Algérie

Ghardaïa



Ghardaïa
De graves incidents se sont encore produits à Ghardaïa, signe que la réconciliation intercommunautaire à laquelle Bouteflika avait appelé après les précédents affrontements dont la ville fut le théâtre est loin d'avoir eu lieu.La reprise des violences intercommunautaires est d'autant plus grave qu'elle est intervenue après la visite spéciale effectuée à Ghardaïa par le Premier ministre Abdelmalek Sellal dont il a été claironné qu'elle avait abouti à apaiser les esprits et répondu aux doléances ayant trait aux causes à l'origine des flambées qui ont embrasé la région. L'échec de l'intervention du Premier ministre nous avait paru inéluctable car en la préparant celui-ci ne s'était pas tourné vers les interlocuteurs adéquats mais vers des «notabilités» sans influence réelle et dont la représentativité est contestée par les protagonistes des affrontements intercommunautaires.Le retour aux affrontements intercommunautaires à Ghardaïa donne lieu à des interprétations et à des accusations qui sont graves en ce qu'elles donnent à comprendre. D'un côté, celui d'acteurs politiques ou sociaux locaux, l'on pointe la responsabilité des forces de sécurité et partant des autorités du pays dans la reprise de la confrontation intercommunautaire. De l'autre, celui de ces mêmes autorités, il est question de celle de «parties internes» qui viseraient à créer une situation favorable à leur agenda politique en ce moment préélectoral crucial.Les tenants de la thèse de la responsabilité des autorités revendiquent une commission d'enquête parlementaire pour lever le voile sur les tenants et les aboutissants de la crise qui a semé les germes de la division entre les habitants de la région. Le fait qu'il n'est pas donné suite à leur revendication les ancre bien entendu dans leur conviction. Les autorités, tenant pour la seconde, ne peuvent se cantonner à rejeter les accusations qui ont ciblé des services de sécurité censés agir en la circonstance avec un «laxisme» dans leur gestion des confrontations qui a été perçu par leurs détracteurs comme «preuve de complicité» avec un camp protagoniste des affrontements. Le ministre de l'Intérieur qui a incriminé des «parties internes» ne peut s'en tenir à une accusation aussi vague. Sachant qui sont ces «parties internes», il devrait les dénoncer plus précisément et faire connaître le but qu'elles poursuivent. A moins que ces «parties internes» ne soient des cercles du pouvoir auxquels il ne peut s'attaquer ouvertement.A la veille d'une élection présidentielle cruciale mais entourée d'incertitudes car divisant par l'enjeu le pouvoir algérien, les Algériens décryptent tout ce qui se produit dans le pays et surtout ce qui peut avoir un impact sur sa stabilité, à l'aune de man?uvres en lien avec cette échéance. Leur crainte est que ce qui se passe à Ghardaïa est l'amorce d'une confrontation qui préfigure un embrasement appelé à s'étendre à d'autres régions du pays pour créer une situation dans le pays qui permettrait d'occulter ce qu'ils attendent de l'élection présidentielle, à savoir qu'elle soit la première étape vers un changement non seulement du sérail dirigeant mais du système et du régime qui en est le gardien.




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