Algérie

Ghannouchi-Mechichi : la fin de la lune de miel '



De Tunis, Mohamed KettouInsatisfait du profil qu'a donné Mechichi à son gouvernement, le chef du parti islamiste, Rached Ghannouchi est monté, il y a quelques jours au créneau, insistant auprès de son «protégé» pour qu'il procède à un remaniement qui aurait, plutôt, un aspect politique.
Ghannouchi dont l'animosité à l'égard du président de la République n'est qu'un secret de Polichinelle, entend étendre ses pouvoirs en mettant, définitivement, la main sur un gouvernement qu'il manipulerait à sa guise. Pourtant, il avait réussi à attirer Mechichi vers son giron en lui assurant le soutien parlementaire, rien que pour s'opposer au chef de l'Etat. Mais, c'est mal connaître le chef islamiste. Ce dernier, après avoir réussi à infiltrer plusieurs services de l'administration, est toujours aux aguets. Maintenant, c'est au chef du cabinet de Mechichi qu'il dirige ses flèches. Le but est de déloger du palais de la Kasbah, un «énarque» qui n'obéit qu'à sa conscience pour y installer l'un de ses sbires en vue de ligoter, d'une manière irréversible, les mains du chef du gouvernement. Mieux ou pire encore, il cherche, à travers la formation d'un gouvernement «politique», à placer ses pions qui seront majoritaires, rien que pour étendre l'hégémonie du parti islamiste sur tous les rouages de l'Etat.
Pour ce faire, il a engagé des négociations préliminaires avec Mechichi qui, aux premières informations, semble réticent aux «injonctions» de celui qui se considère comme l'homme fort du pays. En effet, ces discussions auxquelles est associé le parti Qalb Tounes de Nabil Karoui, semblent vouées à l'échec et pourraient être les prémices d'un divorce entre les principales parties de la majorité parlementaire qu'incarne Ghannouchi et le chef du gouvernement, à la grande joie du président de la République. D'autant plus que toute dissension entre le président du Parlement et le chef du gouvernement est un pas supplémentaire vers un rapprochement de ce dernier avec le chef de l'Etat, qui vient de marquer des points grâce à ses interventions diplomatiques, pour permettre à la Tunisie d'obtenir le maximum de soutien international sur le plan sanitaire. Ce serait, alors, la fin de la lune de miel entre Mechichi et Ghannouchi et, donc, le prélude à une nouvelle configuration politique. Entre-temps, la situation générale dans le pays ne cesse de se dégrader au dépens d'une population aux abois. Une étude diligentée par une institution allemande, montre que 40% de la population du grand Tunis, soit un million de personnes, vivent sous «le seuil de la dignité», que devait leur assurer la «révolution» de janvier 2011 avec l'avènement de la deuxième République.
Outre un salaire minimum insuffisant, cette population est obligée de payer, à son grand dam, le surcoût de la dégradation des services publics, en particulier, le transport et la santé, censés lui être assurés par l'Etat. Les chiffres contenus dans cette étude, sont confortés par des estimations de la Centrale syndicale. Celle-ci considère que le salaire minimum doit être doublé pour espérer assurer la dignité du citoyen.
M. K.


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