuels des bateaux et des équipements.


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