Deux jours après
l'horrible drame et les émeutes qui ont secoué la ville de Ghazaouet, les
langues se délient et des vidéos des évènements sont échangés. Tout ou presque
a été filmé et les habitants sont aux commentaires.
Certains n'ont pas cette impression d'avoir
mal agi, même en ayant saccagé leur ville, bien au contraire. «Il fallait ces
émeutes, disent-ils, parce que les autorités locales et wilayales n'ont pas
pris nos doléances et nos appels, par voie de pétition et de presse, au
sérieux. Ils ont laissé les choses pourrir. Et nous n'avons que trop attendu.
Regardez l'oued : plus de 90 milliards y ont été injectés et les eaux
stagnantes ne font que monter. Qu'ont-ils fait au juste de ces 90 milliards ?
Qu'ils nous expliquent !».
Les services de sûreté et de daïra n'ont
voulu donner aucune information sur les arrestations et sur un « comité des
sages qui devait siéger avec, éventuellement, le wali, sinon la délégation
d'officiels qui a fait le déplacement de la wilaya pour assister à
l'enterrement des 16 victimes.
Le comité des sages devait se réunir dans la
maison de l'une des familles des victimes, mais sans les officiels, qui avaient
repris le chemin du retour juste après l'enterrement. «Il n'en est pas
question, dira l'un des membres du comité des sages. C'est avec les officiels
que nous devons nous entretenir, et non pas entre nous à la daïra, et notre
réunion sanctionnée par un PV. Nous, nous connaissons déjà la situation qui
prévaut à Ghazaouet. Les hallaba ont déjà fait 27 victimes depuis le début de
l'été, nous le savons. C'est à Tlemcen qu'ils ne savent rien. Pourquoi sont-ils
partis sans nous rencontrer ?». Pas de concertation entre sages donc.
C'est la Ligue des droits de l'homme qui
s'est réunie. Elle nous fera part par téléphone de différents cas de
dépassements, tel ce jeune mineur qui aurait été arrêté et tabassé. L'heure est
au bilan des dégâts, la brigade d'intervention est à féliciter pour avoir su
protéger le siège de la Sonelgaz. Elle aura, par ailleurs, interdit une marche
pacifique en solidarité avec les familles des victimes des «engins de la mort»,
de peur de dépassements, comme ceux de samedi où le siège de la sûreté de daïra
a été le premier à être attaqué. Il y a eu quelques petits heurts, mais très
vite le calme est revenu.
Mais les langues vont plus loin et certains
osent dire, donnant des noms même, que des personnes biens introduites, «des
personnes bien de chez nous», qui étaient présentes lors des manifestations,
possèdent des véhicules de type Mercedes ou des 10 tonnes qu'ils mettent à la
disposition des hallaba. Une chose est sûre, c'est que les hallaba ont déserté
les 3 stations-services de la daïra et au niveau desquelles la circulation est
constamment bloquée.
Mais ce que déplorent le plus les habitants,
c'est que les élus locaux ont brillé par leur absence. Certains nous disent
qu»ils auraient pu calmer la situation avant qu'il y ait eu débordement
puisqu'ils représentent le peuple. Déjà le maire a fait l'objet d'un retrait de
confiance de la part du conseil municipal. Et s'il est encore en place, c'est
parce qu'il a le soutien de l'administration».
Ghazaouet est encore sous le choc. Plus de
CNAS, plus d'annexe d'APC : la rentrée sociale se fera difficilement.
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Posté Le : 18/08/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : Belbachir Djelloul
Source : www.lequotidien-oran.com