Algérie

Ghaza : Le Mondial entre drones et coupures d'électricité



Ghaza : Le Mondial entre drones et coupures d'électricité
Les Ghazaouis suivent assidûment le Mondial et leurs équipes préférées, dont l'Algérie. Sauf quand les drones brouillent les transmissions ou que les Israéliens coupent le courant' Quand on habite Ghaza, même regarder un match de foot jusqu'au bout n'est jamais gagné. Cela dépend en partie des drones (ezzannana), avions israéliens espions, qui ne quittent pratiquement jamais le ciel de la bande de Ghaza. Les autorités israéliennes se donnent un malin plaisir à brouiller la transmission aux moments des rencontres de la Coupe du monde, pour rappeler aux Palestiniens que même le plaisir d'assister à un match de football est du ressort de leur bonne volonté. A Ghaza, pour avoir la possibilité de vibrer aux sons des trompettes sud-africaines, il faut surmonter quelques handicaps et non des moindres. Bref, il ne faut surtout pas croire qu'il est aussi facile de suivre cette prestigieuse compétition à Ghaza comme partout ailleurs. Les privilégiés qui ont pu s'abonner aux canaux de la chaîne qatarie Al Jazeera Sport (qui détient le monopole de la diffusion de la Coupe du monde au Moyen-Orient) ou pour ceux qui suivent la compétition sur des chaînes de télévision locales, qui n'hésitent pas à pirater les match du Mondial doivent prendre leur mal en patience pendant les longues et fréquentes coupures d'électricité. Ceux qui n'ont pas les moyens de s'offrir un groupe électrogène ont deux choix : rester à la maison et rater le match, ou accourir vers un des cafés les plus proches, commerce florissant en cette période. Adel avec un groupe de quelques jeunes, assis sur le trottoir de l'une des rues du camp de réfugiés d'Al Shaty, regarde le café restaurant Eddira, distant de quelques centaines de mètres, alors que le match Chili-Honduras n'est pas encore terminé.Contrebande« L'électricité est coupée et nous sommes tous au chômage, nous n'avons pas la possibilité d'aller dans un café pour consommer, confie-t-il. Peut-être qu'on pourra assister à une partie du match de cette soirée sur la chaîne Enawrass ' » Cette télévision locale, qui émet de la ville d'El Khalil (en Cisjordanie occupée), fait partie des quatre ou cinq que l'on peut recevoir plus ou moins clairement à Ghaza, avec Al Aqsa TV, appartenant au Hamas. Selon le programme, la coupure d'aujourd'hui est prévue jusqu'à 22h. Le match de la soirée est diffusé à Ghaza à 21h30, heure locale. Le match en question oppose l'Afrique du Sud à l'Uruguay. Le Café Banniass, au quartier Ennasser, s'est préparé à l'avance pour l'événement. « J'ai mis le paquet pour satisfaire mes clients, assure Abou MHamad, le propriétaire des lieux. J'ai acheté une nouvelle télévision écran plat 52 pouces, la plus grande sur le marché. C'est un produit de contrebande ramené via les tunnels de Rafah. Son prix est le triple de son prix normal ! Le groupe électrogène est prêt en cas de coupure de courant électrique et pour le moment l'affluence est bonne. Au moment des matchs comme vous le voyez, la salle est presque comble, sinon les clients se font plutôt rares. Ce soir, tout le monde veut que l'Afrique du Sud gagne, au moins pour que Nelson Mandela soit heureux. Cet homme est très respecté ici. C'est un grand militant. » Le score final se soldera ainsi par 3 à 0 en faveur de l'Uruguay. Décevant pour les dizaines de spectateurs. « Je crois que les déceptions vont se répéter pour nous, relève Hassane, une jeune officier de l'ancienne autorité palestinienne, sans travail depuis le contrôle de la bande de Ghaza par le mouvement Hamas.NarguiléL'Algérie, notre représentant s'est fait battre par la Slovénie, la plus faible équipe du groupe, et les matchs contre l'Angleterre et les Etats-Unis s'annoncent plus difficiles encore. Mais on donnera tout pour qu'ils puissent les gagner. Les Anglais ont livré notre pays aux juifs et les Américains sont leurs meilleurs alliés aujourd'hui, alors que l'Algérie a toujours été de notre côté même durant les moments les plus durs. On garde un petit espoir, mais bien petit, il faut le dire' »Malgré tout ce qu'elle endure, la bande de Ghaza, cette petite parcelle de terre où la densité de population est la plus forte au monde, vit actuellement au rythme de la Coupe du monde de football. Comme par miracle, la sensation de vivre dans l'un des endroits les plus isolés de la planète, qu'on peut qualifier de prison, n'est plus aussi forte qu'avant le coup d'envoi. Les discussions à propos des événements politiques, de la réconciliation, du blocus, du dernier massacre commis en haute mer par les soldats israéliens contre de courageux hommes et femmes qui tentaient de briser l'embargo que leur impose l'occupant israélien depuis plus de 4 ans, du chômage, de la pauvreté et même de l'examen du bac qui a commencé le lendemain de la cérémonie d'ouverture ont, peu à peu, laissé la place à celles se rapportant de près ou de loin au Mondial. Il y a ceux qui jouent aux experts et rivalisent en pronostics.Sans voileCertains voient leurs équipes préférées au sommet, pendant que d'autres n'arrêtent pas de commenter telle ou telle belle action. Les jeunes et les moins jeunes s'intéressent au football et voient en la Coupe du monde un moyen d'oublier, même si ce n'est que de façon temporaire, les gros problèmes qui pèsent sur leur quotidien. « J'aime voir les matchs en compagnie de mes amis. On fume le narguilé et on oublie tout le temps d'un match. J'aimerais que la Coupe du monde dure plus longtemps ! Il n'y a pas de divertissements à Ghaza et la Coupe du monde vient combler un gros vide », note Sami, un jeune étudiant de 21 ans, qui s'apprêtait avec quelques amis à assister au match Uruguay-Afrique du Sud, dans l'un des nombreux cafés du quartier Ennasser, à l'ouest de la ville de Ghaza. Les femmes ghazaouies, aussi, ne résistent pas. En groupe ou en famille, nombreuses sont celles qui assistent aux matchs. En général, c'est en famille, à la maison, mais aussi dans certains cafés ou restaurants huppés, comme le Roots, Al Mathaf, le Light house, ou Eddira, des cafés restaurants célèbres implantés sur le littoral, pour celles faisant partie de la classe aisée. Dans ce genre d'endroits, avec ou sans voile, fumant ou non le narguilé, les femmes ne sont pas dérangées. En jean's, sans voile, très décontractée, Rola, une jeune fille de 18 ans, qui assistait au match Espagne-Suisse en compagnie de sa maman et des amies s'est confiée à El Watan Week-end : « J'aime le football, j'ai l'habitude de suivre le championnat espagnol et je connais tous les joueurs de l'équipe espagnole ! On vient au café Eddira, parce qu'on est tranquille et l'ambiance est très bonne. En plus, puisqu'il y a un groupe électrogène, on est sûr que le courant électrique ne sera pas coupé ! »


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