Algérie

Ghazaouet



Le quotidien des pêcheurs Vêtus de bleu de Chine, coiffés de bonnets parsemés d?écailles, les marins pêcheurs, juste avant le coucher du soleil, se regroupent dans un café situé non loin de la pêcherie. Silencieux, les yeux enflés par le manque de sommeil, le regard vide, ils contemplent le déroulement majestueux de cette mer infinie qu?ils défient chaque nuit que Dieu fait, à la recherche de leur gain? Ils observent longuement le ciel pour s?assurer de la direction des vents, du temps qu?il fera ? ils ne se trompent que rarement, ce sont de véritables spécialistes en météorologie. Après cette pause café qui ne dure pratiquement qu?une vingtaine de minutes, « les bahria » regagnent leurs vestiaires pour mettre leur tenue de travail puis se dirigent vers leur embarcation. Là, ils attendent l?ordre du Rais pour prendre le large vers l?inconnu, un inconnu qui, parfois, leur réserve bien des surprises. Dans un bruit assourdissant, les sardiniers, l?un après l?autre, quittent le port. A bord de leur bateau, les marins pêcheurs se forment en groupes pour dîner. Le Rais à l?intérieur de la cabine, les yeux rivés sur le sondeur, détecte la présence des poissons. Concentrer les lumières Dès qu?un banc est localisé, le patron ordonne au lampiste de concentrer les lumières sur la zone de pêche. Quelques temps après, quand les poissons remontent à la surface et se rassemblent autour de la lumière, le Rais commande de lancer les filets. C?est le moment crucial de la nuit. Si la prise est bonne, une grande joie envahit le bateau. Dans le cas contraire, une irritation s?empare des bahria qui ne cessent alors de méditer sur leur sort. A l?aube, les sardiniers mettent le cap sur le port. A peine l?embarcation amarrée que les marins sautent sur la terre ferme et une chaîne s?improvise. Les caisses de poissons passent de main en main pour être disposées en piles soigneusement alignées, derrière lesquelles se place le vendeur à la criée. Les enchères se succèdent à un rythme infernal. Pour le profane, le langage est codé et les échanges quasi ésotériques « pour ces caisses de sardines ? », demande le crieur en parcourant du regard les visages calculateurs des mandataires disposés en arc, face à lui. Suite au prix lancé par l?un de ses vis-à-vis, il reprend « 150 » Un signe de tête d?un autre mandataire et il annonce 155, puis un clin d??il lui commande d?aller à 160. La cadence s?accélère, les enchères montent rapidement. Les mandataires cèdent l?un après l?autre et la prise échoit à celui qui a réussi à passer les fatidiques trois coups. La prise enlevée, une autre est mise de suite aux enchères et la criée reprend. Le carrousel dure ainsi jusqu?au petit matin.Les bahria, après avoir déchargé leur prise et vendu leur part de poissons appelée communément (galfa), destinée à la consommation, font une petite escale au café.


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