Algérie

Ghardaïa, la violence en permanence



Ghardaïa, la violence en permanence
La crise dans la vallée du M'zab a été l'une des séquences tragiques de l'Algérie de 2014.Plongée dans une violence inextricable aux raisons multiples, Ghardaïa ? un havre de paix et de prospérité ? est propulsée dans une spirale d'affrontements opposant ibadites et malékites avec son lot de morts, de blessés et de destructions de biens. Le conflit qui dure depuis des années a pris, dès le début de l'année 2014, une tournure dangereuse. Un Belfast s'installe à la porte du désert algérien. Souvent présenté sous le schisme communautaire ou confessionnel, le conflit est en réalité une accumulation de problèmes politiques, économiques et sociaux aggravés par une gestion locale maffieuse.La vallée se trouve sur la route de la drogue, dont l'organisation sociale des Mozabites gêne les narcotrafiquants. La prolifération du mouvement salafiste radical est venue envenimer une situation déjà explosive. La dimension identitaire, même si elle est réelle, est sciemment mise en avant pour dissimuler la complexité de la crise, mais surtout masquer la faillite des autorités politiques centrales dans le règlement du conflit. Le Premier ministre, son ministre de l'Intérieur et d'autres responsables politiques se sont rendus dans la vallée et se sont cassé les dents en raison de leurs refus d'admettre la dimension politique de la crise, mais aussi de leur incapacité à cerner le conflit dans sa complexité et sa globalité. Incapable d'apporter des réponses politiques sérieuses et convaincantes, le gouvernement, comme à l'accoutumée, a envoyé des contingents de police et de gendarmerie.C'est dans l'ADN de la classe dirigeante : à des problèmes politiques, elle oppose des réponses sécuritaires. Les dissensions entre le ministre de l'Intérieur, Tayeb Belaïz, et le patron de la DGSN, Abdelghani Hamel, apparaissent au grand jour. Ce dernier avait même refusé d'accompagner son ministre de tutelle à Ghardaïa. Les habitants de Ghardaïa refusent d'être otages des luttes au sommet du pouvoir et que l'on règle les différends politiques par populations interposées. Rien à faire, les autorités sont devenues autistes. Mais l'enlisement du conflit allait déboucher sur une crise inattendue mais prévisible. Vers la fin de l'année, ce sont les forces de l'ordre stationnées pendant des mois à Ghardaïa qui se mettent en colère contre le chef de la police, exigeant son départ, mais également contre une gestion calamiteuse d'un conflit qui dure. En somme, la crise de Ghardaïa présente les symptômes d'une conflagration nationale. C'est l'Algérie en devenir.




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