Ghardaïa, c'est d'abord toute une histoire
qui retient l'attention de tous ces visiteurs, même à travers une simple
monographie. A Ghardaïa, c'est aussi la religion qui s'impose comme une des
dominantes de la culture. Les bonnes moeurs valent mieux que la science, le
bien commun passe avant le bien individuel», tel est l'emblème du M»zab. A
Ghardaïa, c'est aussi cette abondance de ses beaux sites touristiques qui en
sont une manifestation, à l'image de cette célèbre place du marché ancestrale,
qui est tout d'abord, un lieu de rencontres et un centre même de toute activité
du M'zab. C'est un vaste rectangle qu'entourent des magasins et maisons à
arcades, aux fenêtres étroites et fort discrètes, ce qui permet de voir sans
qu'un regard indiscret ne puisse pénétrer dans l'intimité de la vie mosabite.
Un spectacle que les siècles n'ont encore pu modifier. Au milieu de cette place
du marché, se trouve cette «Haouita», c'est la réunion de vingt-cinq grosses
pierres incrustées dans le sol, en forme de croissant. Les membres de la
«Halkate El-Azzabas» les notables élus par la mosquée s'esseyaient jadis à
l'intérieur, afin de réguler les transactions commerciales venues de
l'extérieur et ordonner la vente aux enchères à la criée. S'appuyant sur ces
pierres qui ont aussi une valeur inspiratrice d'être présentatrices des
fractions du M»zab et la valeur significative de ses chefs réputés parmi
lesquels, nul délibérant n'osera être de mauvaise foi. Aujourd'hui, au grand
dam des citoyens du M'zab, l'endroit ne sert plus aux réunions des notables, le
marché informel l'a totalement envahi. Heureusement que les grosses pierres
sont toujours là, et ont conservé leur symbolique importance : on les respecte,
pour qu'elles ne disparaissent pas. Cette «Haouita» était, en quelque sorte, le
symbole de la hiérarchie mozabite, un espace de réunions officielles en plein
air, pour l'administration de la ville. Cette place du marché était calme, elle
servait de lieu de rencontres, de distractions et de fêtes folkloriques et de
fantasias. Un espace saint, où contrairement à ce qui se produit en ce moment,
avec l'envahissement de tous types de commerces informels, du sordide
bric-à-brac du trabendos, friperie, vaisselle, l'électronique en passant par
les portables qui se mêlent aux truffes !!! Jadis, seuls les produits
artisanaux se monnayent à travers des ventes aux enchères à la criée apprêtée
en chaque début de matinée, par un notable dûment désigné par la mosquée.
Cependant, vu la mauvaise situation de cette célèbre place du marché, qui
résulte de son utilisation incompatible avec son statut original, les autorités
locales, en collaboration avec l'office de protection et de promotion de la
vallée du M'zab et la direction de la Culture, ont pourtant bien réhabilité
récemment cette place du marché, classée comme patrimoine de l'UNESCO, depuis
1982, en voulant lui redonner son prestige d'autant, lui restituer sa célébrité
et sa vocation primitive de ventes traditionnelles conformes à son statut, à
savoir l'exclusivité de la vente aux enchères des produits artisanaux, ainsi
que sa vraie notoriété qu'elle avait perdue depuis quelque temps à cause de
certains individus venus intentionnellement altérer cette éventaire de la
capitale. Cet état de fait souligne davantage les carences dues à la mauvaise
gestion de la ville et plus particulièrement de sa place du marché immémoriale.
Espérons que César retrouvera son bien et que la place du marché de Ghardaïa
retrouvera, à son tour, sa vraie notoriété et sa souveraineté. Une occasion
perceptible pour que les touristes de la prochaine trêve scolaire, qui
découvriront, pour la première fois cette place du marché millénaire, ne soient
surtout pas déçus.
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Posté Le : 21/03/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : Aïssa Hadj Daoud
Source : www.lequotidien-oran.com