Algérie

Ghardaïa



Ghardaïa
Après une accalmie qui n'a duré que quelques jours, la ville de Ghardaïa renoue une nouvelle fois avec les troubles qui ont fait hier un mort et plusieurs blessés.Ghardaïa.De notre correspondant Il a suffi du caillassage d'un bus ramenant des manifestants chez eux, à Dahya Ben Dahoua, pour que la situation s'envenime de nouveau. C'est à Touzzouz, périmètre agricole mozabite et passage obligé vers Dahya Ben Dahoua, que l'incident s'est déroulé.Treize personnes ont été blessées par des jets de pierres ; elles n'ont dû leur salut qu'au téléphone mobile et à leurs proches arrivés en trombe par dizaines de véhicules du quartier arabe de Aïn Lebeau, où des jeunes ont dressé un barrage filtrant dans lequel deux victimes mozabites sont tombées. Un véhicule Citroën et une moto ont été incendiés et leurs propriétaires roués de coups. Puis la violence a gagné les quartiers un par un. Les forces de l'ordre ont été rapidement dépassées par les événements et surtout par la configuration des terrains, très escarpés. Le pic de violence a été atteint au quartier Mermed où, semble-t-il, c'est le sempiternel problème du muret du cimetière mozabite qui a encore une fois réveillé les vieux démons.De graves affrontements se sont produits aux alentours ; une dizaine d'habitations arabes ont été incendiés par des Mozabites qui ont dévalé les collines avec des cocktails Molotov. Des centaines de policiers ont été déployés sur les lieux très difficiles d'accès, ils ont péniblement escaladé quelques collines pour se positionner et tirer des grenades lacrymogènes pour disperser les antagonistes. En vain. Ceux-ci se déplaçaient alors de quelques dizaines de mètres pour continuer le combat. Entre-temps, une trentaine de familles arabes, dont quelques-unes ont vu leurs domiciles incendiés, ont escaladé une crête où elles se sont réfugiées toute la nuit malgré une température glaciale. Mais le pire était à venir? Hier, les affrontements ont été d'une intensité incroyable, entraînant plusieurs quartiers dans la spirale de la violence. Les quartiers de Mermed, Salem Ouaïssa, Bougdema, El Karia (dans la commune de Bounoura) et Beni Izguen ont été aspirés dans un tourbillon de violence inouïe. Un jeune Mozabite de 22 ans y a perdu la vie, un autre jeune est dans le coma et un troisième, gravement touché à l'?il par un bout de métal, a été évacué en urgence vers la clinique ophtalmologique cubaine de Ouargla.Il est à se demander comment, malgré les renforts de police et de gendarmerie ? plus de 5000 hommes pour les deux corps ? dépêchés de plusieurs wilayas du pays, les autorités n'arrivent pas à imposer le calme. «L'Etat est responsable de cette situation, c'est lui le garant de la sécurité des personnes et des biens. Il en a les moyens, il l'a démontré à Tiguentourine. Il faut que l'Etat reprenne son autorité sur la ville et sur les citoyens. La loi, seule la loi doit passer, la justice est la seule à même de punir tous les coupables, quels qu'ils soient et à quelque niveau qu'ils soient», lâche amèrement Mahieddine, un sociologue bien connu de la région.




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