Algérie

Gestion des déchets urbains de la wilaya de Constantine


Gestion des déchets urbains de la wilaya de Constantine

Le Centre d'Enfouissement Technique (CET) de Boughareb situé dans la commune de Benbadis, aménagé sur l'ancienne décharge intercommunale Benbadis et Ain Abid recevra les déchets urbains de Constantine, El Khroub, Ain S'mara, Ali Mendjeli, Massinissa, Ouled Rahmoun, Ain Abid et Benbadis.

Pour les autres communes telles Zighout Youcef, Didouche Mourad, Hamma Bouziane et Beni H'midène, il est prévu également un CET à Doghra, commune de Zighoud Youcef. Quant à Ibn Ziad et Messaoud Boudjeriou, elles auront une décharge commune.

Ce programme ambitieux et cohérent est à même d'améliorer la gestion des déchets ménagers de la wilaya de Constantine pourvu que ce dossier puisse faire l'objet d'une attention particulière de la part des autorités locales et nationales et l'implication effective des collectivités locales à qui incombent la mission de l'état de propreté de l'espace communal et de l'hygiène du milieu.

Depuis l'indépendance de l'Algérie, la gestion de ce dossier a été aléatoire et la situation s'est aggravée avec le développement économique tout azimut que connaît le pays (extension d'agglomérations, nouvelles villes, zones d'activités, consommation des ménages…).

Pour se rendre compte de la réalité, il n'y a qu'à voir à travers la wilaya l'état désastreux de certains de nos oueds, terres agricoles, forêts, milieux naturels… et les gênes et nuisances qu'elles engendrent sur la santé des populations, le développement local et le psychisme des citoyens accentué par le réchauffement de la planète et le dérèglement climatique, devenus effectifs dans le bassin méditerranéen durant ces dernières années.

Mêmes les décharges légales de la plupart des communes sont dans un piteux état causant de grands dégâts aux terres agricoles et les cours d'eau. Cas de la nouvelle décharge de Didouche Mourad qui constitue une grande plaie pour les terres agricoles du piémont de Djebel El Ouahch, causant donc des dommages écologiques et économiques à la collectivité et à la nation.

Même les opérations de nettoiement entreprises de temps à autre pour la suppression des décharges sauvages à travers la willaya sont mal exécutées. Au lieu de dépolluer les sites de leur déchet , il est utilisé le plus souvent des bulldozeurs et des rétrochargeurs pour le recouvrement et l'enfouissement de ces déversements illicites.

Cette façon de faire constitue des bombes à retardement de ces impacts non assainis puisque les polluants sont sous terre et leur nocivité maintenue intacte, avec des drames futurs qui seront souvent mal cernés sur leur origine (pollution pernicieuse) surtout pour le circuit de l'eau.

Aussi pour le site de Boughareb, il serait souhaitable de remettre en l'état les lieux pollués tels que l'axe routier Ain Abid-Benbadis, les terres agricoles, les terrains de parcours… avant l'inauguration du CET et de dressser un diagnostic sur la pollution des sols, les cours d'eau, les nappes phréatiques… et des mesures de redressement et de compensation à mettre en oeuvre pour assurer le bien être des populations locales.

A noter, la bonne reprise dans la gestion de la décharge contrôlée du 13éme km par l'APC de Constantine suite à sa fermeture momentanée et le transfert des déchets du chef lieu sur la décharge intercommunale de Benbadis, en attendant l'ouverture du CET. Seulement, il faut interdire l'entrée des animaux domestiques sur l'aire de la décharge et réglementer la fonction de récupèrateurs surtout pour les adolescents.

Les communes de Benbadis et d'Ain Abid ont des atouts touristiques qu'il ne faut pas négliger et hypothéquer avec une agriculture qu'il faut diversifier au vu des potentialités existantes et de PME et PMI utilisant les ressources locales sont à même de leur assurer un décollage économique.

Le CET doit s'intégrer dans cet ensemble sans une fausse note car les déchets sont devenus une matière première qu'ont doit gérer comme les autres gisements et ne doivent plus constituer une contrainte pour les Collectivités locales quant à leur élimination conformément aux normes de l'OMS et de la réglementaion nationale en perpétuelle évolution au vu de l'expérience étrangère dans ce domaine.

Le volume et le tonnage de déchets à traiter étant en nette augmentation d'où des mesures draconiennes doivent être prises par nos opérateurs économiques dans l'amélioration du processus de fabrication et de la mise en place de chaînes de récupération et de traitement des matières actuellement mises en décharges ou abandonnées dans la nature (emballages, déchets de fabrication, objets usagers…) pour une meilleure maîtrise de ce nouveau fléau de la société de consommation que nous sommes devenus.

Actuellement les matières récupérables sont les métaux ferreux et non ferreux, certaines variétés de plastique, quelques composants de batterie… mais reste d'autres matières nobles. On peut citer le papier, le carton, le verre, le pneumatique, les copeaux de bois … qui constituent la composante essentielle des décharges sauvages avec les gravats et terres issus des constructions et terrassements.

Ces derniers peuvent servir comme terre de recouvrement (CET) et la consolidation des routes de nos campagnes non goudronnées pour assurer leur praticabilité avec les gravats et déchets de maçonnerie divers.

Les huiles de vidange des véhicules et des machines industrielles sont aussi à récupérer pour préserver nos cours d'eau, sources, eaux de barrages …

Pour conclure l'Algérie, à l'instar des pays dits développés doit faire de grands efforts pour maîtriser son développement dans un contexte international de plus en plus difficile dans le domaine de l'eau, de l'alimentation, des énergies renouvelables, la santé…

Fait à Constantine le 15 novembre 2007

Par Karaali Abdelouahab