Une marée humaine d'origine subsaharienne s'est installée dans la capitale du M'Zab, squattant les lieux publics et créant ses propres bidonvilles. L'image sociale et urbanistique de la vallée du M'Zab est menacée par l'intrusion, voire l'émergence d'une nouvelle forme d'habitat précaire qui pousse dans les coins et recoins de la ville.
Ce phénomène prend de l'ampleur et se caractérise par une ghettoïsation des quartiers, où des taudis et des baraques fabriqués à la va-vite avec des branchages, du carton, du zinc et des parpaings couverts de bâches font désormais partie du paysage. L'exemple le plus édifiant est celui de Chaâbet El Hamra, à environ de 15 km à l'ouest de chef-lieu de la wilaya à forte concentration subsaharienne ou toutes les nationalités sont présentes, notamment des Maliens, des Nigériens, des Tchadiens, etc. Autant de personnes qui ne cessent de nourrir cette clochardisation imposée aux habitants de la wilaya par une population autochtone. Ainsi, de nouveaux ghettos ont été implantés à proximité de la station d'essence principale située à quelques pas du commissariat central et du grand hôtel El Djanoub censé accueillir les officiels au c'ur de ville de Ghardaïa.
Ces nouveaux bidonvilles sont habités par une couche sociale des plus dépourvues, majoritairement des gens venus de l'extrême Sud, en l'occurrence de Tamanrasset et d'Illizi, des Touareg à la recherche d'emploi. «On est venus en quête de travail, il faut bien nourrir nos familles, car chez nous la vie est à l'arrêt», déclare amèrement un quadragénaire rencontré près de son habitat de fortune. Ces nouveaux débarqués déplorent une situation économique très difficile qui les a poussés en dehors de leur région d'origine en famille ou en solitaires. Et pour mieux connaître cette nouvelle catégorie de damnés, dont l'existence semble insoupçonnée chez les Ghardaouis, une simple visite nous a conduits dans ces lieux d'oubli et d'exclusion où les gens vivent dans des conditions dignes de l'homme primitif dans des refuges où ils cohabitent avec tous types de rongeurs et d'arachnides, mais aussi des serpents et des vipères. Un flux de familles subsahariennes, notamment des femmes et des bambins est observé ces derniers jours dans les rues de Ghardaïa, surtout à l'intérieur de la gare routière principale où ils élisent domicile pour la nuit. Dès les premiers rayons de soleil, cette masse humaine se déverse dans les coins de la ville en tendant leurs mains aux riveraines et dont le seul mot arabe prononcé est «Sadaka» qui signifie aumônes.
Ce mot, commun aux mendiants algériens et subsahariens concentrés au centre névralgique de Ghardaïa, témoigne d'une mutation profonde de la société locale rongée par une paupérisation qui ne cesse d'interpeller les consciences. Inconscientes, voire impuissantes, les autorités locales devront prendre des mesures adéquates afin de freiner ce phénomène par une vraie stratégie d'insertion sociale et une solution au flux migratoire subsaharien qui ne se contente plus du passage forcé par le Sud vers les villes du nord du pays et semble s'installer pour une longue période alors que la wilaya n'y est pas préparée.
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Posté Le : 11/01/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Farid Azzoug
Source : www.elwatan.com