Algérie

Ghardous (Cherchell)



Le cri de détresse du postier Le jeune employé du bureau de poste du lointain douar de Ghardous, commune de Sidi Semiane, était bien habillé. Lors de notre passage dans cette partie perdue du territoire de la daïra de Cherchell, faussant compagnie au protocole officiel, nous nous sommes rapprochés de ce jeune employé de l?administration d?Algérie Poste. Un petit local qui compte juste un comptoir sur lequel se trouvent trois mandats. Le plafond est « décoré » de moustiques. Cet agent utilise « l?arrière-boutique » de ce bureau de poste dépourvu de téléphone pour passer les nuits. Pour se rendre à l?agence postale de Cherchell, le jeune postier, qui exerce dans ces montagnes enclavées depuis trois années, doit emprunter une piste de quelques kilomètres pour rejoindre le douar de Tamloul avant de se retrouver à bord d?une camionnette, s?il a de la chance, vers Menaceur et prendre, par la suite, le Karsan pour se diriger vers Cherchell. Un tour du... monde à faire pour arriver à la principale poste de Cherchell, qui doit lui remettre quelques lettres et les mandats appartenant aux familles rurales qui demeurent perchées au milieu de ce difficile univers. Quand il neige, il survit à l?isolement sans moyen. « Combien avez-vous d?argent dans votre caisse ? », lui demande-t-on. « Tout juste la somme de ces mandats, mais je me refuse de vous divulguer le montant, car cela fait partie du secret professionnel », nous répond-il. Après un moment de discussion, le jeune postier nous explique qu?il passe ses nuits dans le bureau, et doit effectuer deux navettes par semaine pour aller à Cherchell. « Depuis que je travaille ici, je n?ai pas croisé de terroristes. La vie est très difficile à Ghardous », avoue-t-il. « Très rares sont les personnes qui passent de ce côté », reconnaît-il. Il n?y a pas d?eau à Ghardous et il fait excessivement chaud. « Je vous jure qu?en ce moment, je n?ai même pas une goutte d?eau à boire », dira-t-il. Après lui avoir remis une bouteille d?eau, il nous demande encore si le directeur des P et T de la wilaya de Tipaza se trouve parmi la délégation qui a rendu visite à un établissement scolaire. Nous avons rejoint le directeur pour l?informer qu?un jeune postier le demande. Le responsable s?est rendu immédiatement chez le représentant de son secteur pour enregistrer ses doléances. Inutile de demander au jeune postier comment il se nourrit, comment il passe ses moments libres, et quand vient la nuit, n?a-t-il pas peur de cet isolement ? Pourquoi accepte-t-il de travailler dans ces conditions pénibles ? « Où vais-je trouver du travail ? », nous rétorque-t-il. En dépit de toute l?hostilité de cet environnement, le jeune postier, au service des familles algériennes qui vivent dans ces zones déshéritées, résiste et lutte contre ce quotidien farouche. Même son cri ne peut pas contourner toute cette haute chaîne de montagnes.


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