Algérie

Ghardaïa: Chronique d'une journée «ordinaire»



Durant le mois de ramadhan, le désÅ“uvrement est vraisemblablement difficile à gérer. Le temps paraît subitement plus long que d'habitude, et les heures s'égrènent trop lentement, surtout pour certains jeunes et moins jeunes inactifs épris de la cigarette. A Ghardaïa, certains passent leur journée de jeûne à sillonner les rues de la ville, risquant de temps à autre un coup d'Å“il curieux vers certains étalages à l'odeur enivrante. Ils sont partout, rue Ibn Rostom, rue Cheikh El-Haouès, au marché de fruits et légumes…

Ainsi, en plus des citoyens pressés de faire leurs courses, les mendiants habituels, des sans-abri… guettent l'ouverture des portes du « resto du cÅ“ur » pour être les premiers servis, car cette année, faute d'argent, tout le monde n'est pas servi en matière de repas. Malgré les bousculades, les insultes par moments et les coups qui fusent parfois au moment le plus inattendu pour un rien, les étalages qui grignotent une bonne partie de la rue, ces personnes ne désarment pas pour «tuer le temps» coûte que coûte. Forcément, la ville prend les allures d'une grande fourmilière, et ce surtout en début d'après-midi, où les gens avancent en jouant des coudes.

Les différents commerces sont pris d'assaut et ne désemplissent pas. Ce n'est pas en fait le fait du hasard si la concentration humaine monte crescendo deux ou trois heures seulement avant le f'tour. C'est «délibéré», car «les tueurs de temps» attendent toujours les toutes dernières minutes pour regagner leurs domiciles respectifs, à défaut d'une réelle occupation qui leur ferait a priori oublier leur estomac affamé ou le manque de la cigarette.

La plupart des Ghardaouis rentrent chez eux dès 13 heures, provoquant une ruée indescriptible vers les bus et les taxis, des bousculades, des querelles qui parfois dégénèrent au beau milieu de la rue, et des embouteillages. Restent donc les « retardataires » au retard volontaire, calculé afin d'arriver juste avec la rupture du jeûne. Un moment souvent fatidique pour ces « tueurs de temps », d'autant que de nombreux accidents, qu'on dit graves, ont lieu justement peu avant le f'tour, après une journée de flânerie, de courses à rallonge et une course contre le temps. Ces personnes rentrent en trombe chez eux, appuyant à fond sur l'accélérateur et n'admettant surtout aucun obstacle sur leur chemin. Un scénario qui se répète tout le mois durant, du moins quand rien de fâcheux n'entrave cette démarche quotidienne.




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