«Ghabret el Fhama» au TRO

Kateb Yacine au goût du jour La formation théâtrale professionnelle du Théâtre régional de Sidi Bel-Abbès était, mercredi soir, au Théâtre AEK Alloula pour présenter sa dernière production «Ghabret el Fhama», une pièce qui fait partie désormais du patrimoine universel. Deuxième création à l’actif du Théâ-tre régional de Sidi Bel Abbes, au cours de l’exercice 2007, la pièce, adaptée par Youcef Mila dans une version très originale et moderne de «La poudre d’intelligence» de Kateb Yacine, s’était illustrée lors de la dernière édition du Festival du théâtre professionnel à Alger en remportant le prix du meilleur texte théâtral. Le public oranais fort nombreux réagira favorablement à cette comédie satirique sur les rapports tendus entre pouvoir et intellectuels dans un royaume perverti à travers la guéguerre ubuesque que vont se livrer durant toute la pièce un roi caricatural, vieillard cupide et libidineux, admirablement interprété par le comédien Abdellah Djellab et le personnage central «Nuage de fumée» campé par Abdelkader Djeriou, auteur d’une époustouflante et remarquable prestation. La pièce, adaptée dans une langue arabe hybride, darija et littéraire, a réussi à préserver le souffle katébien et la gouaille du texte original. Dans une déclaration faite avant le spectacle, le directeur du Théâtre régional de Sidi Bel Abbes, Hassan Assous qui signe également la mise en scène de la pièce, soulignera qu’il «n’existe pas de problème de langue contrairement à ce que l’on veut obstinément nous faire croire, comme on a tenté de nous faire croire à une certaine période à un conflit de générations au théâtre, puis à une autre période à une pénurie de textes alors que le patrimoine universel est intarissable. L’important pour nous est de créer un langage de la scène qui puisse aisément passer la rampe et je pense que nous y avons réussi». Le public rira de tout son soûl aux gags grotesques provoqués par les escarmouches verbales que se livreront le roi et «Nuage de fumée». Il faut rendre hommage à Abderrahmane Zaboubi pour la scénographie qui intègre un décor mobile et très fonctionnel, à Slimane Habès pour les compositions chorégraphiques qui ont apporté une touche moderne à la pièce, à Omar Assou pour sa musique qui s’est parfaitement adaptée aux gags et à l’ensemble des comédiens pour leur irréprochable production et qui auront donné à la pièce le cachet d’un spectacle complet et parfaitement élaboré.